Le chiffre d’affaires du port de Liège a progressé de 4,66 % à 3,73 M€. Le trafic fluvial a enregistré une hausse de 2 % à 13,53 Mt. En ce qui concerne les conteneurs, la hausse est de 16 %, soit 31 930 EVP. Quant au fluviomaritime, le score a porté sur 148 934 t, en hausse de 30 %, trafic réalisé par 89 caboteurs (+ 23 unités). Cette dernière activité, qui porte essentiellement sur des aciers spéciaux, met Liège en relation avec la Grande-Bretagne, l’Espagne, l’Irlande et le Portugal. Le troisième port fluvial d’Europe a ainsi démontré qu’il parvient progressivement à compenser la perte de la sidérurgie à chaud et la baisse des activités de la sidérurgie à froid, alors qu’Arcelor Mittal s’emploie à réduire ses coûts en faisant parvenir l’acier directement en site propre. À cela s’ajoutent l’arrêt de la cokerie de Seraing et la mise sous cocon de la centrale électrique aux pellets des Awirs.
Si l’on s’en réfère au trafic global, soit 18,03 Mt, il y a une baisse de 3 %, soit 530 000 t. La route, avec 3,24 Mt, est en recul de 13 % (dont la perte du trafic de Colas Belgium, 186 149 t, qui a quitté le port d’Ivoz-Ramet), de même que le rail a enregistré une baisse de 21 % de son trafic à 1,25 Mt. Actuellement, 75 % des trafics manutentionnés sur les divers sites portuaires transitent par la voie d’eau, soit une progression de 4 %.
Nouveaux trafics et une stratégie audacieuse
Une étroite collaboration entre le Port Autonome, l’Awec et ArcelorMittal a rendu possible l’identification de nouveaux concessionnaires pour le site abandonné par Oxybel, filiale du sidérurgiste spécialisé dans le découpage de tôles. Trois entreprises s’y sont inscrites: Envisan International (groupe Jan de Nul), qui implantera une unité de traitement et prétraitement de déchets minéraux et va créer un siège opérationnel pour les activités d’Envisan et de Eraerts, TRH (société espagnole axée sur la fabrication de produits en acier et en treillis soudés) et Interdécoupe, active dans la vente, la découpe et le parachèvement de l’acier. Ces trois entreprises vont générer de nouveaux trafics fluviaux et des emplois. D’autre part, les quais de CBR à Lixhe, désormais gérés par le Port autonome, vont réceptionner de nouveaux trafics fluviaux.
La nouvelle stratégie consiste, comme l’a souligné lors d’une conférence de presse le président du Port autonome Willy Demeyer, à évoluer vers une diversification des activités en coopération avec les concessionnaires. Il souhaite aussi rechercher la manière d’étendre les superficies exploitables, d’où les contacts établis avec les communes bordant le canal Albert et la Meuse. Il s’agit de valoriser tout ce qui peut l’être. De même, l’accent est mis sur la formation, notamment pour le personnel qui sera appelé à travailler sur le site de Trilogiport. Tous les efforts sont en premier lieu centrés sur le développement et la commercialisation de cette vaste plate-forme logistique. Le Port autonome sera ainsi présent à diverses manifestations (notamment à Münich) à caractère international, intéressant l’immobilier, le transport et la logistique.
L’achèvement de cette plate-forme logistique que sera Trilogiport progresse. Le pont est là. Il faut l’achever. Selon Émile-Louis Bertrand, directeur du port, la procédure en est pour l’instant au stade des demandes de permis d’exploitation. Un accord de principe a été passé avec ArcelorMittal pour la desserte ferroviaire du site. Reste à définir les modalités d’exploitation. Une première barge pourrait être attendue à quai en octobre. Quant aux logisticiens (Deutsche Lagerhaus, Warehouses De Pauwe), ils en sont au stade de la préparation, les terrains n’étant pas encore prêts. Ils sont à la recherche de clients. Un groupe de travail a été constitué impliquant notamment le port d’Anvers. Des contacts sont suivis avec l’administration et tous les responsables de la plate-forme. De même il faut attendre la finalisation du site pour procéder à un appel d’offres pour le futur terminal conventionnel.
Partenariat possible
La récente visite d’une délégation des Émirats arabes unis sur site, dont la direction de Dubai Ports World (DPW gestionnaire du futur terminal à conteneurs) laisse supposer que des développements pourraient se manifester quant à l’évolution des trafics fluviaux. Un partenariat ne serait pas à exclure (aujourd’hui, 98 % du trafic conteneurs fluvial est géré par le groupe LCT et/TFC groupe portier). Il est également évoqué l’implantation d’une zone franche. L’administration wallonne devra se prononcer sur ce concept, mais aussi sur l’éventuelle implication du terminal de Trilogiport en tant qu’Extended Gateway. Sur le plan ferroviaire, le réseau propre au port étant appelé à se développer, des réflexions sont en cours, allant par exemple dans le sens d’un opérateur de proximité, idée que caresse également le port scaldien. À ce sujet, le président De Meyer précise: « Nous étudierons ce qui se fera à Anvers. »
Fluvial et distribution urbaine
Autre sujet de réflexion: le fluvial et la distribution urbaine. Cette réflexion porte sur l’emplacement à déterminer pour la voie d’eau et la logistique du dernier kilomètre, mobilité qui pourrait être électrique via des tramways ou autres véhicules. Pour le président, « il n’y a rien de prévu pour l’instant, mais d’ici cinq ans cela devra être abordé ».
Dans l’immédiat, l’accent est mis sur la nécessité urgente de disposer des moyens administratifs et financiers pour dépolluer les sites récupérables – 800 ha pour la région liégeoise dont 280 ha rien qu’à Chertal –, ce qui veut dire que la Région wallonne devra s’activer pour prendre les mesures nécessaires. C’est le moment de lever tous les obstacles et d’élaborer un cadre d’action qui soit propre aux besoins du port.
Cette année, les investissements en matière de travaux s’élèveront à 970 000 €, pris en charge à 80 % par le SPW et à 20 % par le port. Néanmoins, des interventions de l’Europe sont souhaitées pour la rénovation des quais de la CBR et des adaptations à Renory.
Liège en positif et négatif
Trafics en hausse
Houille: + 21 % à 1,69 Mt
Matières premières secondaires et déchets: + 12 % à 437 882 t
Articles manufacturés: + 717 % à 46 692 t
Diverses et conteneurs: +8 % à 329 972 t
Trafics en baisse
Coke et produits pétroliers: – 4 % à 3,06 Mt
Bois: − 62 % à 77 376 t
Produits chimiques: − 12 % à 570 310 t
Produits agricoles: − 5 % à 802 619 t