Retour de manivelle pour le géant du trafic conteneurisé du port de Rotterdam. Après avoir mené une bataille juridique sans succès contre la société d’exploitation portuaire néerlandaise, ECT, filiale du groupe hongkongais Hutchinson Whampoa, est à son tour au centre d’une enquête menée par les autorités de la concurrence des Pays-Bas. Principal opérateur du port de Rotterdam, ECT assure aujourd’hui quelque 70 % des trafics de conteneurs débarquant dans le premier port maritime européen. Une place de choix qu’il aurait utilisé à mauvais escient, selon le gendarme de la concurrence.
Une enquête ouverte depuis plusieurs mois a déjà donné lieu à des perquisitions dans les locaux de l’entreprise. Des documents et des ordinateurs ont été saisis. Les soupçons portent sur un abus de position dominante.
L’affaire remonte à l’été dernier. Du fait de l’installation laborieuse de nouveaux portiques, le terminal ECT doit faire face à une situation d’engorgement critique au niveau des transbordements. Par un effet domino, les barges en attente de fret destiné à l’acheminement intérieur doivent prolonger leur mouillage à Rotterdam. Autant de frais que ces armateurs répercutent à leurs clients.
Une situation dont aurait profité indûment ECT en recourant à des moyens déloyaux, selon les incriminations des autorités. Également à la tête de la flotte fluviale European Gateway Services, l’exploitant de terminaux peu scrupuleux aurait en effet donné un accès prioritaire aux bateaux de sa filiale, ce qui lui aurait permis de facturer sans supplément ses prestations d’armateurs. De quoi fausser la concurrence pour s’arroger davantage de clients.
Pour l’heure, ECT rejette en bloc ces accusations de manipulation du marché. « L’entreprise n’a abusé d’aucune position dominante », se contente-t-on d’indiquer au siège. Sauf que dans la lettre envoyée des bureaux d’ECT, il était clairement indiqué que « le trafic d’European Gateway Services est conforme au planning sans supplément à acquitter ».
Deuxième déconvenue juridique en quelques mois pour ce groupe, ECT a été débouté en septembre dans le litige l’opposant à la société d’exploitation du port de Rotterdam. ECT avait réclamé 900 M€ de dommages et intérêts à un tribunal de Rotterdam.
Le port n’a pas enfreint les règles
Mais contrairement à ses allégations, le port de Rotterdam n’a pas enfreint les règles de la concurrence au cours de la procédure d’allocation de nouvelles concessions dans la nouvelle zone portuaire Maasvlakte 2. Selon ECT, ces arrivants – au rang desquels figurent Rotterdam World Gateway et APMT – ont bénéficié de conditions plus favorables pour bâtir leurs terminaux. Sans compter des accusations selon lesquelles les autorités du port auraient bafoué le droit de préemption d’ECT sur l’acquisition de ces terrains.
En outre, ECT a exigé le gel des nouvelles concessions accordées dans le port de Rotterdam. Autant d’exigences au moment où une situation de surcapacités inondait le secteur du transport conteneurisé, à laquelle il n’a été donné aucune suite.