La digitalisation est devenue au cours de ces dernières années la nouvelle tendance. Elle touche toutes les industries et n’a pas épargné les métiers du transit et de la commission en transport. Le principe de cette digitalisation est avant tout de simplifier le métier du transit. « Hier, nous gagnions notre vie en vendant du kilo, demain nous la gagnerons avec du kilo-octet vendu », a souligné Joël Glusman, du groupe Crystal, lors de l’assemblée générale annuelle de TLF Overseas en juin. Appliquée aux métiers du transit international, maritime et aérien, cette digitalisation ne date pas d’aujourd’hui. L’environnement du transit a connu une intégration depuis plusieurs années avec les guichets uniques, les plates-formes portuaires, aéroportuaires, douanières, celles des transporteurs maritimes, aériens, terrestres. La digitalisation est une donnée du métier du transit depuis maintenant plusieurs années. La dématérialisation de certaines procédures est en route. Cette digitalisation permet aux clients d’être au cœur de la relation avec le transitaire par la transparence des dossiers qui seront partagés. Avec ce partage des données, les mesures correctives à apporter pour résoudre dans un temps court les aléas du transport seront raccourcies. Derrière cela intervient aussi une nouvelle dimension puisque le métier de transitaire se concentrera davantage sur la valeur ajoutée à apporter aux clients que sur les procédures.
Système prioritaire
Si, du côté des armateurs, cette digitalisation paraît encore lointaine, les transitaires – et le groupe Bolloré en première place – ont pris conscience de l’intérêt de ces échanges de données. Le groupe basé à Puteaux mène une stratégie en privilégiant la mise sur pied d’un système prioritaire. « Nous sommes inscrits dans cette démarche et investissons aujourd’hui dans le renouveau de notre système d’exploitation avec une approche identique », nous a confié un responsable du groupe Bolloré. Et pour répondre aux besoins des différents métiers de l’entreprise, le groupe a créé un nouveau Centre d’expertise mondial, basé dans ses locaux de Puteaux. Ce groupe intègre des ingénieurs, des data scientists et des développeurs expérimentés aux nouvelles technologies. Ces professionnels de l’informatique ont dû apprendre les différents métiers du transit avant de mettre les « mains dans le cambouis ». Ils développent une plate-forme technologique « agile et unique ». Et parce que le groupe Bolloré est aujourd’hui sur les cinq continents et « compte tenu des spécificités de service attendues par nos clients ainsi que les particularités des environnements dans lesquels nous opérons directement, plus de 105 pays, nous avons choisi de préserver notre savoir-faire multimétiers ».
Et pourquoi ne pas faire appel à des systèmes existants sur le marché? Il s’est avéré qu’après avoir regardé les outils existants, aucun n’était adaptable aux spécificités attendues par le groupe. En créant sa propre architecture informatique, le groupe Bolloré revendique une adaptation plus rapide aux nouvelles spécificités demandées par les clients.
Une veille sur les évolutions des métiers
Aujourd’hui, le groupe Bolloré a constitué son équipe avec 70 personnes qui travaillent en collaboration avec des experts métiers répartis sur la planète. Ils mènent une veille sur les évolutions des métiers. Toutes les procédures du métier de transitaire et de commissionnaire en transport ont été définies. Des premières solutions ont été intégrées et sont déployées sur les sites. « Ces solutions intègrent des algorithmes prédictifs développés avec nos équipes. Il s’agit d’une première étape qui nous permet de transformer progressivement les habitudes de nos opérateurs en leur apportant des outils performants d’aide à la décision », nous a précisé un responsable du groupe Bolloré. Quant aux étapes futures, les informaticiens y travaillent avec les experts métiers pour que toutes les opérations soient intégrées dans le futur.
La digitalisation peut faire craindre aux opérationnels de perdre un peu de leur métier au profit des informaticiens. Une approche que le groupe Bolloré réfute. « Nos informaticiens ont toujours été au service de nos opérationnels. L’évolution des technologies permet d’accueillir de nouvelles compétences qui s’intègrent chez Bolloré Logistics avec la même approche. » Pour le groupe français, l’avenir des métiers du transit et de la commission de transport est d’être connecté avec les partenaires du groupe et les clients. Les équipes informatiques devront donc rester attachées aux aspects opérationnels. Quant aux opérationnels, ils restent le cœur du métier. Ils sont toujours la relation avec le client et surtout l’expert qui connaît le terrain. « Tous les aléas du métier de transitaire demeureront. Ils seront plus que jamais indispensables et seront au centre de la relation de confiance avec nos clients.
70 personnes
C’est le nombre de personnes qui travaillent dans l’équipe mise en place par le groupe Bolloré sur la digitalisation des métiers du transit.
Ils travaillent en étroite collaboration avec des experts métiers qui mènent une veille technologique sur les évolutions des métiers.
TLF et Fiata œuvrent ensemble
Les 23 et 24 février, TLF Overseas a accueilli des experts du groupe de travail maritime de la Fiata (Fédération internationale des organisateurs de transport international) à Paris. La journée a démarré en tenant une commission maritime nationale au cours de laquelle les enjeux du transport maritime ont pu être exposés, mais aussi en présentant la feuille de route de TLF pour 2017. Au cours de l’après-midi, des débats se sont organisés sur la restructuration du secteur du transport maritime et les impacts sur la commission de transport avec un intervenant, Olaf Merk, économiste et administrateur à l’OCDE sur les ports et les transports. Après avoir expliqué les tendances du monde maritime actuel, Olaf Merk s’est interrogé sur les impacts de ces intégrations verticales et horizontales des armements. Les commissionnaires en transport restent confiants dans la capacité de leur profession à s’adapter à ce nouvel environnement. Un second débat sur la réforme des règles des avaries communes a été dirigé par François Denèfle, directeur du Cesam. Enfin, la mise en place d’une base de données neutre sur la tare des conteneurs a été présentée par Bertrand Geoffray, conseiller du président du Bureau international des conteneurs.