« La demande de transport a été stimulée par les fondamentaux macroéconomiques, ce qui s’est traduit par une augmentation du tonnage transporté sur le Rhin au cours du premier semestre 2015, avec un total de 98,6 Mt, soit + 3 % par rapport à la même période de 2014 », explique la CCNR dans le rapport trimestriel d’observation du marché de la navigation intérieure, diffusé le 31 mars.
Première filière sur le Rhin avec 15,6 Mt, le charbon est en repli de - 2,6 %, tandis que les produits pétroliers affichent une hausse (15,3 Mt, + 11,7 %) et les minerais une stabilité (13,4 Mt). Avec 1,1 MEVP, les conteneurs enregistrent un essor de + 3,5 % au premier semestre 2015.
Sur cette période, en prestation de transport, le mouvement apparaît également positif, avec 21,1 Mdtkm (+ 7 %). « Cette évolution favorable a pris fin en raison de la période de basses eaux sur le Rhin, entre août et novembre », poursuit le rapport. « Le volume transporté a été inférieur de 10 % au troisième trimestre 2015 et la prestation a chuté de 15 % ». Il a fallu attendre l’arrivée des basses eaux en août pour constater un regain sensible des taux de fret et du chiffre d’affaires des opérateurs. « Cela montre que dans la situation actuelle du marché, seuls des facteurs extérieurs peuvent engendrer une amélioration des recettes. Le rapport entre l’offre et la demande est trop défavorable pour pouvoir déclencher une tendance à la hausse propre au marché », souligne le rapport. Les basses eaux ont aussi eu des conséquences sur les conditions opérationnelles, avec une diminution du degré de chargement des bateaux et l’emploi de davantage d’unités pour assurer une continuité des chaînes de transport, « essentielles dans le domaine des matières premières » transportées sur le Rhin.
Moins de nouveaux bateaux
Avec 10 nouveaux bateaux de marchandises pour une capacité de chargement d’environ 36 800 t, l’évolution de l’offre en navigation à cale sèche présente une légère augmentation en 2015. Toutefois, l’analyse du taux de nouvelles constructions de 2013 à 2015 montre que le total du tonnage mis en service (96 800 t) a représenté à peine 1 % de la capacité de la flotte à cale sèche d’Europe occidentale. « Ce constat témoigne des opportunités d’investissement très limitées dans ce segment, qui résultent notamment des faibles recettes ainsi que des conditions de prêt restrictives », précise le rapport.
Avec 17 unités enregistrées en 2015, pour un tonnage supplémentaire de 70 439 t, la situation de l’offre de navigation à cale citerne apparaît un peu plus favorable. Le taux de nouvelles constructions de 2013 à 2015 atteint 7 %. Le rapport note que « la tendance à mettre en service des bateaux-citernes de plus en plus grands se poursuit: le tonnage moyen est de 4 143 t en 2015 contre 3 245 t en 2013 ».
Sur les perspectives pour 2016, la CCNR privilégie un optimisme modéré grâce à une augmentation du volume transporté d’environ 3 à 4 % pour la navigation à marchandises, avec une amélioration de la rentabilité des entreprises « qui s’effectue par petites étapes, la situation actuelle du marché empêchant un rythme plus rapide ».
Une évolution des rapports de la CCNR
Depuis près de deux siècles, la CCNR collecte et analyse les données de la navigation intérieure sur le Rhin. En 2005, un cofinancement de l’Union européenne (UE) a permis une extension de cette activité à l’ensemble du réseau des voies navigables européennes, « pour autant que les informations fiables soient disponibles et rendent les analyses possibles », indique la CCNR.
À partir de 2016, cette institution va proposer 4 rapports par an. Trois paraîtront en mars, septembre et décembre, « et se concentreront sur les marchés et régions les plus sujets à des actualisations régulières ». Le quatrième sera publié en juin et présentera un panorama plus global des tendances et évolutions de la navigation intérieure dans l’UE, une rétrospective complète de l’année écoulée et les perspectives à moyen terme. Pour ce document, une collaboration étroite va s’établir avec les commissions fluviales du Danube, de la Moselle et de la Save, ainsi qu’avec des organisations professionnelles comme l’UENF (Union européenne de la navigation fluviale) et l’OEB (Organisation européenne des bateliers).