Une voie ferrée de 5 300 km de long qui relierait la côte atlantique du Brésil à la côte pacifique du Pérou? Ce projet, véritable serpent de mer, pourrait bien devenir réalité. Fin mai, la Chine, le Pérou et le Brésil se sont en effet entendus pour mener une étude de faisabilité à ce sujet, et la finaliser d’ici un an. Le point de départ de ce projet pharaonique se situerait à Rio de Janeiro. « Nous invitons les entreprises chinoises à participer à ce grand chantier, qui passera par Campinorte, Lucas do Rio Verde au Mato Grosso, atteindra l’État de l’Acre et traversera les Andes pour arriver au port péruvien », a déclaré la présidente du Brésil, Dilma Rousseff.
Ce chantier, qui pourrait nécessiter jusqu’à quatre ans de travaux, affiche un coût élevé: 30 milliards de réaux (l’équivalent de 8,5 Md€), d’après le ministre brésilien de l’Industrie et du Commerce extérieur, Armando Monteiro. La première banque chinoise et le leader brésilien du crédit immobilier comptent d’ailleurs créer un fonds de 50 Md$ (soit 44 Md€) pour financer ce chemin de fer et divers autres projets d’infrastructures au Brésil. Cette implication financière chinoise tombe à pic, alors que le Brésil, qui souffre d’infrastructures notoirement insuffisantes, est aujourd’hui au bord de la récession et voit ses finances asséchées.
Une alternative au canal de Panama
Cette gigantesque liaison ferroviaire enthousiasme de nombreux acteurs économiques, puisqu’elle permettrait d’éviter le canal de Panama, sous influence américaine, et de réduire le temps et le coût du transport de minerais et de produits agricoles à travers le continent sud-américain.
Cet axe logistique est d’autant plus souhaité qu’il vient s’inscrire au sein de la coopération économique de plus en plus étroite existant entre la Chine et l’Amérique latine. La croissance des échanges entre Pékin et le Brésil a ainsi été multipliée par 25 entre 2001 et 2013. En 2009, l’empire du Milieu a détrôné les États-Unis, devenant le premier partenaire commercial du Brésil. En janvier 2015, le président chinois Xi Jinping s’est également engagé à ce que son pays investisse 250 Md$ (près de 222 Md€) en Amérique latine au cours des dix prochaines années.
Seule ombre au tableau: la voie transocéanique devrait traverser la forêt amazonienne, ce qui inquiète fortement les défenseurs de l’environnement et de la cause indienne. Leur opposition pourrait freiner ce projet.