Signe d’une économie britannique en bonne santé, les trafics fret entre le continent et le Royaume-Uni affichent une croissance. Ainsi, sur son exercice fiscal (d’octobre à septembre), Brittany Ferries annonce une hausse de ses volumes transportés pour la quatrième année consécutive. Sur les trois dernières années, de 2013 à 2015, le trafic fret a augmenté de 23 %. Sur l’exercice clos le 30 septembre, il a encore gagné 12 % avec 204 000 ensembles routiers. Les lignes de la Manche continuent leur ascension avec une hausse de 10 % à 169 000 poids lourds. Quant aux liaisons longues (celles reliant la France à l’Irlande et la Grande-Bretagne à l’Espagne), elles ont enregistré un développement de 21 % à 35 000 véhicules fret. Pour le groupe roscovite, la performance des lignes longues est liée à l’entrée en service du roulier Pélican. Et pourtant, l’exercice fiscal a connu bien des heurts. Deux navires de l’armement, le Normandie et le Pont-Aven, ont connu des avaries respectivement en avril et en mai. De plus, des mouvements sociaux ont perturbé l’activité des ports normands. Alors, face aux opérateurs sur le détroit du Pas-de-Calais, Britanny Ferries démontre de sa pertinence. « Brittany Ferries sort renforcé des années difficiles. Notre groupe a su s’adapter, a confié Jean-Marc Roué, président du directoire du groupe. Je regarde l’avenir avec confiance. » Un avenir qui pourrait être entaché d’incertitudes en fonction des conditions de sortie de la Grande-Bretagne de l’Union européenne. « Je ne doute pas un instant que le bon sens prévaudra. » Pour le président du directoire, l’économie britannique demeure la plus dynamique du continent et « les fondamentaux sont en place ». Un chemin de croissance que Brittany Ferries a su se tailler au prix de nombreux efforts après le passage par un plan de retour à la compétitivité et d’initiatives de développement à l’est et à l’ouest de son réseau historique.
Une meilleure hausse pour les lignes longues
Cette performance du groupe roscovite n’est pas isolée. Du côté de P&O Ferries, les liaisons au départ de Zeebrugge vers les ports britanniques, et notamment Teesport, affichent une hausse de leur trafic fret de 16 % sur le troisième trimestre de l’année. Une tendance que le directeur des ventes des lignes mer du Nord constate sur les 12 derniers mois. « Les clients continentaux ont pris conscience de la facilité d’accès de ce port pour se diriger vers des villes comme Manchester », indique Nick Pank qui ajoute que les services ferroviaires au départ de Teesport en direction de l’Écosse participent à la croissance du trafic. Dans le réseau de P&O Ferries, Zeebrugge intervient comme un hub. Le groupe offre des solutions logistiques routières vers la Roumanie et l’Italie, par sa filiale Ferrymasters, mais assure aussi une liaison maritime avec la Suède au départ de Göteborg, dans le cadre d’un accord avec l’armement Swedish Orient Line (SOL). Pour répondre à la demande croissante sur le port belge, P&O Ferries a annoncé le doublement de sa capacité fret au départ de ce port.
Une augmentation de 5,3 % du marché transmanche
Eurotunnel n’est pas en reste et la liaison fixe entre la France et la Grande-Bretagne affiche une hausse de son trafic de navettes fret. Avec 1,2 million d’unités, la hausse de ce trafic sur les neuf premiers mois est de 12 %. Au cours de l’année, l’économie britannique n’a eu de cesse de croître. Le marché transmanche est en augmentation de 5,3 %, note le groupe. Mieux, les prévisions du FMI et de la Banque d’Angleterre estiment que l’économie britannique devrait croître entre 0,8 % et 1,1 % en 2017. Des données qui donnent le sourire aux opérateurs. Mais le tableau de ces résultats n’est pas idyllique. Le trafic de trains fret assuré par Eurotunnel affiche une baisse sur les neufs premiers mois avec 1 327 trains. Une diminution de 33 % liée aux hausses intervenues en 2015 face à la pression migratoire. L’activité fret ferroviaire se stabilise au cours du dernier trimestre.
Les résultats du troisième trimestre du groupe DFDS, opérant au départ de Calais et Dunkerque vers Douvres, ne seront disponibles que le 18 novembre. Sur la première moitié de l’année, le groupe danois a enregistré une hausse de son trafic fret en Manche de 26 % à 18,6 millions de mètres linéaires. Une hausse que le groupe attribue surtout à la mise en place de nouvelles unités sur le Détroit.
L’économie britannique dope les trafics transmanche, mais cela tant que la capacité reste maîtrisée.