La course au gigantisme inquiète tous les milieux maritimes. Qu’il s’agisse des pilotes, des assureurs ou des autorités nationales qui s’interrogent sur la capacité à gérer des navires de si grande taille dès qu’interviendra un souci.
Le rapport de l’OCDE publié en septembre a accentué ces préoccupations. Dernièrement, Anvers a jeté une pierre dans le jardin des armateurs pour tenter de mettre un terme à cette course.
Pour bien des ports, cette évolution pose effectivement de sérieux problèmes d’autant plus que l’on ignore si cette escalade dans les grandeurs d’échelles a atteint son point culminant avec 22 000 EVP ou si des armements iront encore au-delà.
Du côté de Rotterdam, les inquiétudes ne sont pas encore de mise. Ses capacités nautiques lui permettent de suivre de nouvelles évolutions dans le gigantisme. Il en va de même ailleurs dans le monde, en Chine, où l’on peut faire face.
La position du port d’Anvers
Selon le président du port d’Anvers, Eddy Bruyninckx, il n’est pas question d’entrer en conflit avec les armateurs pour qui les grandeurs d’échelles répondent à des critères économiques. De plus, le port scaldien n’est pas nécessairement limité en ce qui concerne la taille des navires. D’une part, le fleuve peut encore être adapté. D’autre part, tout dépendra des types d’ULCS qui seraient commandés. Ils pourraient être plus longs, plus larges et pas nécessairement plus profonds. « Je ne crois pas qu’en tant que direction portuaire nous devions négocier sur cet aspect des grandeurs d’échelle. Par contre, l’ouverture d’un débat avec les armateurs, les opérateurs de terminaux, les autorités portuaires prend toute son importance. Le moment est venu de discuter non seulement de la partie transport maritime, de la manutention sur les terminaux, mais aussi de l’impact sur l’ensemble de la chaîne logistique. Il est impératif d’évaluer toutes les conséquences de ces grandeurs d’échelles. Une telle discussion est toute aussi importante pour Rotterdam qui, en fait, a bien plus de problèmes de congestion qu’Anvers. »
Rotterdam vient de mettre en service deux terminaux entièrement automatisés. Est-ce la grande solution pour faire face efficacement à ces grandeurs d’échelles et s’attirer encore plus de trafic? Eddy Bruyninckx est à la fois prudent et sceptique. « Nous n’enregistrons pas pour l’instant de ralentissement dans le trafic des conteneurs. Le premier semestre a été excellent avec une croissance de 9,7 %. Pour le second semestre, ce sera un peu plus faible. En fin d’année, notre trafic conteneurisé devrait se situer entre 9,6 MEVP et 9,7 MEVP, soit toujours en hausse. » Quant à l’automatisation, le port scaldien se défend de ne pas avoir choisi la même voie que son voisin néerlandais. « Cela a toujours été une obsession à Rotterdam, mais force est de constater que cela n’a pas renforcé sa position. Nous préférons un concept où l’automatisation reste combinée avec le facteur humain. Offrir de la capacité et des terminaux et une chose, l’exploitation en est une autre. »