« C’est l’aboutissement d’un projet sur le feu depuis 10 ans, a déclaré Baudouin Delforge, directeur général du groupe Cavap, le 29 octobre lors de l’inauguration du nouveau terminal fluvial à Montereau-Fault-Yonne. Dix ans que nous cherchons un accès à la Seine pour exporter les céréales du nord de la Bourgogne, de la Beauce et de la Champagne berrichonne. » Philippe Couard, président du groupe Cavap, a précisé que le terrain a été trouvé en 2012 par Axéréal qui a décidé de le partager avec Cavap. Le nouveau terminal fluvial de Montereau représente ainsi le résultat d’un partenariat entre les deux coopératives agricoles. Pour Philippe de Raynal, directeur général d’Axéréal, le nouveau terminal est « une machine de guerre à l’export qui s’inscrit dans un réseau, l’axe séquanien, pour acheminer les grains vers les silos portuaires de Rouen et du Havre puis vers nos clients internationaux à l’export ». Le terminal de Montereau complète le dispositif des deux coopératives composé des sites de Corbeil-Essone et de Limay. Il possède une dimension « stratégique » dans la perspective du canal Seine-Nord Europe qui permettrait aux deux coopératives d’acheminer les grains vers les ports de Dunkerque, Gand et Anvers.
Actuellement, les deux coopératives expédient 340 000 t par voie fluviale pour une collecte totale de plus de 5 Mt de grains par an. À Montereau, l’objectif est d’expédier 160 000 t à court terme, puis 250 000 t.
Des solutions innovantes
Le terminal fluvial de Cavap et Axéréal à Montereau a été réalisé par la transformation d’un site industriel en friche. L’investissement a atteint 4,5 M€, financé par les deux coopératives. Les travaux ont consisté en des aménagements intérieurs du bâtiment existant avec la création de quatre cases de stockage pour les grains de 900 t chacune. « Les installations mises en place privilégient les innovations technologiques », a souligné Jean-François Loiseau, président d’Axéréal. Par exemple, avec une reprise du produit en vrac automatisée dans les cases. Celles-ci possèdent un fond plat et des coins arrondis permettant au repreneur de récupérer 100 % du blé. « Le repreneur automatisé, premier du genre à être utilisé en France, permet de dessiler le blé avec un débit de 400 t/h. Deux diabolos tournent à chaque extrémité du bras et ramènent le blé au centre. À l’intérieur, des disques rotatifs amènent le blé jusqu’à un transporteur à bandes relié aux convoyeurs transportant les grains jusqu’à la péniche. » D’autre part, en termes d’impact environnemental, les équipements ont été étudiés pour limiter les émissions de poussières et les nuisances sonores. « La bande transporteuse qui permet d’accéder aux péniches sur le quai a été choisie car la portance de ce type de convoyeur est meilleure et n’a nécessité l’installation que de deux tours, précisent les deux coopératives.Avec un transporteur à chaînes, le nombre de poteaux aurait été doublé. » Enfin, le poste de chargement de bateau sur le quai est flexible. « Montée sur roues, la tourelle reliant le manche de versement dans la péniche et le tapis convoyeur est déplaçable dans tous les sens à l’aide d’une commande à distance. En se déplaçant, la tourelle dirige le manche télescopique au-dessus de la péniche et permet d’accéder à l’intégralité de la cale ». L’avantage de ce système innovant est de pouvoir charger en continu à la différence des équipements de manutention classiques, fixes ou mobiles.
Avec le site de Montereau, les deux coopératives misent sur une optimisation de leur logistique afin d’être plus compétitives à l’international. Elles privilégient le transport fluvial qui leur permet de réduire leur empreinte environnementale et de limiter leurs coûts.
