Journal de la marine marchande (JMM): quel bilan dressez-vous aujourd’hui du port de savone?
Gian Luigi Miazza (G.L.M.): Au chapitre croisières, nous sommes le quatrième port au niveau national. Selon nos estimations, un million de croisiéristes ont transité dans le port et 3 400 navires ont jeté l’ancre. C’est un record pour Savone. Durant le premier semestre, le trafic de marchandises a augmenté de 1,5 % soit l’équivalent de 94 000 t par rapport à l’an dernier. Le nombre de conteneurs est équivalent, comme l’an passé, à 42 500 unités. Le nombre de passagers est passé de 521 000 à 526 000 et les prévisions pour le deuxième semestre sont optimistes. Globalement, le trafic de marchandises conventionnelles constitue là encore un record pour Savone. D’ici à la fin de l’année, le volume de marchandises devrait frôler la barre des 12 Mt. Les emplois tous secteurs confondus, c’est-à-dire emplois directs et indirects, s’élève à 7 755 personnes. Avec les travaux et les investissements en cours, ce chiffre devrait être revu à la hausse d’ici 2018. Je dirais en résumé que nous avons concrétisé nos prévisions et que nous sommes en plein essor.
JMM: le port s’est lancé dans une politique d’investissements. En quoi consiste ce plan?
G.L.M.: Le Palacrociere a été élargi de 50 % par la compagnie Costa Croisières. Après cette transformation, la structure, qui ressemble désormais à un aéroport, peut être qualifiée d’extrêmement compétitive sur le plan international. En ce qui concerne la construction de la plate-forme polyvalente Mærsk, là encore les prévisions sont en ordre. L’investissement est de 700 M€ et à moins d’un contretemps pour le moins improbable, le premier grand porte-conteneurs devrait y jeter l’ancre vers la fin 2017, au pire début 2018. Nous avons dégagé quelque 500 M€ en investissements, et d’ici la fin de l’année, une rallonge de 80 M€ devrait être également débloquée. Un nouveau parking sera construit, situé sur plusieurs étages, une opération dont le coût est estimé à 8 M€. Enfin, le groupe Campostano devrait construire un hangar de 3 800 m2 à l’intérieur du bassin portuaire. Le montant de cet investissement tourne autour de 1,6 M€.
JMM: le problème du gigantisme des porte-conteneurs a été évoqué durant la dernière assemblée d’assoporti en juillet. Quelle est votre position?
G.L.M.: Les ports de la Ligurie et de la Toscane ont besoin de ces navires de 16 000 EVP et plus pour augmenter leur volume en termes d’activités économiques. Si nous ne les accueillons pas, d’autres ports le feront. C’est vrai que ce type d’opération comporte des investissements plus ou moins constants car les structures doivent être en mesure de les accueillir. Mais nous ne pouvons pas nous permettre de perdre un volume important de trafics. On pourrait envisager de répartir les investissements dans différents ports pour éviter de les multiplier. Ceci permettrait d’éviter de brûler des capitaux. Il faut commencer à apprendre à cibler les fiancements.
JMM: la réforme portuaire. Estimez-vous, comme vos collègues, que ce passage est incontournable?
G.L.M.: Je suis probablement une mouche blanche dans le panorama des présidents des autorités portuaires italiennes. Je viens du secteur privé et c’est la première fois que je m’occupe d’une chose publique. Je raisonne donc d’une tout autre façon. La loi de 1984 fonctionne plutôt bien. Les ports italiens importants sont alignés sur les standards internationaux. Le volume de marchandises qui transitent dans nos ports est estimé à plus de 460 Mt. Une réforme devrait améliorer le système, permettre aux ports d’augmenter leur volume de trafic de marchandises. Il faudrait aussi songer à remettre de l’ordre dans la répartition des rôles et placer les personnes justes aux postes justes. Il faut éviter de créer des vides. Prenons l’exemple de l’abolition des régions entrée en vigueur mais qui a créé le chaos. Certains bureaux ne s’occupent plus de certains dossiers et les nouveaux bureaux ne s’en occupent pas encore. Évitons une telle chose au niveau des ports. En 21 ans, tout a fonctionné. Si les ministres en poste n’ont pas encore approuvé la réforme, il y a bien une raison. Cela veut dire qu’ils veulent encore réfléchir pour éviter des creux.
JMM: les critiques fusent de part et d’autre. Certains disent que le système portuaire italien ne fonctionne pas, d’autres, qu’il faut tout laisser en l’état actuel. D’autres encore parlent d’insuffisances notoires au niveau des infrastructures. Quelle est votre avis?
G.L.M.: C’est vrai, le système est imparfait. Pourquoi ne développe-t-on pas les infrastructures qui font partie de la chose publique et sont stratégiques en ce qui concerne le développement de l’économie portuaire, l’un des points clés des moteurs de l’économie italienne? Auparavant, on pouvait dire que que le conteste économique bloquait la situation, qu’il était impossible de faire des choix importants en termes d’investissements. Aujourd’hui, ce n’est plus le cas. En ce qui concerne Savone, ce port est le moteur de la Ligurie. Nos chiffres démontrent que nous sommes la première entreprise de la région. Une personne sur dix travaille dans le port. Il faut bouger, oser pour améliorer nos performances.