Les transporteurs veulent remplir leurs navires à tout prix. Tant que le conteneur n’est pas en surpoids ou qu’il ne contient pas de marchandises dangereuses, tout fait ventre. La surcapacité et la faible croissance des échanges internationaux expliquent ce comportement, note Xeneta sans rappeler que la tarification freight all kinds (FAK) est une vieille pratique inventée par Cast (Anvers/Montréal) au début des années 1980.
À la date du 19 avril, le transport d’un 40’ standard en sortie de Shanghaï et à destination de Rotterdam valait en moyenne 595 $ (en baisse de 78 % par rapport à la moyenne du 1er juillet 2014) avec un taux plancher de 321 $ (-82 %). Autre réalité du marché, les taux spot sont plus avantageux pour le chargeur que les taux contractualisés. « Cela n’était pas vrai, il y a 18 mois », ajoute le p.-d.g de Xenata, Patrik Berglund.
Un véritable « état de choc »
Entre-temps, les importations chinoises ont baissé de 19 % et les exportations de 13 %, et 208 nouveaux navires sont arrivés sur le marché, affichant une capacité supplémentaire de 1,67 MEVP. L’offre dépasse la demande de 8,1 %. Ce marché du transport conteneurisé vit un véritable « état de choc », estime Patrik Berglund, et qui va modeler durablement le paysage. Lorsqu’elle sera opérationnelle (dans un an si tout va bien), l’Ocean Alliance formée par CMA CGM, Cosco, Evergreen et OOCL sera de taille à se mesurer à celle unissant Mærsk et MSC, ajoute-t-il. Ce qui risque d’accroître la guerre des prix. « Dans un tel environnement, les rumeurs vont bon train, notamment celles portant sur des taux inférieurs ou égaux à 100 $ depuis Qingdao vers Rotterdam. La nature (et donc la valeur) de la marchandise n’a plus aucune importance », conclut le p.-d.g. du consultant avant de rappeler tous les services que sa société peut rendre aux entreprises qui paient le fret.
Farouches individualistes, les chargeurs, au moins français, reconnaissent rarement qu’ils communiquent leurs taux contractuels à des tiers pour qu’ils analysent les tendances. Depuis 2002, la société allemande TIM Consult propose aux chargeurs exportant plus de 10 000 EVP par an de réaliser pour leur compte un benchmarking. À cette époque, les taux de fret en sortie de Chine restaient confidentiels.