Le port de Barranquilla se décline en 25 concessions sur les rives du fleuve Magdalena, à une vingtaine de kilomètres de la mer. La plus importante d’entre elles est la Société portuaire de Barranquilla, qui traite à elle seule les deux tiers du trafic.
La réhabilitation du fleuve Magdalena va donner un nouveau souffle à Barranquilla. « Jusqu’à présent, tout le transport des marchandises se faisait par camions, indique Catherine Desmoineaux, chargée de la communication de la société portuaire. Mais cela coûte très cher, à cause des distances et de la mauvaise qualité des routes. » Elle donne l’exemple d’un conteneur dont le transport est moins coûteux depuis la Chine que depuis Bogota. Le fleuve facilitera la circulation des marchandises. Mais le chantier est vaste. « Il y a bien 12 m à l’embouchure, mais cela descend à 7 m, 5 m, 3 m après le pont. »
Une première tranche de travaux va permettre de réaménager le fleuve sur ses 600 premiers kilomètres, jusqu’à Puerto Salgar, distant de 200 km de Bogota et Medellin. Les 200 derniers kilomètres jusqu’à la capitale se feront dans une seconde tranche.
Un autre projet tout aussi ambitieux concerne l’embouchure même du fleuve. Alors que la réouverture du canal de Panama va entraîner un besoin de quais en eaux profondes pour recevoir les post-Panamax, Carthagène s’est déjà positionnée et équipée et devrait être l’un des trois principaux hubs de la Caraïbe. Mais Barranquilla compte prendre sa part de ce trafic. Une réflexion est en cours pour un port en eaux profondes à l’embouchure du fleuve Magdalena, à Bocas de Cenizas. « Ce serait un hub concurrent de Carthagène », indique Catherine Desmoineaux. Les études sont prêtes, le chantier pourrait commencer avant la fin de cette année.
Autre projet encore, mais à l’échelle gouvernementale cette fois. Le port de Rotterdam s’intéresse au port de Barranquilla et souhaiterait le racheter. Au ministère du Transport colombien, on souligne que cet intérêt est suscité par le fait que « Barranquilla est un port industriel, qui donne de la valeur ajoutée aux produits. »
Plate-forme logistique
Quant à la Société portuaire de Barranquilla, principal opérateur du port, elle projette de son côté plusieurs aménagements. Alors qu’elle dispose d’un bassin à flot qu’elle n’utilise pas, ses plus de 1 000 m de quais suffisant à son activité, elle prévoit de récupérer la surface de ce bassin en le comblant et l’asséchant. « Au total, nous avons 94 ha, indique Catherine Desmoineaux. Nous allons utiliser cet espace pour le transformer en plate-forme logistique que nous proposerons à nos clients. Nous allons offrir des services, pas seulement du chargement et déchargement, mais aussi du stockage et du groupage. » Et en réserve, la société portuaire dispose encore de 700 m de concession qu’elle n’utilise pas. Pas encore…
Le trafic se partage entre 31 % de céréales, 32 % de conteneurs, 17 % de coke, le reste étant constitué de métaux, tubes, etc. Les règles environnementales se sont durcies ces dernières années en Colombie concernant les manutentions de charbon. Les bandes transporteuses couvertes représentaient un investissement trop élevé, la société portuaire a préféré abandonner le charbon pour ne plus s’occuper que du coke. Là encore, elle prévoit de construire un quai flottant sur le Magdalena pour le charger.