Le port de Montréal ne connaît pas la crise. En 2015 son trafic, établi à 32 Mt manutentionnées, enregistre une croissance de 5,2 % par rapport à 2014, et de 13,3 % par rapport à 2013. Sur ces 32 Mt, 13 Mt représentent les marchandises conteneurisées (+ 4,1 %) et 9,4 Mt les produits pétroliers (+ 10,6 %). Seule ombre au tableau, un recul de 4,2 % du grain dont le trafic s’élève cette année à 3,9 Mt contre 4 Mt en 2014. Malgré ce léger repli, le vrac solide affiche une croissance de 3,6 % en 2015 grâce aux forts mouvements domestiques de gravier destinés à la réfection du pont Champlain par lequel transitent chaque jour 165 000 véhicules pour relier Montréal à sa rive Sud.
La p.-d.g., Sylvie Vachon, se félicite d’avoir « tiré son épingle du jeu » malgré une « situation économique incertaine ». Plusieurs éléments expliquent ce succès, à commencer par la mise en place de la 1re stratégie maritime du Québec, dévoilée en juin 2015 par le Premier ministre de la province, Philippe Couillard, qui a annoncé des investissements majeurs (1,5 Md$ soit 1,03 Md€) pour la création de pôles logistiques. Cette initiative s’est également traduite par des déplacements de responsables de haut rang afin de promouvoir le port de Montréal – le seul à conteneurs du Québec et de l’Ontario – comme un choix de premier ordre pour toucher les marchés de l’Est canadien et aussi du Midwest américain. Jean d’Amour, ministre délégué aux Affaires maritimes, s’est rendu aux Pays-Bas et en Belgique. Denis Coderre, le maire de la ville, s’est chargé du salon de l’industrie des croisières (en plein essor à Montréal avec 29 % de passagers en plus entre 2014 et 2015). Philippe Couillard a visité le port d’Anvers. Le travail de ces VRP de luxe n’est sans doute pas étranger au succès, présent et futur, du port de Montréal qui a également bénéficié d’un détournement du trafic à son avantage du fait de la congestion des ports de l’Ouest américain, embourbés dans un conflit social avec ses dockers. La direction du port se félicite également de la création de sa page « Commercer avec le monde » sur le réseau social LinkedIn, qui fédérait déjà 4 600 personnes en août. Parmi les autres faits saillants de l’année écoulée, l’apparition, en avril 2015, d’un nouveau service de MSC (Med Canada Express 2) qui relie Montréal à Valence et à Sines. La compagnie Hapag-Lloyd a pour sa part ajouté un 4e navire, le Québec-Express, sur son service qui fait la liaison entre Montréal et Southampton, Anvers et Hambourg.
Anticiper la croissance
En ce qui concerne la logistique, le port entend augmenter sa capacité de manutention pour anticiper la croissance à venir. À terme, l’île vise une capacité totale de 2,1 MEVP. Deux chantiers majeurs devraient permettre d’atteindre cet objectif: l’aménagement d’un terminal dans le secteur Viau – financé par l’APM (Administration portuaire de Montréal), Infrastructure Canada et la société Termont, l’opérateur du futur terminal – et l’installation d’un nouveau terminal à conteneurs à Contrecœur.
Voilà qui devrait conforter la position du port de Montréal comme point de passage incontournable pour de nombreux acteurs, européens bien sûr, mais aussi asiatiques et moyen-orientaux, marchés en plein essor du fait de l’intégration, de plus en plus fréquente, du transbordement par ces compagnies maritimes.
Si cette tendance à la hausse se confirme, le port de Montréal devrait dignement fêter le 375e anniversaire de la ville en 2017.