JOURNAL DE LA MARINE MARCHANDE (JMM):
Faites-vous partie de ces patrons des Autorités Portuaires italiennes qui attendent avec impatience la mise en place de la réforme annoncée par le gouvernement?
Zeno D’Agostino (Z.D.A.): Je suis habitué aux lenteurs du système public, il faut entretemps, continuer à travailler. Nous avons à disposition une série d’instruments législatifs et juridiques qui nous permettent d’aller de l’avant. L’Autorité Portuaire doit intervenir pour accélérer les choses. Dans l’immédiat et en attendant la réforme, les opérateurs portuaires doivent pouvoir programmer leurs investissements. Mon rôle, c’est de les aider en renouvelant rapidement par exemple, les concessions.
JMM: Cette réforme est-elle indispensable à votre avis?
Z.D.A.: Les Autorités Portuaires ont été introduites en Italie en 1994, il y a 21 ans donc. Le système est devenu obsolète. Je ne crois pourtant pas que cela soit une bonne idée de vouloir les transformer aujourd’hui en Sociétés par Actions (SPA). J’ai une bonne connaissance de ce type de sociétés pour y avoir travaillé et je peux affirmer qu’il est impossible d’appliquer ce système aux Autorités Portuaires. Mais, il y a d’autres points sur lesquels intervenir pour dynamiser le système. Par exemple, la réduction du nombre d’Autorités Portuaires, nécessité qui fait consensus. Je pense aussi à des partenariats public-privé avec effet de stimulation. On pourrait également diminuer le nombre de membres des comités portuaires. En somme: simplifier et dynamiser les structures.
JMM: Vous venez d’être nommé commissaire de l’Autorité Portuaire de Trieste, votre premier état des lieux?
Z.D.A.: En l’état actuel, le port fonctionne bien. C’est la raison pour laquelle, nous pouvons prioritairement programmer la croissance du site. Il faut raisonner de façon globale, en fonction de la totalité des secteurs et non de manière cloisonnée. Il faut aussi conjuguer la logistique portuaire et la logistique territoriale. Le Plan Régulateur servira à remettre en ordre les infrastructures. Cela veut dire par exemple, augmenter la capacité du Ro-Ro avec de nouveaux terminaux et la plate-forme logistique (la première pierre a été posée en novembre 2014, ndlr), et aussi, élargir le quai VII. Il faut encore envisager des opérations d’expansion dans toute la zone sud du port pour augmenter la capacité globale du site. Enfin, je pense au fer. Trieste comme La Spezia est le port qui a le plus investi sur le transport sur rails. Mais nous devons faire plus, investir pour développer ce type de transport qui est essentiel. Enfin, nous devons nous développer sur le plan international et faire connaître nos ports. Savoir nous vendre et surtout, mieux.
JMM: Quel est le point fort du port de Trieste?
Z.D.A.: J’insiste: l’intégration avec les activités ferroviaires, l’intermodal. Aujourd’hui, les opérateurs choisissent Trieste pour cette raison. Alors il nous faut améliorer la qualité du service. L’an dernier, nous avons dépassé la barre des 500 000 EVP. Mais nous sommes capables de faire encore mieux. Nous devons aussi profiter de notre position géographique, les frontières avec la Slovénie, l’Autriche qui peuvent favoriser nos activités. Un atout important encore: la collaboration avec le Napa (North Adriatic Ports Association).
JMM: Quels sont vos projets?
Z.D.A.: Nous avons mis en place diverses collaborations et nous continuerons. Cette année, nous n’aurons qu’un seul stand à la foire de Munich, consacré à la logistique et aux transports. Je dirais qu’au niveau global, nous coopérons. Pour le reste, nous sommes en compétition et c’est donc chacun pour soi.