Il n’aura pas fallu deux ans entre la décision de créer un terminal à conteneurs et sa mise en service. Escaut Valenciennes Terminal, situé à Bruay-sur-l’Escaut, au nord-est de Valenciennes, dont l’exploitation a démarré en octobre, vient d’être inauguré. Cet équipement, dont l’investissement (9,5 M€) a été financé sur fonds publics essentiellement, répond à la demande des industriels du Hainaut français (automobile, métallurgie, agroalimentaire), qui disposaient déjà de quais pour le vrac, mais pas pour les trafics conteneurisés à l’import comme à l’export.
Bien relié à la route vers Lille, Paris et Bruxelles, il compte un quai fluvial de 200 m et dispose d’un accès ferroviaire, inutilisé aujourd’hui. Il est doté d’un portique polyvalent de type rhénan, le plus grand au nord de Paris, avec une hauteur sous spreader de 12,5 m et dont l’avant-bec de 22,5 m permet le traitement simultané de deux barges amarrées à couple. L’engin peut effectuer 20 mouvements par heure. Le système électrique intégré au terre-plein permet le stockage des conteneurs frigorifiques. Entièrement clôturé et contrôlé selon la norme ISPS, le terminal devrait obtenir sous peu son statut d’opérateur économique agréé (OEA). Sur le site, 2 400 EVP ont été manutentionnés en novembre, 2 200 EVP en décembre. Trafic attendu ces prochains mois: entre 2 500 EVP et 3 000 EVP par mois.
L’exploitation confiée à Contargo
Propriétaires, réunis au sein du syndicat mixte Docks Seine Nord Europe Escaut, la CCI et Valenciennes Métropole ont délégué l’exploitation du terminal à Contargo (ex-CCES) pour une durée de douze ans. Ce dernier opère déjà sur le petit terminal de Prouvy, en amont du terminal de Valenciennes-Bruay, et propose déjà des services combinés fluvial-route en direction des ports de Rotterdam, Terneuzen et Anvers.
Traditionnellement tournés vers la Belgique et les Pays-Bas, les industriels du Valenciennois profiteront peut-être de ce nouveau terminal pour regarder vers Dunkerque, avec l’ouverture par Nord Ports Shuttle de nouvelles liaisons vers la plate-forme multimodale de Dourges (Lille) et le port de Dunkerque, « courant 2015 ». « L’ouverture d’Ocean 3 rend Dunkerque plus intéressant à l’export comme à l’import: on gagne une semaine par rapport à certains ports belges à l’import », justifie Ferenc Szilagyi, de CFT, qui cite aussi les avancées en matière de simplification des procédures douanières (TVA, procédure fluvio-maritime…). « Cela permet de gommer un désavantage des ports français vis-à-vis des Belges », résume Gautier Hotte, directeur du syndicat mixte.
Ouvert à tous les opérateurs de transport combiné, le nouveau terminal intéresse des acteurs déjà implantés sur place comme le Japonais K-Line, transporteur historique de l’usine Toyota d’Onnaing, mais aussi Danser ou CFT. Côté chargeurs, de nouveaux clients de Contargo devraient utiliser le terminal, dont Railtech Delachaux (équipement ferroviaire) ou Royal Canin (alimentation animale), à l’export.
Perspectives de développement
La CCI et les opérateurs multiplient les prises de contacts avec les chargeurs pour les encourager au report modal: le terminal dispose d’une capacité de 85 000 EVP, soit près de trois fois le volume transporté en combiné fluvial-route dans le Valenciennois. Il y a de la marge: le territoire concentre 75 % des trafics de conteneurs maritimes en Nord-Pas de Calais. La CCI a déjà sollicité ses partenaires publics pour engager une phase d’extension, qui porterait la capacité du site à 120 000 EVP par an. Parallèlement, le syndicat mixte lancera ces prochains mois les travaux de modernisation du quai public de Denain, qui sera doté d’une nouvelle rampe de chargement vrac. « Les ports de Valenciennes ont vu transiter 800 000 t de marchandises en 2014, dont 90 % de vrac », note Francis Aldebert, président de la CCI. « Les perspectives de développement sont considérables. »