Un projet de deuxième terminal sucrier

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Le port de La Réunion sera-t-il bientôt « bicéphale »? Pour l’instant, le sucre – principal produit d’exportation de ce département d’outre-mer de l’océan Indien – est acheminé de l’est et du sud de l’île jusqu’au Grand port maritime de La Réunion (GPMLR), à l’ouest. Le projet du terminal de Bois-Rouge pourrait changer la donne. Soutenu par le conseil régional et une collectivité intercommunale, un maire de la côte orientale souhaite développer un nouveau port à proximité de l’usine de transformation de la canne à sucre qu’abrite sa commune. Une convention unissant les partenaires autour de ce projet a été signée en octobre.

À l’initiative, on trouve Jean-Paul Virapoullé, édile de la ville de Saint-André. Il n’a pas encore obtenu le soutien du GPMLR mais justifie sa démarche par le manque de foncier nécessaire au développement de l’infrastructure existante. « Le quai du port actuel est entouré de seulement 85 ha, et cela ne suffira pas pour installer le futur hub à conteneurs prévu par CMA CGM. Mon but est de faire embarquer les 100 000 t de sucre produites dans l’Est, à Saint-André, et faire du nouveau terminal sucrier un ensemble de 300 ha pouvant également accueillir du vrac, du charbon et des produits dangereux. » La structure nouvellement créée pour mettre sur pied ce nouveau terminal portuaire se donne pour objectif de poser la première pierre en 2019, dans moins de cinq ans.

Contacté par le Journal de la Marine Marchande, le GPMLR n’a pas souhaité s’exprimer sur la faisabilité ou l’intérêt de ce projet. Des sources proches du dossier précisent toutefois que « le GPM perçoit ce port de Bois-Rouge comme une concurrence inutile ». À Saint-André, l’opposition au maire dénonce également un grand projet inutile et souligne la fin proche des quotas sucriers.

Fin des subventions en 2017

Ces subventions européennes à l’agriculture réunionnaise arriveront à leur terme en 2017, mettant en péril toute la filière et hypothéquant logiquement les futurs volumes de sucre exportés. Pas de quoi faire douter Jean-Paul Virapoullé. « La Réunion est une terre d’innovation et le sucre n’est pas le seul sous-produit de la canne. De plus, ce port n’aura pas vocation à être uniquement un terminal sucrier. Nous voulons stocker du carburant et en faire un pôle énergétique pour toute la zone sud-ouest de l’océan Indien ». Un système de pompage des eaux froides en profondeur est effectivement à l’étude – comme en Martinique – afin de produire de l’énergie renouvelable. Selon la mairie de Saint-André, il s’agit de mettre sur pied une structure visant à « damer le pion » à l’île voisine de Maurice, qui dispose actuellement du plus grand port dans la région.

Le port de La Réunion en chiffres

Dans son dernier bilan, le Grand port maritime de La Réunion revendique « un tonnage cumulé de 2,32 Mt ayant transité via les installations à fin juin 2015, en progression de 7 % par rapport au premier semestre 2014. Les marchandises diverses (conteneurs, roulier et conventionnel) sont en hausse de 9 % à 1,12 Mt. Les conteneurs progressent de 9 % en tonnage à 1,07 Mt et de 7 % en nombre avec 122 000 EVP manutentionnés. Le transbordement de conteneurs, avec près de 13 000 EVP, enregistre une progression de 135 %. »

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