Le Grand port maritime de Dunkerque (GPMD, Dunkerque Port) a terminé l’année sur une note globalement négative en affichant un trafic en baisse de 1 % à 46,6 Mt. Pour Stéphane Raison, président du directoire du GPMD, si le chiffre est en baisse globalement par rapport à l’année précédente, il reste malgré tout en hausse au regard des prévisions affichées à 45 Mt.
La baisse des trafics est imputable à deux phénomènes. Le premier concerne les vracs liquides qui ont perdu 25 % à 4,2 Mt. La baisse d’activité des différents sites et notamment la SRD, Total et Rubis Terminal ont marqué cette année. L’autre courant en baisse est à mettre à l’actif des trafics de minerais. Ce flux a perdu 18 % à 11,1 Mt. Pour la direction du port, deux éléments expliquent ce repli. D’une part, lors de la tempête de décembre 2014, un engin du quai à Pondéreux Ouest a été endommagé. Les travaux et les réparations de cet engin ont immobilisé partiellement le terminal pendant plusieurs semaines. Ensuite, dans l’usine d’Arcelor-Mittal, le haut-fourneau 2 a été mis en maintenance technique pendant les cinq premiers mois de l’année. Les dommages subis par l’engin au QPO ont entraîné une baisse des trafics de transbordement vers Brême que Dunkerque Port a réalisé au cours des dernières années. Au final, sur les vracs secs, si les minerais ont accusé un repli, le charbon a pu tirer son épingle du jeu. La montée en puissance des trafics de pâte à coke destinés aux usines de Lorraine a compensé les baisses des autres flux de charbon. Au final, avec 5,1 Mt, le charbon se stabilise.
Trois records
D’un côté le trafic perd de sa substance, quand de l’autre il réalise trois records. En premier lieu, le trafic transmanche termine l’année sur un trafic de 16,25 Mt, soit une croissance de 17 %. Le nombre de camions et de remorques fret progresse de 21 % à 698 000 unités. « Nous ne prenons pas cette année comme un record exceptionnel, mais plutôt comme un résultat qu’il faut maintenir voire développer », a souligné Stéphane Raison. Le marché fret transmanche a bien fonctionné tout comme celui du trafic touristique, puisque le nombre de passagers est en hausse de 26 % à 3,19 millions de passagers, et les voitures de tourisme progressent de 21 % à 814 000 véhicules.
Second point de satisfaction pour Dunkerque Port, le trafic céréalier. La campagne céréalière 2014/2015 a atteint un record avec 3,05 Mt. Sur l’année civile, ce record s’est confirmé dans les mêmes proportions. Bien plus, la direction du GPMD affiche sa satisfaction de voir le trafic ferroviaire prendre des parts de marché dans les pré et post-acheminements de ces flux. Pour la première fois, a souligné Stéphane Raison, ce mode de transport entre pour 10 % des approvisionnements. Le fluvial conserve sa part avec 45 % des flux en approche, et la route entre pour 45 %. « Avec le développement du ferroviaire sur notre port, nous disposons d’un nouveau vecteur vers l’hinterland, a indiqué le président du directoire. De plus, nous commençons à voir des opérations de négoce se réaliser sur des navires de plus grande importance. En pouvant charger des navires de 80 000 t à 120 000 t à notre silo, nous offrons une solution logistique adaptée aux conditions actuelles du marché. » Et pour aller plus loin, Nord Céréales, gestionnaire du silo de Dunkerque, a investi dans un séchoir pour offrir une prestation plus large aux opérateurs.
Beau score des conteneurs
Enfin, dernier point de satisfaction pour le port, le trafic conteneurs a dépassé la barre des 317 000 EVP. Une croissance de 2 % en nombre d’EVP mais surtout, a insisté Daniel Deschodt, directeur commercial de Dunkerque Port, une croissance de 17 % dans les conteneurs pleins à 206 000 EVP. Même si le port septentrional n’atteint pas son objectif de 330 000 EVP fixé en début d’année, le score réalisé est satisfaisant. « Nous assistons à un mouvement de recentrage en Europe des trafics et nous le constatons régulièrement, les flux conteneurisés sur la planète se stabilisent », a continué le directeur commercial. La configuration des lignes avec l’Asie se réalise davantage à l’import, ce qui permet au port de réaliser plus de conteneurs pleins. « Nous sentons que les industriels du Nord-Pas-de-Calais et de la Picardie se réapproprient le port du Nord », a confirmé Stéphane Raison. Pour continuer dans sa stratégie de développement des liaisons sur l’Europe du Nord et du Sud, Dunkerque Port a annoncé mettre en place une politique tarifaire incitative avec une réduction de 30 % sur les droits de port des navires pour tous les trafics de transbordement.
Pour les mois à venir, le GPMD affine les derniers ajustements de son futur terminal méthanier. Son ouverture opérationnelle est prévue pour le mois de juin. « Dans les premiers mois, nous serons sur une phase de mise en pression du terminal. Il faut compter un laps de temps d’environ six à sept mois », a annoncé Stéphane Raison. Une phase plus complexe que ne le laissait présager le calendrier. Au final, ce seront quelque 1 Mt réalisées au cours de cette année, avec une croissance visant à terme un trafic de 5 Mt. « Cela dépend aussi des flux commerciaux de gaz dans le monde », précise le président du directoire.
