« Riverdating 2015 présente un très bon succès d’audience avec 700 visiteurs, 150 exposants ou donneurs d’ordre, et 4 000 rendez-vous d’affaires organisés pendant les deux jours à Lille. Cette huitième édition démontre que Riverdating constitue désormais un événement reconnu », explique Guillaume Dury, directeur du développement de l’établissement Voies navigables de France (VNF), organisateur de ce seul événement européen dédié au transport fluvial et à la logistique. En parcourant les allées, du côté des exposants, les avis et témoignages apparaissent positifs. De manière générale, ils jugent « la formule des rendez-vous d’affaires efficace bien davantage que les grands salons ». Un premier contact à Riverdating permet d’échanger sur « des problématiques et potentiels de trafics concrets ». Des « réalisations opérationnelles suivent souvent, à court terme pour les trafics conteneurisés et à moyen ou long terme pour des trafics vracs ou conventionnels ». Au fil des éditions, les exposants rencontrent « des chargeurs qui montrent de plus en plus d’intérêt pour des solutions de transport alternatives à la route ». Pour d’autres, participer à Riverdating présente « une opportunité de se faire connaître et de se créer un réseau ». Riverdating va toutefois évoluer en changeant de rythme avec une édition tous les deux ans et non plus annuelle. Le prochain Riverdating devrait donc avoir lieu en 2017. « Nous avons interrogé les professionnels du secteur fluvial et une majorité d’entre eux a convenu qu’une édition tous les ans n’était pas nécessaire, explique Guillaume Dury. L’année où il n’y aura pas Riverdating, nous serons davantage présents sur le salon Euromaritime Eurowaterways et SITL, avec l’ambition de renforcer les liens entre les transports maritime et fluvial. »
Développer les filières émergentes
À l’occasion de Riverdating, VNF a communiqué les résultats du transport fluvial pour les neuf premiers mois de l’année. Fin septembre, le trafic fluvial (hors transit rhénan) a atteint 40,9 Mt, en repli de 1,7 % comparativement aux neuf premiers mois de 2014, et 5 738,3 Mtkm, en progression de 0,7 %. Par filière, en volume comme en prestation, les matériaux de construction amplifient leur baisse tandis que l’agroalimentaire continue son essor. Toutes les autres filières, énergie, métallurgie, sel, chimie, engrais, conteneur, colis lourd et véhicule, apparaissent en repli, en volume comme en prestation. À fin septembre, avec 412 000 EVP, les transports de conteneurs sont en légère contraction de 1,5 % par rapport à la même période de 2014. « Cette diminution du trafic de conteneurs au niveau national repose en grande partie sur la réduction du trafic sur le bassin de la Seine, liée à la réorganisation que connaît actuellement cette activité au Grand port maritime du Havre », explique VNF. À l’inverse, « le trafic progresse sur le bassin du Nord-Pas-de-Calais et sur la Moselle où la ligne de transport de conteneurs lancée en mars 2014 se consolide ». Pour Guillaume Dury, au-delà des chiffres de résultat, il est important de travailler au développement de quatre filières émergentes, déchets, colis exceptionnels, logistique urbaine, chimie, « pour lesquelles le paradigme du tonnage est différent » par rapport aux autres marchandises. « Pour ces quatre filières, la prestation exprimée en tkm présente une valeur ajoutée sociale et économique car le transport fluvial permet d’acheminer les produits jusqu’au cœur des agglomérations et de limiter le nombre de poids lourds dans les centres-villes. »
Augmenter le trafic fluvial de déchets de Veolia de 50 % d’ici à 2020
Le 1er décembre à Riverdating, Voies navigables de France (VNF) et Veolia ont signé une convention de partenariat. Dans le cadre de cet accord, VNF met à disposition de Veolia son expertise ainsi que l’ensemble de ses outils d’accompagnement afin de faciliter les opérations de report modal vers la voie d’eau. Ce partenariat doit permettre à Veolia d’atteindre un objectif de développement de son trafic fluvial de l’ordre de 50 % à l’horizon 2020. Cela représente un tonnage supplémentaire d’environ 300 000 t ou cinq nouvelles lignes sur tous les bassins français. Avec la mise en place d’une économie plus circulaire, le choix d’un mode de transport alternatif à la route constitue un défi majeur pour les acteurs du recyclage. Annuellement, 770 Mt de déchets sont produits en France. Sur la période 2010 à 2014, les trafics de déchets conteneurisés ont augmenté de 20 % sur les bassins de la Seine et du Nord-Pas-de-Calais et représentent 1un conteneur sur cinq sur ces deux réseaux, soit 54 000 EVP en 2014 (environ 2 100 000 m3).
Industrialiser la logistique du chantier de Seine-Nord Europe avec le mode fluvial
L’une des cinq conférences thématiques organisées à Riverdating a eu pour thème « le futur chantier du canal Seine-Nord Europe, organisation logistique et approvisionnement du chantier ». Voies navigables de France (VNF) a rappelé l’une des étapes clés franchies en 2015 pour l’avancement de ce projet de canal à grand gabarit avec la décision de financement de Seine-Escaut par l’Union européenne à hauteur de 980 M€ pour la période 2014-2019. La décision du gouvernement de réaliser le canal à travers une société de projet associant sous forme d’un établissement public l’État, VNF et les collectivités territoriales a aussi été un moment important. L’ordonnance de création de cette société de projet devrait être publiée au plus tard en mars. D’ici là, VNF progresse dans l’avancement des étapes de lancement du chantier et du début des travaux. L’établissement a indiqué que « l’approvisionnement du chantier par voie fluviale sera privilégié », le tonnage étant évalué à 15 Mt. Les objectifs de VNF sont de « développer une offre logistique et multimodale intégrée depuis les lieux de production des matériaux, équipements et matériels vers les lieux d’assemblage et de construction, développer des flux retours depuis les quais du canal du Nord, développer une flotte au gabarit adapté aux besoins » pendant les travaux, soit entre 2017 et 2023, et après, soit au-delà de 2025. L’établissement entend travailler sur cette logistique de transport fluvial avec les transporteurs et les chargeurs. Didier Léandri, président-directeur général du Comité des armateurs fluviaux (CAF), a assuré que « la profession fluviale attend Seine-Nord Europe avec impatience car ce canal va permettre de plonger la France fluviale, avec des bassins étanches les uns par rapport aux autres, dans l’Europe fluviale ». Il a souligné que les transporteurs fluviaux sont prêts à répondre aux appels d’offres. Mais pour cela, ils ont besoin de connaître précisément l’origine, la destination et la nature des flux et des produits. Il a estimé que « le mode fluvial doit être le prestataire transport des entreprises qui vont intervenir pour la construction et l’approvisionnement du chantier à hauteur de 80 % ». À ce propos, VNF a précisé que la loi permet d’être prescriptif sur le sujet de l’utilisation des modes massifiés dans un contrat de maîtrise d’ouvrage. Pour Bruno Huvelin, directeur régional de Cemex, des matériaux viendront du Nord, de l’Est, du Sud et les gabarits des voies navigables sont variables selon les régions d’origine tout comme les possibilités de massification. Pour Bruno Huvelin, « trouver des flux retours est impératif tout comme gérer l’économie circulaire » (déchets/déblais). Christine Morel, présidente de la commission fluviale de Transport et logistique de France (TLF), a relevé qu’il y aura « peut-être une cale spécifique qui s’adaptera aux besoins de marchandises et aux déblais pour la phase de construction sur le canal du Nord ». L’idée est de « plutôt trouver des bateaux de type Freycinet disponibles ». Pour Christine Morel, « il faut aussi anticiper l’après-chantier pour cette cale, car ce type d’investissements s’amortit sur le long terme ». Didier Léandri a ajouté que « le chantier commence en 2017 et la question de la cale pour l’avant et l’après-chantier s’échelonne sur six à dix ans ». Il faut aussi réfléchir dès maintenant aux quais disponibles sur le canal du Nord pour du stockage, envisager de créer « de petits hubs le long du tracé » avec ensuite une logique de redistribution sur courtes distances. Au total, le chantier va s’étaler sur plus de 100 km. « Seine-Nord Europe peut être une révolution aussi pour la conduite du chantier en plus d’être une révolution logistique pour le transport fluvial français », a conclu Didier Léandri.