Le Grand port maritime de La Rochelle se rapproche inexorablement des 10 Mt de trafic qu’il vise depuis plusieurs années. Il les frôle même cette année avec 9,8 Mt, dans un contexte économique pourtant guère favorable, et enregistre ainsi une croissance de 4,3 % par rapport à 2014.
Les céréales tiennent toujours le haut du pavé et représentent 45 % du trafic avec 4,4 Mt. Leur progression est de 3,7 %, malgré des blés en légère baisse au second semestre à cause notamment d’une concurrence plus marquée des exportations depuis la mer Noire. Ce sont les orges et le maïs qui assurent la relève.
Les produits pétroliers, qui ont connu une baisse en 2014, reviennent à leur niveau de 2013 avec 2,8 Mt. Cette augmentation est d’autant plus remarquable qu’à la suite d’une avarie, l’appontement pétrolier Ouest qui accueille les plus grands navires est à l’arrêt depuis le mois d’août.
Les vracs agricoles sont en progression de 9,6 % et ont représenté l’an dernier 819 000 t, dépassant ainsi les produits forestiers pour la première fois. Si les engrais restent stables, c’est l’alimentation animale, en forte croissance, qui dope ce trafic.
17 % d’acheminement par le rail
Quelques ombres au tableau cependant avec les produits forestiers et papetiers, qui enregistrent une baisse de 10 %. Pourtant, grumes et placages sont stables. La baisse est surtout due aux pelets de bois: après deux années de fort trafic, les stocks sont constitués et n’ont guère été entamés par les deux derniers hivers doux, provoquant un moindre besoin en réapprovisionnement. La pâte à papier est elle aussi en baisse, « mais une baisse conjoncturelle » qui n’inquiète pas la filière. Les sables, enfin, diminuent de 6 %, et ce en lien avec les difficultés qui continuent dans le secteur du bâtiment. Les « autres produits », qui englobent notamment les colis lourds, les vracs industriels et les conteneurs, progressent de 29 %.
Une autre grande satisfaction des dirigeants du port rochelais est la croissance de 30 % du ferroviaire. Le rail a en effet permis d’acheminer 1,7 Mt l’an dernier. « C’est une ascension extraordinaire que nous devons aux deux opérateurs », a souligné Michel Puyrazat, président du directoire. Fret SNCF voit son trafic augmenter de 22 %, l’OFP Atlantique, dont sont actionnaires les ports de La Rochelle et de Nantes, progresse quant à elle de 40 %. Ces excellents résultats sont dus au travail fait ces dernières années avec SNCF Réseau. « Nous avons pu anticiper nos besoins et optimiser les trafics avec les chargeurs. » Le rail représente aujourd’hui 17 % de l’acheminement du port. L’objectif de 20 % en 2020 semble être à sa portée.
2015 a aussi été une excellente année pour les croisières. Le port a accueilli 23 escales et 26 000 passagers. Ces deux chiffres vont encore augmenter en 2016, passant respectivement à 26 escales et 44 000 passagers. Une nouvelle tendance, apparue en 2014, s’est confirmée en 2015 avec davantage d’escales sur deux jours. Et, en conséquence, de plus importantes retombées sur l’économie locale.
Production d’énergie solaire
Après les trafics et le report modal, le troisième record que bat le port est celui des investissements. Ils ont représenté l’an dernier 21,7 M€, en hausse de 31 % par rapport à l’année précédente, alors que la moyenne sur les dix dernières années a été de 13 M€ par an. Parmi les principales opérations réalisées, l’anse Saint-Marc 2 a permis d’aménager un nouveau quai de 200 m de long actuellement en cours de finition. L’appel d’offres lancé l’an dernier a été remporté par EVA, Établissement vraquier de l’Atlantique, que se partagent à parts égales le groupe Sica Atlantique et Maritime Kuhn.
Autre grand chantier, celui de la Maison du port qui s’est terminé l’an dernier. L’édifice a permis de réunir en un même lieu l’ensemble du personnel du port. Accessible depuis le quartier riverain de La Pallice, il se veut une interface entre la ville et le port. Une terrasse dominant le port est accessible à tous. Le bâtiment a été conçu à énergie positive.
Avec cette même préoccupation environnementale, le port a aussi modernisé et solarisé cinq hangars. Il devient ainsi le premier port français pour la production d’énergie solaire. La démarche se poursuit en 2016: de nouveaux hangars et toute la toiture de la base sous-marine vont à leur tour recevoir des panneaux photovoltaïques.
Un hub pour la pâte à papier
Les investissements vont se poursuivre en 2016 avec la mise en exploitation de l’anse Saint-Marc 2 et l’amélioration du réseau ferré portuaire. Cinq millions d’euros vont aussi aller à la reconfiguration du port de service, malmené lors de la tempête Xynthia. Le port prévoit aussi de développer le terminal de Chef de Baie. « L’objectif est d’en faire un hub logistique pour la pâte à papier », a indiqué Michel Puyrazat. « Nous avons eu quelques trafics spots en 2015, avec de la pâte à papier en provenance d’Amérique latine et repartie ensuite vers l’Europe du Sud. Nous comptons développer ce hub. » Est également à l’étude l’aménagement de la Repentie. Les 35 ha du site sont encore en cours de comblement. Mais le port réfléchit d’ores et déjà à l’organisation et à la desserte de cet espace ainsi qu’à sa jonction avec l’anse Saint-Marc et le môle d’escale.
De leur côté, les opérateurs n’ont pas été en reste pour les investissements. Lors des vœux du port, Philippe Joussemet, président de l’Union maritime, a ainsi rappelé les nouveaux locaux d’Imeca Groupe Reel. La société occupe désormais 6 000 m2 de bâtiment en bordure du quai Nord du bassin à flot. Spécialisée dans le matériel offshore, elle vient d’ailleurs de livrer une tour de 1 600 t pour l’extraction pétrolière en mer. Sisp, filiale de la Sica Atlantique spécialisée dans les liquides, notamment les fertilisants, s’est dotée d’un nouveau point de déchargement sur le quai Lombard. La Socomac (Groupe Soufflet) a quant à elle lancé la construction d’un silo céréalier bord à quai de 63 000 t. L’investissement représente 24 M€. Ce silo, une fois en service, lui permettra de réduire considérablement le brouettage auquel elle est tenue pour charger les navires. La Socomac devrait ainsi accroître la part du rail dans l’acheminement des céréales qu’elle charge.