Jacques Chauvineau, président de l’association Objectif OFP, a proposé de définir les opérateurs ferroviaires de proximité comme des « PME ferroviaires » qui apportent aux ports une « présence commerciale territoriale, une logistique entre chargeurs permettant de mieux organiser les flux, une flexibilité permettant d’abaisser les coûts, et enfin, en tant que prestataires gestionnaires d’une infrastructure (PGI), un service d’entretien des infrastructures terminales ». La tendance du fret ferroviaire en France a été à la baisse du trafic d’environ 40 % entre 2000 et 2015, alors que l’Allemagne a affiché sur la même période une progression de chiffre équivalent. Cette trajectoire décroissante du fret ferroviaire correspond principalement aux pertes enregistrées sur le wagon isolé et les lotissements (le train complet a progressé de 10 % entre 2007 et 2014).
Il y a aujourd’hui en France sept OFP territoriaux et quatre OFP portuaires opérationnels, qui ont traité 5,6 Mt en 2015, soit 6,3 % du fret national sur des courtes distances, un résultat encore insuffisant au regard de l’objectif affiché de création de 25 OFP. Des offres nouvelles apparaissent, fondées sur des hubs multimodaux, des OFP mis en réseaux et des projets d’OFP portuaires en cours (les ports de Paris et de Sète ont lancé un appel à manifestation d’intérêt pour leur desserte ferroviaire).
Sillons et maintenance
Le fer est un mode contraint en raison de difficultés rencontrées au niveau de l’allocation de sillons et à celui de l’entretien des voies, notamment sur les lignes capillaires. Ces facteurs empêchent les OFP de garantir un service continu aux chargeurs et de fiabiliser totalement la circulation des trains de fret. Michel Puyrazat, président du directoire du Grand port maritime de La Rochelle, plaide en ce sens pour une forte implication des OFP dans l’organisation du fret ferroviaire, « dans une démarche de co-construction avec SNCF Réseau », pour leur permettre de remplir leur rôle de « facilitateurs de productivité et de compétitivité ». André Thinières, délégué de l’association Objectif OFP, rappelle qu’un OFP réalisant la desserte et la maintenance sur des lignes capillaires permettrait « d’abaisser sensiblement le seuil de pertinence économique ». Les lignes capillaires sont la source de 18 Mt de fret, soit 20 % du fret ferroviaire. La fermeture de lignes a des conséquences économiques lourdes dans les secteurs des céréales et des granulats notamment. L’association Objectif OFP a réuni tous les PGI existants sous le régime actuel et a proposé à SNCF Réseau un ensemble de mesures d’optimisation de la performance: pour les lignes longues, l’exploitation pourrait ainsi être confiée à un « OFP terminaliste » en charge de la maintenance et de l’exploitation. L’appel est unanime à une « nouvelle gouvernance des lignes capillaires » qui passerait par exemple par un couplage réglementé des opérations de traction et de maintenance pour l’exploitation des voies. Tous les participants à cette conférence attendent beaucoup du futur décret « Petites lignes » et appellent à la mise en œuvre des recommandations de la conférence Fret ferroviaire 2015 et de la Feuille de route 2015de la conférence environnementale.