La société Hidrovias do Brasil, créée en 2010 et contrôlée par P2 Brasil (un joint-venture entre Pátria Investimentos et Promon), a déjà investi 1,5 milliard de réals (l’équivalent de 346 M€) dans la région, afin de détenir une flotte propre de barges et de remorqueurs, et pour construire deux terminaux. L’un, consacré au transbordement de marchandises, est situé à Miritituba, sur les rives du fleuve Tapajós. L’autre, d’usage privatif, est implanté à Barcarena, près du port public de Vila do Conde. Les deux, en phase de travaux, devraient être livrés début 2016, juste avant l’époque des récoltes. Des contrats de dix ans ont d’ailleurs déjà été signés pour le transport de soja et de maïs, avec les entreprises Multigrain (1,6 Mt par an), Noble (2,75 Mt) et Nidera (2,2 Mt).
Inverser le trajet traditionnel des produits agricoles
Bien qu’Hidrovias do Brasil opère sur d’autres corridors fluviaux au Brésil (comme la voie d’eau Paraná-Paraguai), en Uruguay, au Paraguay et, à partir de cette année, en Argentine, l’entreprise continue de concentrer ses investissements sur l’Arc Nord du Brésil. Selon Bruno Serapião, président de Hidrovias do Brasil, « plus de 70 % de ces 300 M$ » seront injectés dans la région. Le reste sera destiné à d’autres projets éventuels dans le Sud, glisse-t-il. Hidrovias do Brasil compte en effet inverser le trajet traditionnel des produits agricoles provenant du centre-ouest du Brésil. Plutôt que de recourir aux réseaux routiers et ferroviaires et de parcourir 2 000 km jusqu’aux ports du sud du pays, l’entreprise préfère développer l’usage des voies d’eau et exporter les marchandises depuis le nord du pays. Une stratégie d’ailleurs adoptée par d’autres sociétés comme Odebrecht ou Cargill, par exemple.
Avec cette augmentation de capital, Hidrovias do Brasil va pouvoir lancer une seconde tranche de travaux. Un second terminal de transbordement est ainsi prévu à Miritituba, afin de passer à une capacité de 8 Mt par an. La future installation permettra également d’opérer sur les segments des vracs liquides et des fertilisants. Bruno Serapião n’écarte pas d’autres projets dans le nord du Brésil. La concession d’un nouveau terminal portuaire prévu à Santarém est dans la ligne de mire du groupe. Par ailleurs, l’entreprise de logistique fluviale a fait l’acquisition d’un terrain de 10 ha sur la berge du fleuve Tocantins, à Marabá. Mais pour l’instant, le projet est resté dans les tiroirs, une barrière rocheuse empêchant la pleine navigabilité.