Conhexa, l’atout belge du port

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Conhexa (Dunfresh-Dunfrost) investit 7 M€ dans un nouvel entrepôt pour surgelés à deux pas du terminal conteneurs de Dunkerque. De nouvelles capacités qui permettront peut-être au port d’accueillir des lignes maritimes qui lui manquent, vers l’Amérique du Sud par exemple.

Le groupe Conhexa, qui exploite deux entrepôts sous température dirigée sur le port de Dunkerque, va investir 7 M€ dans l’extension de sa filiale Dunfrost (surgelés). D’ici le mois de mai, le logisticien disposera d’une capacité de stockage de 20 000 palettes sur six niveaux, dans un bâtiment doté d’une zone de picking en température négative, d’une gestion automatisée des flux.

Il y a dix ans, le groupe avait déjà doublé la surface de son entrepôt frais (Dunfresh, 28 000 m2). Ses dirigeants auraient aimé enchaîner avec l’extension de Dunfrost (40 000 m3 aujourd’hui), mais l’ouragan Dean, qui a ravagé une grande partie des bananeraies des Antilles en 2007, a pesé sur l’activité.

En investissant à nouveau à Dunkerque, le groupe Conhexa, basé en France mais à capitaux belges, confirme son implantation de ce côté de la frontière. Le Belge André Dejonghe, après avoir racheté un entrepôt frigorifique à Steenvoorde, à mi-chemin entre Lille et Dunkerque, a répondu présent en 1994 quand le port autonome recherchait des investisseurs pour sa toute nouvelle zone logistique du port Ouest, près du terminal conteneurs. Sa fille Hilde et son gendre Luc Van Holzaet ont repris la direction générale et consolidé le groupe autour de trois entrepôts frigorifiques (Frigo A 25 à Steenvoorde, Dunfresh et Dunfrost à Dunkerque), et développé des services de logistique globale, de l’acheminement à la distribution. Conhexa, qui emploie 150 équivalents temps plein, dispose actuellement d’un volume de stockage de 160 000 m3 de surgelés et de 155 000 m3 de frais et sec. Chiffre d’affaires: 17 M€ en 2014, pour un volume de 600 000 t.

Conhexa doit son essor au trafic de bananes des Antilles françaises, dont les producteurs ont fait de Dunkerque leur point d’entrée en métropole, mais aussi à la variété des lignes maritimes touchant Dunkerque au moins une fois par semaine. Dix pourcents des quelque 312 000 EVP opérés en 2014 sont liés au trafic de bananes, qui transitent par Dunkerque avant de rejoindre les mûrisseries de France, du Benelux ou de Grande-Bretagne, dans un hinterland bien plus étendu que pour les autres marchés d’importation.

« Pas impossible que Dunkerque dépasse Anvers »

Premier port français pour le transit de conteneurs de fruits et légumes, Dunkerque espère gagner de nouvelles parts de marché vis-à-vis des ports du Benelux, Anvers, Zeebrugge et Rotterdam. « Le trafic de Dunkerque, aux alentours de 700 000 t par an, suit une courbe exponentielle. Anvers, qui traite 1 Mt, suit une courbe en baisse », indique Daniel Deschodt, directeur commercial de Dunkerque Port. « Il n’est pas impossible que sur ce segment, d’ici quatre ans, Dunkerque dépasse Anvers. »

Luc Van Holzaet se fait volontiers l’ambassadeur du port nordiste. Le port Ouest est accessible aux grands porte-conteneurs: « Grand tirant d’eau (16 m), pas d’écluse, des coûts d’escale et de traction réduits au minimum en raison de la proximité des sites », dit-il. Autre avantage à venir: l’inauguration, prévue en octobre, du nouveau Service d’inspection vétérinaire et phytosanitaire (Sivep), configuré pour contrôler 5 000 lots par an (contre 1 000 actuellement) à partir de la fin 2015.

Conhexa et Dunkerque Port comptent sur ces avantages pour rapatrier en France des flux de surgelés, dont les conteneurs transitent essentiellement d’abord par l’Angleterre, Anvers ou Rotterdam, à la différence du frais, dont la totalité est débarquée à Dunkerque. Ils espèrent aussi convaincre d’autres chargeurs et des armateurs de relier Dunkerque à l’Amérique du Sud et l’Afrique du Sud (côtes Est et Ouest), aujourd’hui peu ou pas desservies. « Nous avons un bon dossier sur le Chili et le Pérou. Mais cela bloque car nous ne disposons pas d’une bonne ligne », explique Luc Van Holzaet, à propos de l’importation d’avocats, dont les Français sont de grands consommateurs. « Aujourd’hui, ils arrivent à Rotterdam, puis sont envoyés en mûrisseries à Rungis. On pourrait économiser 300 € à 400 € par conteneur en les faisant arriver à Dunkerque », assure-t-il.

Autre développement envisagé: les flux à l’export. « On s’est beaucoup intéressé à l’importation. Il y a beaucoup à faire à l’exportation », résume Luc Van Holzaet, qui regarde à la fois vers le Royaume-Uni et la Russie. Dunfrost a justement obtenu l’agrément export des services vétérinaires russes. Mais c’était juste avant l’embargo décidé par Vladimir Poutine sur les produits européens. « Nous avons bon espoir de reprendre les activités dès que l’embargo sera levé », indique Daniel Deschodt, qui attendait « de bonnes nouvelles » lors du salon WorldFood de Moscou (14-17 septembre). La reprise du service feeder Dunkrus (Dunkerque-Anvers-Zeebrugge-Saint-Petersbourg) est par ailleurs confirmée pour novembre.

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