Selon Octavio Doerr, analyste à la Cepal (Commission économique pour l’Amérique latine, commission sous l’égide de l’ONU), cette croissance de 1,7 % s’inscrit dans une tendance qui dure depuis maintenant trois ans. Après avoir augmenté de 0,7 % en 2013 et de 0,8 % en 2014, les chiffres de 2015 restent encourageants. Néanmoins, note Octavio Doerr, les niveaux de croissance de 2012, avec 5,2 %, restent encore loin.
La faible performance de 2015, note l’analyste de la Cepal, est liée aux baisses de trafics dans cinq pays de la région: le Brésil, le Pérou, Puerto Rico, le Venezuela, Trinidad et Tobago. Les chiffres de 2015 démontrent d’une grande hétérogénéité entre les différents ports tant au niveau sous-régional qu’au niveau national. Ainsi, en 2015, la côte Est a enregistré une diminution de son activité de 1,4 %, et ce notamment en raison de la diminution des trafics au Brésil. La côte Ouest a été plus performante avec une hausse de 1,1 % de son trafic. En effet, sur la partie occidentale du continent, la faible progression est principalement due à la diminution dans les ports péruviens (-3,6 %) et la faible hausse des ports chiliens (0,1 %) qui sont les moteurs de la sous-région. Ces contre-performances ont été compensées par les chiffres plus importants de l’Équateur et du port Pacifique de la Colombie, Buenaventura. En Amérique centrale, le taux de croissance des ports s’est légèrement contracté, passant de 3,5 % de hausse à 3,4 % quand ceux de la Caraïbe affichent une progression de 0,1 %.
La croissance en Amérique du Sud a surtout été tirée par quelques pays qui affichent des taux à deux chiffres. Ainsi, la Colombie voit son trafic conteneurisé augmenter de 13,1 %, le Nicaragua affiche une hausse de 24,4 %, les Barbades sont en progression de 10,3 % et Montserrat de 11,7 %. En Amérique centrale, le Mexique voit son trafic conteneurisé progresser de 7,45 % en 2015 contre une hausse de 3,8 % un an plus tôt. Outre le dynamisme de l’économie locale, les mouvements sociaux dans les ports ouest-américains fin 2014 et début 2015 ont profité aux ports mexicains. Quant aux ports panaméens, leur taux de croissance se révèle faible par rapport aux années précédentes avec une croissance d’1,8 %. « Cela ne doit pas cacher les bons scores des autres pays de la région avec la hausse de 6,4 % au Salvador, de 6,9 % au Guatemala, de 8,9 % au Honduras et de 24,4 % au Nicaragua », note Octavio Doerr.
Quatorze ports millionnaires
L’analyse port par port montre la bonne santé des économies de certains pays de la région. Ils sont toujours quatorze à être millionnaires. Le port de Lazaro Cardenas, qui était passé sous la barre du million d’EVP en 2014, est revenu dans ce cercle avec 1,06 MEVP, soit une hausse de 7,2 %. Le premier port reste celui de Santos, au Brésil, avec 3,6 MEVP, en hausse de 2,1 %. Colon, sur la côte Atlantique du Panama, se rapproche avec une hausse de 8,8 % à 3,5 MEVP. À l’inverse, Balboa, sur la côte Pacifique, accuse un repli de 5,2 % à 3,2 MEVP.
Du côté des hausses, les principaux ports à pousser la croissance sont Rio Haina, en République dominicaine, dont la croissance s’élève à 21,2 % à 417 642 EVP, et Ensenada, au Mexique, qui voit ses trafics progresser de 38,2 % à 193 424 EVP. Trois autres ports affichent des augmentations importantes à l’image de Lirquen, au Chili, dont le trafic s’envole de 55 % à 164 994 EVP, Puerto Plata, en République dominicaine, dont la hausse de 49,9 % lui permet de réaliser 58 410 EVP, et enfin le port brésilien de Vila do Conde qui augmente de 65,2 % à 78 422 EVP.
Du côté des baisses, les ports brésiliens remportent la palme cette année. Portonave voit son trafic se réduire de 2,1 % à 662 590 EVP. Rio de Janeiro perd 28 % à 297 991 EVP. Itaguai/ Sepetiba continue dans cette tendance avec une baisse de 6,1 % à 228 173 EVP, et Vitoria affiche une diminution de 17,5 % à 193 917 EVP. Parmi les autres perdants de cette année, le principal établissement péruvien, Callao, a perdu 4,5 % à 1,9 MEVP. Au Chili, le premier port national, San Antonio, garde le cap mais les autres grands ports comme Valparaiso, Coronel et San Vicente accusent des replis allant de 4 % à 10 %.
Les ports des départements français d’Amérique sont pour leur part sur une tendance difficile. Si le port de Pointe-à-Pitre, en Guadeloupe, affiche une croissance de 9,8 % à 201 948 EVP, celui de Fort-de-France, en Martinique, a perdu 7,4 % à 159 231 EVP, et celui de Degrad-des-Cannes, en Guyane, se stabilise avec une diminution de 0,2 % à 55 000 EVP.