Carthagène est le plus en pointe des ports colombiens. Il multiplie les investissements pour devenir le premier hub de la Caraïbe.
De semaine en semaine, les annonces se suivent: dragage du chenal d’accès à 17 m de profondeur, record battu en matière de conteneurs, visite de l’ambassadeur d’Allemagne en Colombie, puis d’une délégation chinoise, record des escales des paquebots de croisière… Carthagène des Indes tient haut la main le premier rang des ports colombiens, hors trafic de charbon. Son trafic a atteint l’an dernier 21,3 Mt, en hausse de 9,9 % par rapport à l’année précédente.
Le port tient à garder sa place. Alors que la côte panaméenne ne permet pas la réception des arrivages d’Asie, c’est Carthagène qui se positionne clairement en la matière et ambitionne désormais de devenir le principal hub de la Caraïbe. Le port est déjà le quatrième d’Amérique latine pour le trafic de conteneurs derrière Colon et Balboa au Panama, et Santos au Brésil. Pour atteindre ses ambitions, il creuse son chenal d’accès afin de le faire passer de 14 m à 17 m, a agrandi ses deux terminaux à conteneurs et les a équipés des dernières grues les plus productives. L’objectif d’ores et déjà affiché est d’atteindre les 5 MEVP par an dès que Panama aura terminé les travaux d’agrandissement de son canal. En 2014, les mouvements de conteneurs ont déjà représenté plus de 2 MEVP.
Nouveau terminal fluvial
Les regards de l’autorité portuaire se tournent aussi vers l’intérieur du pays. Alors que l’État a annoncé la réhabilitation du fleuve Magdalena qui relie Bogota à Barranquilla, à une centaine de kilomètres plus à l’Est, Carthagène vient d’annoncer fin janvier un investissement de 200 M$ dans le port de Gamarra, à mi-chemin entre la capitale colombienne et la côte caraïbe. Sur 365 ha, elle va y aménager son propre terminal qu’elle utilisera comme plate-forme pour mieux desservir son hinterland. Les compagnies étrangères ont bien compris que Carthagène est le port où s’installer. Plusieurs y ont déjà leurs propres terminaux, comme Dow Chemicals et BASF, les cimentiers Argos et Cemex, DuPont… À l’automne dernier, l’Allemand Bayer et le Nord-Américain Ford ont aussi annoncé l’installation sur le port colombien de leurs centres de distribution pour l’Amérique latine.
Carthagène est aussi un port pétrolier qui s’appuie sur la raffinerie Reficar, filiale de la société colombienne Ecopetrol. Sa capacité actuelle est de 75 000 barils/jour. Un vaste chantier d’agrandissement du site est en cours d’achèvement. D’ici l’été, la production passera à 165 000 barils/jour.
Quant aux croisières, là encore, Carthagène tient le haut du pavé. Elle a battu son record d’escales et de passagers en 2014 et annonce d’ores et déjà, pour 2015, 105 paquebots et leurs 150000 passagers. « Carthagène a le potentiel pour être le centre névralgique des croisières d’Amérique latine », a souligné Jorge Vilches, président de Pullmantour Cruceros, en annonçant le mois dernier de nouvelles escales de ses paquebots dans le port colombien.
Dans ce domaine aussi, d’énormes investissements sont réalisés: extension des quais pour accueillir davantage de navires et aménagements des terre-pleins pour faciliter le débarquement, l’accueil et le transfert des passagers. Côté croisiéristes, ceux déjà présents, comme Pullmantour, augmentent le nombre de leurs escales. Et de nouveaux clients pointent leur nez, comme l’Allemand TUI Cruises.