Parmi les opérateurs ferries en Manche, mer du Nord et Baltique, Finnlines, DFDS et Eurotunnel ont publié leurs résultats semestriels. Il apparaît au gré de ces différents rapports intérimaires que le premier semestre 2016 a été plutôt satisfaisant sur les différentes routes entre les pays du nord de l’Europe et notamment sur le lien Transmanche. DFDS et Eurotunnel, mais aussi P& O Ferries affichent des records sur les six premiers mois de l’année.
Globalement, le marché du fret sur le détroit du Pas-de-Calais a augmenté d’environ 4 %, annonce Eurotunnel dans son rapport intérimaire. Une hausse qui s’est répercutée sur l’ensemble des opérateurs. Sur la première moitié de l’année, DFDS affiche en Manche un trafic en hausse de presque 50 % à 9,9 millions de mètres linéaires. Une hausse de trafic que le groupe doit principalement au fait d’avoir aligné une plus grande capacité sur le détroit du Pas-de-Calais. Une performance également pour le groupe P&O Ferries qui affiche une moyenne de 100 000 ensembles routiers par mois sur plus de 13 mois consécutifs depuis avril 2015. Pour la directrice commerciale de P&O Ferries, Janette Bell, « ces chiffres démontrent que la demande fret sur le transmanche continue à être forte. Nous apportons un lien vital pour les économies du continent et du Royaume-Uni avec notre lien maritime ». Les services maritimes de P&O Ferries et de DFDS sur le détroit du Pas-de-Calais profitent de la bonne santé économique des relations commerciales entre la Grand-Bretagne et le continent. Pour sa part, Eurotunnel, gestionnaire du lien fixe, s’assure aussi une part du gâteau. Avec 829 606 navettes-camions transportées au cours du premier semestre, Eurotunnel progresse de 10 % et annonce une augmentation de sa part de marché de 2 points à 39,7 %.
Baisse du CA et hausse de l’Ebitda
En Baltique, la situation est la même à quelques chiffres près. L’administration douanière finlandaise annonce une hausse des importations et des exportations au cours du premier semestre. Le volume fret transporté par le groupe Finnlines a suivi la tendance générale avec une hausse de 2,5 % du nombre de ses ensembles routiers à 321 000. Dans le même temps, le volume fret traité par le groupe finlandais enregistre une baisse de 19 % à 776 000 t transportées. La hausse du volume routier transporté ne s’est pas concrétisée dans les résultats financiers. Finnlines affiche un chiffre d’affaires en baisse de 8,5 % à 230 M€. Une diminution qui est attribuée, selon la direction du groupe, à l’arrêt de l’application des surcharges pour la hausse du coût des soutes. Cela se traduit sur le résultat opérationnel (Ebitda) qui augmente de 25,6 % à 64,7 M€.
Sur la Manche, Eurotunnel et DFDS affichent des hausses de leur chiffre d’affaires. La division Shipping de DFDS, qui regroupe les lignes maritimes en Manche, mer du Nord, Baltique et Méditerranée, a vu ses revenus progresser de 5,9 % à 4 460 MDKK (598 M€). Le résultat opérationnel (Ebitda) a progressé de 42 % à 1 017 MDKK (136 M€). Une croissance de ce résultat qui tient à l’augmentation de la capacité qui a largement compensé la hausse des coûts. Quant à Eurotunnel, la croissance de son chiffre d’affaires est de 4 % à 443 M€. La marge d’exploitation augmente dans les mêmes proportions à 239 M€.
Le semestre touchait à sa fin quand le peuple britannique a décidé par référendum de se prononcer en faveur de la sortie de l’Union européenne. Un score serré mais qui, au final, pourrait changer la donne sur le transmanche. Pour Eurotunnel, le Brexit ne devrait pas affecter l’activité économique. « Les mécanismes et les mesures de sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne devant encore être définis, il est difficile de prévoir l’impact sur l’environnement macroéconomique et politique, et donc sur le transport transmanche et les activités du groupe. Néanmoins, le groupe n’attend pas d’impact significatif sur ses activités à court terme et l’activité reste actuellement dynamique », indique le communiqué de presse du rapport intérimaire du groupe. DFDS reste tout aussi attentif à la situation. Le groupe danois a constaté une baisse de la livre au cours des semaines précédant le vote. « La dépréciation de la livre sterling devrait aider les exportations britanniques. Alors que le Royaume-Uni est un importateur net, le maintien d’une monnaie basse pourrait jouer un rôle de rééquilibrage entre import et export. Cependant, une baisse des volumes à l’importation pourrait aussi avoir des effets négatifs sur l’utilisation de la capacité de transport sur le Détroit », nuance DFDS.
Le groupe danois mise néanmoins sur une hausse du trafic et a commandé deux nouveaux navires aux chantiers Flensburger Schiffbau-Gesellschaft, qui a déjà livré six navires pour le groupe. Ils devraient être remis en mai et septembre 2017 (capacité unitaire de 4 076 mètres linéaires) pour être affectés sur les liaisons en mer du Nord.
MyFerryLink: un résultat net positif
MyFerryLink demeure une source de revenus pour Eurotunnel. Le groupe affiche un bénéfice net de 22 M€ sur le semestre. Cette structure juridique, propriétaire des trois navires de l’ancien armement SeaFrance, depuis la décision du tribunal, les a affrétés à DFDS et Vansea Shipping Company. La décision du tribunal obligeant Eurotunnel à exploiter les navires jusqu’en juin 2017, ce dernier annonce qu’il exercera cette option à la date prévue, c’est-à-dire dans un an. Le rapport intérimaire de DFDS indique que les investissements sont réduits de 900 MDKK (120 M€) en raison de l’affrètement des deux navires de MyFerryLink qui auraient dû être vendus au groupe DFDS en juin 2016. La vente devant se conclure au 30 juin 2017, le prix de ces navires, duquel sera déduit le coût de l’affrètement pendant les deux ans, est diminué.