L’armateur belge Marc Saverys, président du groupe CMB, qui exploite le grand armement Bocimar, spécialisé dans le transport de vracs secs, ne désespère pas d’enregistrer une amorce de relance vers la fin de l’année. Il y met toutefois une condition: que l’on envoie d’urgence au moins 10 % de la flotte à la casse. « Tous les navires construits avant l’an 2000 devraient être éliminés, si l’on veut sortir d’une situation catastrophique », nous a-t-il dit lors d’une brève rencontre. Selon l’armateur, cette situation résulte du ralentissement de la demande alors qu’il y a une énorme surcapacité, due notamment à l’action de fonds spéculatifs américains qui ont pollué le métier. Que le prix de la ferraille soit bas, car lié aux prix de l’acier, importe peu. Si l’on « ferraille » rapidement et massivement, il sera possible d’obtenir plus vite un revirement spectaculaire et de renouer avec un équilibre entre offre et demande. Au cours des deux premiers mois de cet exercice, 31 Capesize et 44 Panamax ont été envoyés à la casse. Est-ce un bon départ? « Il faut que cela se poursuive chaque mois et au même rythme, c’est la seule manière d’obtenir le résultat souhaité », dit l’armateur. Les fonds spéculatifs sont une des causes du problème, mais les armements ne portent-ils pas également une part de responsabilité? « Oui, ils sont également responsables, mais d’une autre manière. Les vrais armateurs, ceux qui sont spécialisés dans ces trafics, ont trop commandé de navires, mais dans l’optique du rajeunissement de leur flotte. Tandis que les commandes spéculatives ont été faites pour des gens qui ne connaissaient pas grand-chose au métier et sur la seule croyance que le marché allait redémarrer, alors qu’il y avait un ralentissement, plus particulièrement en Asie. » Et Marc Saverys d’ajouter: « En fait, l’année dernière, 4,8 Mdt de pondéreux ont été transportées, volume qui est resté stable, et l’on s’attend à ce que cette année ce soit la même chose, peut-être 1 % de plus. C’est l’énorme surcapacité qui doit disparaître. »
D’autres secteurs se portent mieux
Bocimar exploite une flotte d’une soixantaine de vraquiers Handysize et Capesize. Heureusement pour le groupe, d’autres secteurs se portent mieux. La flotte d’une dizaine de chimiquiers donne de bons résultats. Quant à la filiale conteneurs qui exploite 25 unités d’une capacité ne dépassant pas les 4 500 EVP, elle semble opérer en dehors des eaux troubles dans lesquelles évolue le secteur en général. Position due à des trafics de niche, la plupart des navires étant conçus pour navigation dans les glaces, ce qui assure de bons contrats d’affrètement.