« Le port de Mourmansk est associé à la route maritime Nord, mais il n’est pas le plus stratégique »

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Journal de la marine marchande (JMM): pouvez-vous nous parler du center for high north logistics?

Sergey Balmasov (S.B.): Au CHNL, nous constituons une source d’information sur la route maritime Nord, nous expliquons son fonctionnement et ses problèmes pratiques. Beaucoup de recherches sont menées sur ce sujet et nous tentons de rendre les résultats accessibles, à créer des ponts entre les scientifiques, les gouvernements et la sphère économique. Attention, nous ne sommes pas un organe de décision. Nous n’avons pas de vision de développement. Nous observons et essayons simplement de trouver les meilleures solutions logistiques pour les armateurs.

JMM: quelle est l’activité du port de mourmansk?

S.B.: Sous l’URSS, le port de Mourmansk était très important. Il a été construit à cet endroit car grâce aux courants du Golf Stream, ses eaux ne gèlent jamais. Il reste ainsi libre de glace tout au long de l’année, même l’hiver. À l’époque, il servait au transport et à l’exportation du nickel et de l’apatite (dont on fait de l’engrais). Aujourd’hui, c’est surtout du charbon qui y transite, en provenance du centre de la Russie et à destination de l’Europe. Si on regarde la carte de la Russie, d’autres ports sont plus stratégiques que celui de Mourmansk: celui de Doudinka qui accueille les minerais de la ville de Norilsk, ou celui de Sabetta, en construction, pour traiter le gaz du gisement de Yamal.

Mourmansk reste néanmoins un des grands ports de l’Arctique. Il reçoit du gaz et du pétrole, notamment de la plate-forme Prirazlomnaya (située au sud-est de la mer de Barents, en mer de Petchora), qu’il redistribue ensuite par navire.

En 2014, le gouvernement russe a annoncé la construction d’une trentaine de kilomètres de rails supplémentaires, d’un nouveau terminal pour le charbon (d’une capacité de 20 Mt) et pour le pétrole (d’une capacité de 35 Mt), mais pour l’instant les plans fluctuent en fonction de l’économie qui subit fortement l’impact de la crise en Russie, et des investisseurs.

JMM: comment se situe mourmansk vis-à-vis de la route maritime nord?

S.B.: Pour beaucoup, le port de Mourmansk est associé à la route maritime Nord, mais ce n’est pas exact. Selon la législation russe, en accord avec les conventions internationales, la route maritime Nord débute au détroit de Kara, entre la mer de Barents et la mer de Kara pour finir au détroit de Béring. Le transport maritime sur cette route est régi par la Convention des Nations unies sur le droit de la mer (qui date de 1982), et en particulier son article 234, « zones recouvertes de glace ». Selon cet article, les États côtiers doivent prévenir et surveiller la pollution marine. En mars 2013, le gouvernement russe a donc établi le NSRA, l’Administration de la route maritime Nord, dépendant du ministère des Transports russes. Au-delà du détroit de Kara, les navires doivent lui demander un permis pour naviguer. On détermine alors, au cas par cas, si il y a besoin d’un brise-glace ou pas. La décision est prise en fonction du navire et des conditions climatiques. Le brise-glace ne sert pas qu’à casser la glace. Il comporte aussi un hôpital, un hélicoptère ou une assistance technique.

JMM: comment voyez-vous l’avenir de cette route maritime nord?

S.B.: Cette voie est primordiale pour la Russie car connectée aux réseaux de rivières du Nord. elle permet de faire circuler et d’exporter des minéraux ou le pétrole à l’intérieur du pays. La grande nouveauté, c’est le développement du transport entre l’Europe et l’Asie, mais aujourd’hui la route n’est praticable que quatre mois par an. Il n’est pas possible d’y faire passer des navires régulièrement.

Bien sûr, si le réchauffement climatique continue, ça peut devenir « intéressant ». Mais pour l’instant, nous relativisons. Car si elle permet de gagner du temps, avec la chute des prix du pétrole elle perd de l’intérêt. Les brise-glace coûtent cher, et ceux qui fonctionnent au diesel consomment énormément. Surtout, elle reste une route difficile, notamment la partie orientale, particulièrement hostile. L’hiver, la nuit polaire s’installe trois mois durant. Les températures chutent à -40 °C, -50 °C. Les risques sont nombreux de rester coincé et la navigation reste très compliquée.

Zoom sur le port de Mourmansk

Libre de glace toute l’année, le port de Mourmansk est situé dans la baie de Kola en mer de Barents. Il peut accueillir des navires de toutes les tailles. Ses principales infrastructures sont situées sur la côte Ouest de la baie. Parmi eux, des postes d’amarrage du port commercial, une zone de chantier naval, un terminal pétrolier, et les locaux d’Atomflot (la filiale du groupe nucléaire russe Rosatom, responsable de la maintenance de la flotte des brise-glace nucléaires russes).

Au-delà de la baie, le port possède plusieurs terminaux désignés pour l’ancrage et la réparation des navires, comme celui de Teriberka. Avec une longueur de plusde 10 km, le port est propriétaire d’une centaine de postes d’amarrage. Les marchandises transférées sont du pétrole, du charbon, des métaux ferreux et non-ferreux, de l’apatite, des engrais minéraux ou des cargaisons réfrigérées. (Voir notre article en page 15)

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