« Depuis le lancement de Corsica Linea le 2 mai, nous avons réussi une première étape de transformation, a annoncé Pierre-Antoine Villanova, directeur général de la compagnie, lors d’un bilan sur la saison, le 11 octobre, à Marseille. Cela ne signifie pas que l’ensemble de la transformation est réalisé, mais nous avons avancé sur les quatre objectifs fixés: satisfaction client, ancrage méditerranéen, pérennité économique, sociale, industrielle, progresser sur la Corse. »
Corsica Linea, qui succède à l’historique SNCM après bien des péripéties économiques et judiciaires, devrait atteindre un chiffre d’affaires de 170 M€ en 2016, soit 5 M€ de plus que prévu, et être « légèrement rentable » dès cette année. Au total, 500 000 passagers (pax) auront emprunté les navires de la compagnie en 2016. La majorité, (environ 300 000 pax) a eu pour destination la Corse, environ 200 000 pax la Tunisie et l’Algérie, sans oublier 4 000 pax sur la Sardaigne, ligne pourtant opérationnelle seulement depuis fin juillet, en profitant de disponibilité d’un des navires de la compagnie. Ces passagers ont fait l’objet de toutes les attentions pour atteindre l’objectif numéro un de la compagnie, « la satisfaction client » par une amélioration de la fiabilité du service, de l’accueil ou de la vie à bord, et une politique tarifaire attractive. L’embarquement se fait ainsi plus tôt qu’auparavant « afin d’éviter l’attente sur le quai sous le soleil », le bar est ouvert plus tôt avec un service en salle organisé « afin d’éviter les longues files d’attente vues dans le passé pour obtenir une boisson ». Pierre-Antoine Villanova a assuré: « Nous avons avec nous l’ensemble des marins de l’entreprise, même si certains ont encore des doutes, ce qui est compréhensible compte tenu de l’historique de l’entreprise. » Concernant les prix, « ce sont ceux du marché », c’est-à-dire similaires à ceux de Corsica Ferries. Pour attirer davantage de passagers, la compagnie va conduire un travail à destination des tours opérateurs, agences, structures professionnelles et offices de tourisme, ce que ne faisait pas la SNCM. L’objectif est d’aller chercher davantage de clients, y compris hors saison, de ne pas se contenter d’un taux de remplissage des navires inférieur à 50 %, de passer de 10 % de part de marché sur la Corse actuellement à 15 % en 2017, puis à 30 % à terme.
La Tunisie et l’Algérie demeurent des destinations importantes pour la compagnie, conformément à l’objectif « ancrage méditerranéen » qui pourrait aussi se décliner avec l’ouverture de lignes nouvelles vers l’Italie ou l’Espagne « à moyen terme, en fonction des opportunités et de la rentabilité ».
Accompagner le client corse
Concernant le fret, le trafic devrait atteindre 850 000 mètres linéaires en 2016 avec un taux de remplissage des navires en progression de 40 %. « Avec 45 % de part de marché, nous sommes leaders sur la Corse pour le fret devant La Méridionale et Corsica Ferries », a souligné Pierre-Antoine Villanova. Un nouveau système informatique de gestion du fret est prévu en 2017 pour un montant d’investissement de 300 000 € à 400 000 €. Le chiffre d’affaires attendu pour la compagnie en 2017 a été fixé à 180 M€, avec là aussi la rentabilité « sans doute » au rendez-vous. « Cela va pouvoir nous ouvrir l’accès aux banques avec des ratios intéressants fin 2017 ». L’année 2017 sera « une année stratégique » pour la desserte de la Corse avec le renouvellement de la délégation de service public (DSP) et du schéma d’organisation du transport maritime vers l’île. « Nous souhaitons accompagner notre client corse en nous positionnant dans un schéma à long terme, en suivant la collectivité territoriale plutôt que de nous y opposer », a précisé Pierre-Antoine Villanova, qui estime qu’une « confiance réciproque commence à s’installer ». Il en veut pour preuve l’attribution de la DSP à Corsica Linea, « votée à l’unanimité par la collectivité territoriale de l’île » pour l’année 2016.
Enfin, il a confirmé la cession de deux navires dans un calendrier restant à définir. « Cela permettra des investissements. Nous espérons continuer à les exploiter. Corsica Linea sera à terme un armateur et un gestionnaire de navires. Armateur, nous le serons vraiment d’ici un an et demi à deux ans, le temps nécessaire pour bien connaître les métiers, les marchés, les clients. »