La Nord/LB cède 1,5 Md$ de prêts maritimes

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Cette première étape doit conduire à la création d’une structure dédiée au rachat de financements maritimes mis en place par les banques. La cession et la mise en place de la structure dédiée devraient avoir lieu durant le dernier trimestre 2016. Les termes de l’accord n’ont pas été dévoilés. Il est probable qu’ils soient plus favorables aux repreneurs qu’au cédant compte tenu de l’état des marchés maritimes et de la volonté et quasi-obligation de la Nord/LB de réduire les pertes enregistrées dans le financement de navires. Le président du conseil de gestion de la banque publique, Dr Gunter Dunkel, a d’ailleurs souligné que lorsque cette transaction « innovante » sera effective, elle contribuera à réduire « significativement » l’encours des financements maritimes de 18 Md$ à 14 Md$ voire 12 Md$. Le responsable de KKR Europe, Johannes P. Huth, a précisé que cette opération s’inscrit dans l’objectif du fonds de reprendre les actifs « non-stratégiques et sous-performants » des banques.

Actifs devenus non-stratégiques pour une banque allemande?

C’est oublier un peu vite que durant des décennies, le gouvernement fédéral et les banques des Länders (donc publiques) ont permis à des milliers de « dentistes » de défiscaliser massivement pour investir, via des KG, dans des navires de commerce. Ils étaient frétés à des opérateurs étrangers ou non. CMA, MSC et plus tard Mærsk sont devenus, au fil des années, de fidèles clients, entre autres. À tel point que l’Allemagne est devenue le premier propriétaire au monde de porte-conteneurs, quel que soit le registre d’immatriculation. Au 30 juin 2001, les huit principaux établissements bancaires allemands avaient un encours de 44 Md€ de financement maritime. L’exemple allemand a longtemps fait rêver les hauts fonctionnaires de feu la place de Fontenoy et les armateurs français. Mais la crise durable de l’automne 2008 a fait des ravages, également dans les banques allemandes. D’autant plus que les banques privées allemandes estimaient que leurs homologues publiques bénéficiaient d’aides publiques du fait de la garantie apportée par les Länders, permettant de se refinancer à un meilleur taux. La Commission européenne partageait ce point de vue. Mais tout cela appartient au passé.

Le premier trimestre 2016 s’est soldé pour la Nord/LB par un résultat avant impôt de -98 M€, dû « en grande partie à la détérioration de la situation des marchés maritimes ». Elle a donc augmenté le niveau de ses provisions pour pertes à hauteur de 435 M€ (contre 104 M€ à la fin du 1er trimestre 2015). Le résultat consolidé avant impôt est passé de 229 M€ à -84 M€ entre le 1er trimestre 2015 et le 1er trimestre 2016.

« Nous n’envisageons aucune amélioration de la situation des marchés maritimes dans les trimestres à venir. Nos provisions pour risques devraient donc augmenter de façon significative », a poursuivi Gunter Dunkel. « Ainsi que déjà annoncé, nous poursuivrons notre désengagement du financement maritime mais cela aura une conséquence négative supplémentaire sur la rentabilité. Le résultat net de l’année devrait être négatif. »

Acheter au son du canon

Comme après chaque crise (maritime ou non) qui dure, certains audacieux et tenants de la vieille économie « achètent au son du canon et vendent au son du clairon ». En clair, prises dans la nasse, les banques publiques allemandes doivent assainir leurs encours maritimes et probablement les céder à un prix bien inférieur à leur valeur nominale. Le prix du risque qu’elles ne peuvent plus assumer. KKR et son compère étatique estiment donc qu’à ce prix on ne peut pas perdre d’argent. Il suffit d’attendre la remontée du cycle en pariant sur l’hypothèse qu’il n’y aura pas de rupture dans la modélisation de l’organisation de l’économie mondiale. En outre, étant bien moins « régulés » que les banques, les fonds d’investissements n’ont pas à mobiliser autant de fonds propres qu’elles pour faire face à leurs engagements en cas de malheur. Ce qui dope, mécaniquement leur rentabilité.

HSH Norbank cède le shipping

Début mai, la Commission européenne a donné son accord définitif pour que les Länder de Hambourg et de Schleswig-Holtstein portent le plafond de garantie à 10 Md€ au bénéfice de la HSH Nordbank, qu’ils détiennent à 85 %. En contrepartie la banque leur transférera, « à leur valeur marchande », l’équivalent de 6,2 Md€ d’actifs maritimes douteux et vendra sur le marché 2 Md€ de prêts non productifs. En conséquence de quoi elle retrouvera une situation saine et sera autorisée à poursuivre ses activités commerciales. Fin juin, la banque a expliqué qu’elle avait transféré pour 5 Md€ à ses actionnaires et ainsi encaissé 2,4 Md€. Il reste encore 3,2 Md€ à céder. A priori, cela devrait rapporter environ la moitié. Fair deal.

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