Lors de la présentation des résultats du Grand port maritime de Marseille (GPMM) le 21 janvier à Paris, la satisfaction a été de mise pour Jean-Marc Forneri, président du conseil de surveillance, et Christine Cabau Woehrel, présidente du directoire. Avec 81,7 Mt à fin décembre, le trafic global du GPMM présente une augmentation de 4,1 % et 3,2 Mt par rapport à 2014. La direction du GPMM souligne que « cette croissance est plus élevée que la progression moyenne des ports français (+ 2 % à fin novembre) et européens (+ 2,6 % à fin septembre) ». À quelques exceptions près, tous les segments affichent une hausse, les vracs liquides et solides, les conteneurs, les marchandises diverses et les passagers. Avec 49,9 Mt (+ 5 %), les vracs liquides profitent de la hausse des imports de brut (27 Mt, + 8 %) et des exports de raffinés (12,8 Mt, + 7 %), conséquence du bon fonctionnement des raffineries, en lien avec la diminution des cours du baril. Le GPL progresse (2,2 Mt, + 9 %). À l’inverse, le gaz naturel liquéfié (GNL) constitue une déception (4,2 Mt, – 7 %), comme les vracs chimiques (3,58 Mt, – 3 %) qui souffrent de l’arrêt réglementaire du site Lyondell à Fos. Christine Cabau Woehrel a indiqué que le port participait à une étude au niveau européen pour développer le GNL comme carburant marin pour les navires de commerce et de croisière. Toutes les options d’avitaillement en GNL sont envisagées. Vers la fin 2016, concernant les vracs liquides, le port va devoir se préparer à l’arrêt puis à la reconversion de la raffinerie Total à la Mède. À terme, cela signifie une évolution des trafics avec une baisse du brut, davantage de raffinés et de biocarburants.
+ 15 % pour les conteneurs en trois ans
Avec 1,22 MEVP (+ 3,5 %), le trafic conteneurs est en essor pour la troisième année consécutive, soit une hausse cumulée de 15 % de 2013 à 2015. Pour la direction du GPMM, « 2015 confirme ainsi la tendance annoncée. En regagnant des parts de marchés, Marseille-Fos continue de progresser sur le marché des conteneurs alors que les ports d’Europe du Nord voient leur trafic ralentir avec une contraction de 1,6 % à fin septembre qui ne s’est pas inversée depuis ». Cette situation « confirme la pertinence du positionnement choisi par le GPMM de devenir une alternative sud pour les échanges européens ». Elle est le résultat d’un « travail de fond mené par le GPMM pour convaincre que le port a fait sa révolution suite à la réforme de 2008, a expliqué Jean-Marc Forneri. L’objectif de restaurer les activités commerciales et les tonnages en allant voir les clients, chargeurs et logisticiens porte ses fruits ». Les deux bassins à conteneurs du GPMM ont enregistré au total la mise en place de six nouveaux services conteneurisés ou polyvalents (conteneur, roulant, conventionnel) en 2015. Il devrait en aller de même en 2016 avec de grands chargeurs qui prévoient d’augmenter leur trafic via Fos. Avec 17,9 Mt (+ 1 %), les marchandises diverses profitent d’une hausse du roulant, avec 170 300 unités pour les remorques (+ 6 %) et 165 500 unités pour les voitures (+ 7 %), ainsi que du conteneur (11,7 Mt, + 4 %). Ces filières compensent la baisse du conventionnel (2,3 Mt, – 15 %). Avec 13,9 Mt (+ 3 %), les vracs solides sont portés par les flux industriels. Le vrac sidérurgique, avec 9,7 Mt, atteint le même niveau qu’en 2014 grâce au retour d’un trafic export de laitier mis en veille ces dernières années. Les autres vracs secs progressent (3,4 Mt, + 22 %). À l’inverse, les vracs agroalimentaires sont en repli (808 Kt, – 16 %) en raison d’une perte d’import de sucre suite à la fermeture de la raffinerie Saint-Louis, et d’une campagne céréalière à l’export en demi-teinte. Avec 2,51 millions de personnes (+ 2 %) au total, l’activité passagers progresse malgré les difficultés liées à la SNCM. Le marché de la croisière atteint un nouveau record avec 1,45 million de voyageurs accueillis (+ 11 %). En cumul annuel, la fréquentation sur le Maghreb est en augmentation de 2 % alors que le trafic avec la Corse plonge de 12 % avec 603 200 voyageurs. « En dehors de toute prise de position politique, le GPMM a l’ambition d’accompagner la reprise de l’activité Corse, ont déclaré Jean-Marc Forneri et Christine Cabau Woehrel. Si une part importante du marché corse s’est déplacée à Toulon, c’est pour des raisons d’instabilité et non pas économiques. Marseille va profiter du rééquilibrage et de la stabilisation de la situation. »
Enfin, concernant les pré et post-acheminements, les résultats apparaissent positifs avec 112 000 EVP (+ 13 %) pour le ferroviaire et 99 000 EVP (+ 4 %) pour le fluvial. En matière d’investissements en 2015, les opérateurs ont dépensé plus de 50 M€ dans des portiques, des grues ou de nouveaux silos, et le port 45 M€ dans des projets de développement. En 2016, le budget d’investissement du port va passer à 84 M€ « pour soutenir l’ambition du projet stratégique 2014-2018 ». Il s’agit notamment de financer la fin des chantiers de la passe Nord et de la forme 10, mais aussi de poursuivre les projets concernant la logistique, le report modal, l’aménagement des routes, des terminaux à passagers, du terminal combiné de Mourepiane ou encore de lancer les études sur le comblement de la rotule Fos 2XL, l’aménagement ferroviaire à Fos, la zone de service portuaire ou le branchement à quai des navires de croisière. Pour 2016, la direction du GPMM « vise la poursuite de la croissance, du rééquilibrage Nord/Sud et de la diversification des filières ». Elle prévoit un trafic de 83,7 Mt à fin décembre (+ 2 %), et 2,9 millions de passagers en augmentation grâce à une reprise de la Corse. Elle sera vigilante sur la diversification énergétique avec la reconversion annoncée de la filière du raffinage.