Cette signature a eu lieu en présence de Jean-Pierre Bel, ancien président du Sénat et représentant officiel dans les Caraïbes et l’Amérique Latine de François Hollande, président de la République française, et de Portia Simpson Miller, Premier ministre de Jamaïque. Kingston deviendra l’une des premières plateformes de transbordement des Caraïbes (avec Carthagène en Colombie et le futur port de Mariel à Cuba, cf. JMM du 10 avril; p. 20).
Avec ses 2 400 m linéaires de quai, sa superficie de 80 ha et sa profondeur d’eau de 15,5 m (dans une douzaine d’années), le terminal de Kingston atteindra à moyen terme une capacité annuelle de 3,6 MEVP. Il sera équipé de 14 portiques et 60 cavaliers.
Le PAJ précise que le KCT sera détenu par la Kingston Freeport Terminal Ltd (KFTL), à terme contrôlée à 40 % par Terminal Link, le solde le sera par CMA CGM. Terminal Link est lui-même détenu à 51 % par CMA CGM et le reste par China Merchant Holding International.
La concession comprend le financement, l’extension, l’exploitation, l’entretien et la rétrocession du terminal. Le dragage des chenaux et autres voies d’accès sera à la charge du concessionnaire. Le transfert de propriété aura lieu dans les trois mois après le bouclage du financement qui doit intervenir dans les six à huit prochains mois. Les équipements existants seront vendus à KFTL.
Dans un premier temps, l’autorité portuaire recevra 75 M$ par tranche durant les six mois suivant le bouclage du financement. Chaque année, le PAJ touchera une redevance de 15 M$ payable en quatre fois. Enfin, il recevra une commission de 8 % sur les recettes brutes générées par le terminal.
509 M$ à investir
Toujours selon le PAJ, le concessionnaire s’est engagé à investir environ 509 M$ en deux phases. Une troisième est en option.
La première phase porte sur un investissement de 259 M$ pour arriver à une capacité de traitement de 3,2 MEVP. Dans les cinq premières années, le concessionnaire devra avoir terminé le dragage à 14,2 m et le renforcement des quais existants pour recevoir les grands porte-conteneurs, un peu plus loin il est précisé fin 2016 ou début 2017. Dans les six années après la mise en œuvre du contrat, de nouveaux équipements portuaires devront être installés et le terminal optimisé.
La deuxième phase porte sur un investissement de 250 M$. Le programme d’extension devra être présenté durant la 10e année et commencé durant la 12e année. Il devra permettre une hauteur d’eau de 15,5 m, portant la capacité de traitement à 3,6 MEVP.
Une troisième phase sera à négocier en fonction de l’état du marché et des résultats obtenus. Elle concernera la création d’un nouveau quai disposant de 15,5 m de hauteur d’eau.
L’autorité portuaire de Jamaïque souligne que, dans la région comme dans le reste du monde, la majorité des terminaux à conteneurs sont exploités par des groupes internationaux comme PSA, Hutchinson, APMT, SSA ou DP World. ZIM est le plus important client actuel du terminal. Les contrats de travail existants seront cassés et le personnel sera ainsi disponible pour être réemployé par le concessionnaire. Il bénéficiera d’une priorité d’embauche si leurs qualifications professionnelles répondent bien aux besoins. Les salariés non-jamaïcains du concessionnaire ne devront pas dépasser les 5 %.
Le PAJ et le groupe CMA CGM soulignent que le terminal sera ouvert à tous les transporteurs, CMA CGM ne représentant que 35 à 40 % des volumes opérés.
L’élargissement du canal de Panama, qui devrait être opérationnel au printemps 2016, permettra d’exploiter des navires de 12 600 EVP. En sortie du canal de Panama et à la croisée des lignes Nord-Sud et Est-Ouest, le nouveau terminal de Kingston permettra d’accueillir ces navires et de réaliser des transbordements sur l’ensemble de la région via des lignes secondaires. À travers ses deux filiales dédiées à l’activité portuaire, le Groupe CMA CGM opère déjà 24 terminaux dans le monde et manutentionne plus de 14 millions de conteneurs par an.
Ce contrat rétablit une sorte de principe de réalité vis-à-vis des discours des portuaires des Antilles françaises sur la nécessité de créer un grand hub de transbordement à Jarry ou à la Pointe des Grives. À Kingston, Farid Salem était accompagné de Laurent Martens, ancien directeur général de Guade loupe Port Caraïbes.