Pour la troisième année consécutive, Transporteurs fluviaux de France (TFF) a organisé une cérémonie de vœux, le 28 janvier. Une manière de mettre en avant l’unité du secteur fluvial français au sein de cette structure de représentation professionnelle qu’est TFF en réunissant le Comité des armateurs fluviaux (CAF) et la Chambre nationale de la batellerie artisanale (CNBA). Fédérer les entreprises de transport fluvial (artisans, coopératives, armateurs) en évitant toute tentation d’isolement à l’égard des autres parties prenantes constitue l’un des enseignements de la Conférence nationale sur le fret fluvial. En 2015, celle-ci a permis quelques réalisations concrètes comme l’expérimentation de Terminal handling charge (THC), unique à Dunkerque, ou une nouvelle réglementation sur l’accès fluvial à Port 2000. Les résultats définitifs de cette conférence sont attendus pour le mois de juin avec l’annonce d’une feuille de route par le ministre des Transports. Pour TFF, « ce sera l’occasion unique de définir et mettre en œuvre une stratégie cohérente en faveur du transport fluvial qui doit se traduire franchement sur le plan opérationnel ». La feuille de route « devra proposer une réelle politique de filière du secteur fluvial français ». C’est la première priorité de l’année 2016 pour la profession fluviale.
Trouver des financements
Une politique d’infrastructure constitue une autre priorité et se décline en plusieurs points. Le premier est le projet de canal à grand gabarit Seine-Escaut. TFF a indiqué que les opérateurs doivent être intégrés à la gouvernance dans le cadre de la société de projet. L’entrée en service « effective et totale » du terminal multimodal du Havre « sur des bases économiquement acceptables et durables dans le temps » est un autre point de la politique d’infrastructure réclamée par TFF. Pour cette association, « si cet objectif ne peut être satisfait dans un cadre juridique ou opérationnel strictement privé, les pouvoirs publics se doivent de réfléchir à d’autres modalités comme celle d’une délégation de service public (DSP) ». Plus globalement, la profession fluviale demande que la question de la régénération du réseau, ses enjeux économiques et de sécurité, le fléchage des projets fassent l’objet d’un suivi précis, en totale transparence avec les acteurs économiques. Pour cela, TFF propose « la mise en place d’un observatoire ou d’un haut conseil, organe non statutaire qui pourrait se réunir deux fois par an ». La modernisation et le renouvellement de la flotte fluviale française sont la troisième priorité présentée par TFF pour 2016. L’association réclame « un engagement entier de l’État dans les travaux de refonte du plan d’aide à la modernisation et à l’innovation (Pami) et à une réflexion sur la mise en cohérence des outils financiers à disposition et le développement d’une politique à longue échéance pour la filière ». La réalisation de ces priorités suppose des financements pérennes. Aussi, « le sujet majeur d’attention pour TFF reste le niveau d’engagement financier de l’État et, au-delà, de la refondation du modèle économique du système fluvial français ». Les effets des restrictions budgétaires auxquelles l’État est soumis depuis plusieurs années se font sentir sur le secteur fluvial. TFF cite notamment la baisse du budget d’investissement de VNF de près de 20 % en 2015, le retard accumulé dans le versement des aides du transport combiné, l’insuffisance des moyens alloués au Pami, le manque d’investissement sur le réseau qui met en fragilité l’infrastructure fluviale. « Sur le sujet du financement, depuis l’abandon de l’écotaxe, l’État s’en tient uniquement à des mesures de bord », alerte TFF tout en reconnaissant que le budget de l’AFITF est conforté entre autres par une hausse de la TICPE, « mais il manque toujours 1 Md€ à son budget pour réaliser le programme d’investissement et de régénération des infrastructures dont la France a besoin ». Pour TFF, « la seule voie permettant de conduire à un financement de l’infrastructure durable et conforme à l’ambition affichée est la mise en place d’une véritable fiscalité écologique en France dans les transports. Des écotaxes régionales peuvent être également une piste à envisager ».