Port-Louis à l’heure des grands travaux

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Alors que la concurrence fait rage dans l’océan Indien, région où le commerce maritime est en forte croissance, Port-Louis met les bouchées doubles pour s’imposer comme un hub régional dans le transbordement et le soutage.

Durban, Port-Réunion, Tamatave… et Port-Louis: avec l’explosion du trafic maritime, les ports de l’océan Indien, situés au confluent des croissances asiatiques et africaines, cherchent tous à remporter le « leadership » de la région. Dans cette course effrénée, Port-Louis ne fait pas exception. Loin s’en faut. Souvent pointé du doigt pour son manque de productivité, le port de l’île Maurice consacrera dans les cinq prochaines années 8,5 milliards de roupies (212,5 M€) à sa modernisation. Port-Louis pourrait ainsi devenir un véritable port d’éclatement. Un point d’entrée qui doit contribuer à faire de l’île une plate-forme régionale entre l’Asie et l’Afrique.

Un terminal agrandi dès 2016

À l’heure actuelle, le port dispose d’un quai de 560 m et d’un tirant d’eau de 14,5 m. Mais les travaux d’agrandissement, sur 27 mois, qui ont démarré à la fin de l’année dernière, devraient permettre au quai d’atteindre une longueur de 800 m. En parallèle, des travaux de dragage seront entrepris pour porter le tirant d’eau à 16,5 m. « Une fois le quai agrandi, le port pourra accommoder simultanément deux gros-porteurs de plus de 300 m, précise Maurice Allet, le président de Mauritius Port Authority (MPA). Sa capacité actuelle est un navire de 300 m et un autre de 175 à 200 m. »

L’objectif est de devenir le principal hub logistique pour transborder les conteneurs destinés à l’Afrique. « Les lignes maritimes opèrent déjà des porte-conteneurs d’une capacité de 8 000 EVP et plus dans notre région. Mais de nombreux ports en Afrique ne peuvent pas les accueillir à cause d’un tirant d’eau inadéquat. Ce type de navires requiert un tirant d’eau d’environ 16,5 m de profondeur. Nous avons redoublé d’effort pour qu’en 2016 Port Louis puisse accueillir ces navires », explique Shekur Suntah, directeur général de la MPA.

Pour l’heure, Port Louis traite 110 000 EVP (sur 770 000 EVP environ du commerce intrarégional de conteneurs) qui sont destinés aux îles voisines, à l’Australie et à l’Afrique de l’Est. L’ambition des dirigeants est d’augmenter ce volume de transbordement pour le faire passer à 500 000 EVP autour de 2020, voire 745 000 EVP en 2025. « Nous offrons des prix incitatifs pour encourager les navires à faire leur transbordement à Maurice. Nos tarifs sont parmi les meilleurs au monde », ajoute Maurice Allet, président de la MPA.

Concurrencer Durban

L’émulation est entretenue par les travaux engagés dans les ports voisins, notamment celui de Durban: « Les autorités sud-africaines ont décidé d’un gros programme de développement portuaire pour le port de Durban, le plus actif d’Afrique. Ce programme prendra fin en 2018. Les développements enclenchés dans le port de Port-Louis doivent donc être impérativement achevés pour être opérationnels en 2016 afin de ne pas perdre le trafic », explique-t-on au sein de MPA. Une stratégie d’autant plus agressive qu’elle est encouragée par l’actuelle saturation du port africain. « En Afrique du Sud, les navires peuvent attendre jusqu’à deux jours, contre trois à six heures ici ». Lucratif, le transbordement connaît une véritable explosion dans l’océan Indien. Dans ces eaux transitent plus de 30 % du commerce mondial de conteneurs et 60 % des pétroliers. Et ce n’est pas fini. Selon une étude de l’AIMS 2050, le trafic de conteneurs en Afrique subsaharienne devrait être multiplié par 14 en 20 ans, ce qui le ferait passer de 38 MEVP en 2020 à 176 MEVP en 2040.

Développer le soutage…

Autre axe de développement important: l’approvisionnement en carburant des navires, ou soutage. Là encore, Port Louis veut profiter de sa position stratégique. « Il y a un flux massif de trafic de la Chine vers l’Afrique et de la Chine vers l’Amérique du Sud qui va continuer dans le temps. Il y a à peu près 25 000 à 35 000 navires qui passent tous les ans près de Maurice entre le détroit de Malacca et le Cap. Toutefois, nous n’accueillons que 3 600 d’entre eux », souligne Shekur Suntah. Le trafic est donc là. Et les besoins aussi. Pour l’heure les stations « bunker » dans la région sont celles de Durban, Singapour, Salalah et Fujairah. Mais cela pourrait ne pas suffire.

Pour faire face, MPA a alloué des terrains dans le port à différentes compagnies pour augmenter le stockage du bunker sur Port-Louis. D’ici la fin de l’année, la capacité de stockage passera à 280 000 t, contre 150 000 t actuellement. Dans ce secteur, l’île souhaiterait s’imprégner du modèle de Bunker Port de Gibraltar. En 2011, sur les 10 000 navires qui sont passés par le détroit, 6 000 ont été avitaillés, ce qui fait de Gibraltar le quatrième site mondial pour le soutage.

L’économie de l’île tout entière pourrait bénéficier de cette nouvelle spécificité. « À titre d’exemple, une plate-forme pétrolière qui s’arrête deux jours dans le port pour l’avitaillement prend environ 3 000 t de bunker, procède au chargement de son équipage et se ravitaille aussi en eau potable, en provisions. Cela injecte environ 25 à 50 millions de roupies dans l’économie », poursuit le directeur général.

…et la croisière

En parallèle, la MPA construit également une gare maritime pouvant accueillir les croisiéristes et les passagers interîles. Le projet comprend l’aménagement d’un bâtiment qui incluera un terminal passagers et des bureaux, un espace commercial, des aires de stationnement… En 2015, Costa Croisières réalisera neuf escales à l’île Maurice et six en 2016. Les autorités mènent actuellement une campagne agressive pour attirer d’autres acteurs dans le domaine. L’objectif est de faire venir 20 000 passagers en 2015, 50 000 en 2020 et 100 000 en 2025.

Port-Louis en chiffres

Vital pour l’économie mauricienne, le port de Port-Louis représente 2 % du PIB et 99 % du commerce extérieur du pays. Il est géré par la Mauritius Port Authority (MPA) qui a contribué à son essor au cours des cinq dernières années. Après avoir réalisé sa meilleure performance financière en 2013, le port a poursuivi sur sa lancée l’an dernier. Entre janvier et septembre, le trafic total a ainsi progressé de 5,2 %, puis de 8,4 % pour les conteneurs et de 20,9 % pour le transbordement. Côté soutage, 1 014 navires se sont arrêtés pour s’approvisionner en carburant, contre 841 à la même période en 2013 (+ 21 %). En termes de volume, le port a réalisé 144 000 t de bunker contre 136 000 t un an plus tôt. Enfin, l’activité croisières est également en hausse. Sur cette même période, le trafic de passagers est passé de 11 318 en 2013 à 12 846 (+ 13,5 %).

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