Günter Haberland, directeur de la compagnie de manutention Zietschmann, dit compter sur l’augmentation prévue les prochaines années des moyens à investir dans les infrastructures des voies navigables, pour développer le réseau fluvial allemand actuellement « en piteux état ». Il rappelle qu’il faudra néanmoins longtemps avant que le réseau ne soit totalement remis en état, assaini et modernisé.
Des infrastructures vieillissantes
L’association allemande des armateurs fluviaux (Bundesverbandder Deutschen Binnenschiffahrt-BDB) le souligne également: « La question de l’état des fleuves et canaux est cruciale pour le développement du secteur de la manutention et pour la compétitivité du transport de marchandises. » C’est un des points que Dirk Gemmer, vice-président de la BDB, a mis en avant le 12 janvier à Berlin, lors du « forum de l’innovation pour le transport de passagers et de marchandises », en présence du ministre allemand des Transports, Alexandre Dobrindt. Dirk Gemmer a déploré que « 50 % des écluses en Allemagne datent de plus de 80 ans, entraînant de fréquents dysfonctionnements et des délais d’attente de 20 à 70 heures, intenables pour les armateurs et leurs clients ». Autres infrastructures qui nécessitent d’être aménagées: des chenaux trop étroits, des ponts trop bas et des entrées d’écluse trop courtes.
Dirk Gemmer a par ailleurs rappelé que la profession est activement engagée dans la réforme et prête aux innovations. Armateurs, chantiers navals et motoristes travaillent notamment au développement de bateaux qui permettent de s’adapter aux nouvelles normes européennes de réduction des gaz à effets de serre et particules polluantes (directive NRMM), et ils espèrent que le gouvernement prendra des mesures d’accompagnement. Il a enfin salué les efforts du gouvernement en matière de formation initiale et continue et la modernisation de la formation qui palliera le manque de personnel qualifié dans les prochaines années.
Des ports intérieurs à l’étroit
Günter Haberland se montre encore critique envers ce qu’il estime être une insuffisance d’implication politique pour trouver des solutions au manque d’espace dans les ports intérieurs et l’incapacité à mettre des surfaces à disposition: « Les responsables de la politique des transports au niveau de l’État et des Länder soulignent toujours l’importance de la capacité de circulation sur les voies navigables pour le développement du trafic, mais le problème est aussi la pénurie d’espace dans bien des ports. » Au niveau des municipalités auxquelles il revient de gérer les ports intérieurs, le problème est connu, il a déjà été soulevé dans la programmation 2009 pour les ports, qui initiait le grand chantier de la réforme fluviale allemande, mais il manque toujours des solutions concrètes.
La question de la taxe fluviale
Lors de la 9e conférence nationale maritime, qui s’est tenue les 19 et 20 octobre à Bremerhaven, Alexandre Dobrindt a confirmé que pour atteindre l’objectif annoncé d’une réforme fluviale effective en 2018, la nouvelle stratégie nationale portuaire devrait intégrer un consensus sur la refonte de la taxe de navigation fluviale. La BDB se montre vigilante sur cette question de l’harmonisation de la redevance fluviale et l’objectif affiché d’une « taxe compétitivement neutre ». Martin Staats, président de la BVB, l’a exprimé avec force lors de la réunion parlementaire sur le transport fluvial, le 25 novembre: « Il est absolument nécessaire que la réglementation qui sera mise en application en 2018 sur la taxe fluviale ne fasse pas reposer tout le poids du financement sur les seuls armateurs fluviaux, mais inclue les autres usagers de la voie d’eau en Allemagne, distributeurs d’eau potable, plaisanciers. »
Les acteurs du fluvial se réjouissent de l’opportunité de participer à la consultation ministérielle en délivrant des rapports d’expertise, et ils insistent: « La compétitivité du secteur est essentielle non seulement pour favoriser le report modal, mais plus globalement pour l’économie allemande. »