Les premières ébauches du projet de la cimenterie McInnis ont été dessinées en 1993. Il aura fallu presque un quart de siècle pour que l’entreprise parvienne à implanter son complexe industriel en Gaspésie sur les rives du Saint-Laurent. Elle continue malgré tout à faire couler beaucoup d’encre au Québec où elle s’est octroyé le titre peu enviable d’entreprise « la plus polluante de la province ».
Avec une prévision de 50 000 m3 de béton à couler cette année pour la construction de ses différentes structures, les travaux de la cimenterie McInnis vont bon train. Il s’en est pourtant fallu de peu que le chantier, situé en Gaspésie et démarré en février 2014, connaisse un nouveau ralentissement. La société, détenue par l’actionnaire principal de Bombardier, a en effet menacé de mettre un terme à son projet si jamais des études environnementales lui étaient imposées… Des études qui semblaient pourtant légitimes en regard de l’impact environnemental prévisionnel du complexe. La cimenterie devrait produire 2 % des gaz à effet de serre de la province francophone et émettre 1,7 Mt de CO2 chaque année. Des chiffres qui lui ont valu sont titre d’entreprise la plus polluante du Québec.
Une émotion au paroxysme
La presse nationale, le parti politique Coalition Avenir Québec et l’association Greenpeace, pour ne citer que ceux-là, se sont émus du dossier. Une émotion qui a atteint son paroxysme lorsque McInnis a été dispensée de l’examen du Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (Bape). Le ministre de l’économie Jacques Daoust, qui s’est saisi du dossier, se félicitait des 400 créations d’emploi attendues dans la région. Le maire de Port-Daniel-Gascons, commune choisie pour l’implantation de la cimenterie pour la proximité de ses voies maritimes, est également enthousiasmé par le projet. Il y voit une réponse au vieillissement de la population et à la diminution du chiffre d’affaires des commerçants de sa commune de 2 600 habitants. L’investissement de 450 M$CAD (332 M€) effectué par la province dans ce projet de 1,1 Md$ (811 M€) n’est sans doute pas étranger non plus au soutien apporté par les politiques à McInnis.
L’obstination de ses opposants a tout de même fini par porter ses fruits avec la signature, le 30 mars, d’une entente de médiation présidée par un juge. Les associations environnementales et McInnis sont désormais tenues de se réunir quatre fois par an pour le suivi de la construction de la cimenterie. Celle-ci s’est engagée à réduire ses émissions de gaz à effet de serre et à recourir à des carburants issus de la biomasse. Si aucun nuage ne vient obscurcir cette harmonie nouvellement trouvée, McInnis devrait ouvrir courant 2016 et produire annuellement 2,5 Mt de ciment. Sous réserve que son dernier opposant de poids, Lafarge Canada, ne parvienne à faire invalider l’autorisation accordée à McInnis arguant que les cimenteries déjà présentes au Québec ne tournent qu’à 60 % de leur capacité.