Les travaux de réhabilitation de la Samaritaine ont commencé en septembre 2015 et doivent s’achever à la fin de l’été 2018. Avec 70 000 m2 de surface, il s’agit d’un des plus gros chantiers des vingt dernières années à conduire sur un bâtiment en partie classé monument historique et situé dans le centre de Paris.
Les travaux vont produire au total 110 000 m3 de déchets dont 80 000 m3 de déchets de démolition et 140 000 m3 de déchets industriels banals légers. Pour l’ensemble de la conduite du chantier, la Samaritaine, maître d’ouvrage, privilégie une démarche environnementale. Celle-ci a mené Vinci Construction France, qui conduit les travaux en entreprise générale au travers de sa filiale Petit, à retenir une solution de transport fluvial pour évacuer et recycler une partie des déchets industriels légers du chantier. « Un des défis logistiques pour ce chantier réalisé au cœur de la capitale est d’intervenir dans un environnement urbain dense, a expliqué Manuel Estèves, directeur délégué de Vinci Construction France, lors d’une conférence de presse organisée le 20 septembre. La volonté de recourir à la voie fluviale permet de réduire les émissions de gaz à effet de serre et l’encombrement des voies routières parisiennes tout en garantissant le rendement d’évacuation des déchets. »
Une solution économique
Vinci Construction France a choisi la solution fluviale proposée par Paprec Recyclage et CRH Raboni. Triés sur le chantier, les déchets industriels légers sont transportés par camion sur 6,2 km jusqu’à la plate-forme de CRH-Raboni située bord à voie d’eau à Ivry-sur-Seine. Ils sont ensuite chargés sur une barge (voir photo) et transportés par la Seine sur 38 km jusqu’à l’usine de Paprec Recyclage de Gennevilliers. Chaque jour, environ 10 camions réalisant plusieurs allers-retours viennent charger les déchets industriels légers sur le chantier de la Samaritaine et se rendent à la plate-forme de CRH-Raboni d’Ivry-sur-Seine. La péniche collecte tous les jours les déchets sur le site de CRH-Raboni. Elle les livre une fois par semaine, le lundi matin, à l’usine de Paprec Recyclage de Gennevilliers. Cette solution de transport fluvial s’inscrit dans la démarche environnementale du maître d’ouvrage mais répond aussi à des critères économiques. « Le coût est à peu près équivalent entre le transport des déchets par camions et par la barge de 300 t, a indiqué Erwan Le Meur, directeur général adjoint de Paprec Recyclage. C’est une solution de logistique urbaine de proximité dans un contexte d’accès de plus en plus contraint à Paris pour les poids lourds. » Pour des raisons de coûts trop élevés en l’absence de quai à proximité du chantier, l’apport de matériaux de construction ne pourra se faire par la voie fluviale.
Convaincre les élus
Pour Alain Renard, directeur général opérationnel de CRH-Raboni, la solution mise en place « montre l’importance des implantations industrielles en bord de Seine et leur caractère indispensable pour le développement du transport fluvial dans Paris intra-muros ». Sur ce point, l’enjeu pour les entreprises demeure de convaincre les élus et les riverains d’accepter des activités industrielles au bord de la Seine dans la capitale. L’une des solutions peut être la mise en place d’un double usage des quais, industriel la journée et public le soir et le week-end, selon la stratégie de Ports de Paris. Pour Erwan Le Meur, « une autre option pourrait être de baisser les prix de location des quais parisiens pour développer le transport fluvial ».