Selon les premières estimations publiées par le consultant néerlandais Dynamar, les 14 ports conteneurisés multimillionnaires dans le monde ont enregistré une progression de leur trafic de 1,8 % à 265 MEVP. Ils donnent une première estimation de l’état de ce secteur. En novembre, le consultant britannique Drewry a estimé que la croissance du volume manutentionné dans les ports s’établirait aux environs de 1 %.
Les opérateurs portuaires ont publié les premiers éléments de leurs volumes en 2016. Il apparaît que la croissance est au rendez-vous. Pour bon nombre d’entre eux, cette augmentation dépasse la croissance moyenne.
La croissance au rendez vous
Cosco Ports, filiale du groupe chinois Cosco, spécialisée dans la manutention portuaire, a vu son trafic progresser de 5,8 % à 95,07 MEVP. La plus forte progression est à mettre au crédit des terminaux à l’étranger. Le terminal du Pirée continue sa croissance avec une hausse de 14,4 % à 3,4 MEVP. Depuis la privatisation de ce terminal, Cosco a su donner un nouvel élan à ce port qui revient comme un des premiers en Méditerranée malgré la distance qu’il doit encore combler vis-à-vis de ports comme Algésiras, Tanger ou encore Barcelone. Le groupe chinois est présent en Belgique, à Anvers et Zeebrugge. Avec le report d’une partie du trafic de Zeebrugge vers Anvers, Cosco aurait dû voir ses trafics zeebrugeois se réduire. Or, l’inverse s’est produit. Les trafics du terminal d’Anvers (Antwerp Gateway) ont perdu 4,6 % à 1,9 MEVP quand celui de Zeebrugge voit son volume progresser de 2,4 % à 277 400 EVP. Si l’étranger pèse dans les volumes de Cosco, la majorité du trafic est réalisée en Chine. Au nord du pays, dans la Bohai Rim, les trafics ont augmenté de 4,5 % à 32,6 MEVP tirés par la bonne performance des terminaux de Dalian et Jinzhou. Les trafics des terminaux dans le delta du Yang Tsé et dans la Pearl River (au sud du pays) ont pour leur part enregistré une baisse de volume. Ningbo et Lianyungang affichent des baisses de respectivement 16 % et 12 %.
La Port of Singapore Authority enregistre aussi une croissance de ses volumes. Le manutentionnaire présent à Singapour et à l’international a vu ses volumes progresser de 5,5 % à 67,6 MEVP. Tout comme Cosco Ports, PSA va trouver de la croissance à l’extérieur. Le terminal de Singapour accuse une baisse de 0,1 % à 30,6 MEVP quand les terminaux à l’étranger représentent un trafic de 37,04 MEVP, en hausse de 10,4 %.
DP World se place en lanterne rouge
Ces premiers résultats ne détaillent pas les réalisations par terminal. Globalement, le président de PSA, Tan Chong Meng, explique ces chiffres en raison de la baisse de la demande, de la surcapacité dans le maritime et des taux de fret en baisse. Et 2017 ne s’annonce pas sous de meilleurs cieux. « L’environnement difficile que nous avons connu en 2016 devrait continuer en 2017 et sans que nous ayons toutes les cartes en main. Nous pourrions rencontrer des conditions économiques encore plus difficiles avec le ralentissement du marché et les nouveaux besoins des consommateurs. Les fusions-acquisitions dans l’industrie du liner font peser sur notre secteur de nombreuses incertitudes. »
APM Terminals, filiale du groupe A.P. Møller, affiche pour sa part une hausse de 3,6 % de ses volumes traités à 37,3 MEVP. Le manutentionnaire basé à La Haye a vu ses trafics croître grâce aux volumes traités en Asie du Sud-Est et dans les terminaux qui jouent un rôle de hub. En outre, cette augmentation de trafic est aussi liée à l’acquisition du groupe espagnol Grup Maritim TCB. La situation aurait été différente si les chiffres de Maritim TCB n’avaient pas été intégrés en 2016.
Enfin, DP World se place en lanterne rouge avec une hausse de 0,4 % à 29,2 MEVP. À périmètre constant, la situation est bien différente. DP World affiche une diminution de 1,6 %. Les trafics dans les terminaux des Émirats arabes unis sont la principale cause de la faible progression de l’opérateur dubaïote. En effet, dans cette région, et notamment dans le port de Dubaï, DP World voit son volume se réduire de 5,3 % à 14,7 MEVP. Pour 2017, le groupe prévoit de tirer bénéfice des nouvelles acquisitions réalisées en 2016 en Europe avec Rotterdam, le London Gateway, Nhava Sheva et Yarimca. Des terminaux qui vont pouvoir donner tout leur potentiel.
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C’est le nombre de ports dans le club des multimillionnaires qui affichent des baisses de trafic.
Chaque année, les premiers résultats des principaux ports conteneurisés mondiaux permettent de donner une tendance de l’industrie de la conteneurisation. Dans son classement des ports conteneurisés multimillionnaires, le consultant néerlandais Dynamar constate que quatre d’entre eux affichent des résultats négatifs en 2016. Singapour perd 0,1 %, Shenzhen voit ses volumes se réduire de 0,9 %, Hong Kong accuse un repli de 2,7 % et Dubaï recule de 5,3 %. Dans ce classement des ports réalisant plus de 10 MEVP, Anvers a fait son entrée en 2016 avec 10,03 MEVP. Le tiercé de tête reste identique avec Shanghai en tête à 37,1 MEVP, Singapour avec 30,9 MEVP et Shenzhen qui a totalisé 23,9 MEVP.
APMT: le financier en berne
Parmi les principaux opérateurs de terminaux à conteneurs, seule la filiale manutention du groupe A.P. Møller a communiqué des résultats financiers. La société basée à La Haye a vu ses volumes en EVP augmenter mais ses résultats financiers n’ont pas suivi le mouvement. Le chiffre d’affaires d’APMT recule de 1,5 % à 4,1 Md$. L’Ebitda suit cette tendance et se contracte de 9,5 % à 764 M$. À périmètre constant, le trafic des terminaux d’APMT est en baisse mais avec un prix au mouvement plus élevé, la diminution du chiffre d’affaires a été contenue. L’acquisition de Maritim TCB n’a pas réussi à compenser ces diminutions. Plusieurs raisons expliquent ces résultats, selon le groupe. D’une part, en Afrique de l’Ouest, les terminaux d’APMT dans des pays qui tirent la plus grande partie de leur PIB du pétrole ont souffert en 2016 de la baisse du prix du baril. De plus, continue APMT, la consolidation dans le monde des lignes maritimes réduit le nombre d’opérateurs. Les alliances font pression sur les opérateurs de terminaux pour diminuer le prix à la manutention.