Lisbonne va opérer un véritable saut qualitatif et quantitatif en matière de fréquentation de paquebots de croisières. L’actuel terminal de Santa Apolonia, situé à environ 1,5 km de la place centrale de la capitale portugaise, sur le Tage, est essentiellement consacré au transit. « À peine 10 % de notre activité concerne le home-port. otre objectif est que l’embarquement et le débarquement des passagers atteignent 30 % à 40 % de notre activité. Lisbonne doit devenir un port d’arrivées et de départs, et non plus seulement de transit », explique le directeur général de LCT (Lisbon Cruis Terminals). Ce consortium a remporté l’appel d’offres international pour la construction d’une nouvelle gare maritime, et la gestion des opérations pour 35 ans. Le contrat de concession avec l’APL (Autorité portuaire de Lis bonne) a été signé en juillet 2014. LCT, au capital social de 250 000 €, est de dimension modeste. Mais cette société est composée d’entreprises solides, de dimensions internationales et au savoir-faire indiscutable. Le principal actionnaire est Global Liman Isletmeleri AS, filiale de la société turque Global Ports Holding (GPH), qui s’est associée au géant américain, no 2 mondial, Royal Caribbean, aux Espagnols de Creurs de Barcelona et au Portugais Sousa. « Le nouveau terminal de Lis bon ne sera opérationnel qu’en juillet-aout 2016, conformément aux délais fixés par le cahier des charges au consortium Lisbon Cruise Terminals. Le projet de la nouvelle gare maritime, confié à l’architecte de renom Carrilho da Graça, a été élaboré avec l’administration du port de Lisbonne. Suite au contrat de concession en 2014, LCT a dû revoir des aspects opérationnels mieux adaptés à son projet. La phase de lancement des candidatures pour le maître d’œuvre est imminente. Le chantier pourra débuter en avril 2015 », précise le jeune directeur général. Selon Ricardo Ferreira, l’ouvrage ne présente aucune difficulté particulière, si l’on excepte ses audaces architecturales, car les quais existent déjà. Il s’agit d’un édifice terrestre qui n’oblige pas à toucher au domaine maritime. Le projet prévoit deux phases: la partie gare maritime proprement dite, qui sera conclue en juillet 2016, et la partie des aménagements urbains et paysagers, qui eux prendront fin en 2017. Le terminal entrera en fonctionnement à mi parcours. L’investissement total du consortium s’élève à 23 M€. Un financement jugé suffisant par le directeur général de LCT qui se dit confiant sur la bonne marche des travaux. De son côté, la mairie de Lisbonne va se charger de l’aménagement des voies d’accès et de la façade le long du Tage. Un appel d’offres a été lancé pour la rénovation du quai des Cebolas, qui fait la jonction avec la grande place du Terreiro do Paço. La rive du Tage dans la partie ouest de la capitale portugaise va changer radicalement. On sait déjà que trois hôtels vont voir le jour dans des édifices historiques rénovés. LCT n’a aucun projet d’investissement de ce genre en cours, a confirmé Ricardo Ferreira.
« Il faut que l’offre soit à la hauteur »
« Notre stratégie est claire: créer de très bonnes conditions d’accueil des passagers. Les études montrent que les croisiéristes qui passent à Lisbonne sont déjà venus une ou deux fois, parfois trois. ous ne pouvons pas leur offrir toujours la même perspective, les mêmes circuits. Pour que la demande évolue, il faut que l’offre soit à la hauteur. C’est pourquoi nous avons créé un groupe de travail avec les différentes entités concernées – aéroport, sécurité maritime, pilotage, mairie, tourisme, etc. – afin d’optimiser et de diversifier les offres », explique Ricardo Fer reira. Le nouveau terminal, du nom de Jardim do Tabacco (jardin du tabac), permettra d’accueillir simultanément deux paquebots de grands ports. « Nous passons à une échelle différente. Aujourd’hui, le traitement de 1 000 passagers en home port doit pouvoir passer à 10 000 si besoin », affirme Ricardo Ferreira. Le dispositif pourra être complété par l’amarrage de deux navires supplémentaires au terminal jouxtant de Santa Apolonia. Le nouveau projet occupera une superficie de 13 ha, alors que le quai atteint 1,5 km de longueur. « Nous devons pouvoir accompagner la tendance des grands navires qui accueillent entre 6 000 et 10 000 passagers. Surtout, nous devons être flexibles, penser le futur pour pouvoir être toujours opérationnel dans 35 ans, la fin de notre concession », ajoute le d.g. de Lisbon Cruis Terminals. Selon l’accord passé avec l’APL, deux autres terminaux sous sa responsabilité pourront être réquisitionnés si nécessaire, le terminal d’Alcântara et le terminal du quai da Rocha (les deux étant situés à l’ouest de Lis bonne, plus près de l’embouchure du Tage). La concession prévoit le versement de 300 000 € annuels auxquels s’ajoutent un barème par passager et le paiement des services maritimes et portuaires.
Lisbonne, géographiquement bien située
GPH (Global Ports Holding) assume sa prise de risque à hauteur de 40 % pour financer le projet. L’entreprise veut se développer, et Lisbonne est géographiquement bien située entre la Méditerranée et l’Europe du Nord. L’association avec le second groupe mondial Royal Carribean et Barcelone, la plate-forme de croisières la plus importante en Europe, sont de précieux atouts pour un développement des routes de croisières. Lisbonne est aussi le premier port sur la façade Atlantique, attrayante pour le marché des États-Unis et surtout pour le Brésil, une route en net développement. La capitale portugaise, grâce à ses excellentes liaisons aériennes avec l’Amé rique du Sud et en particulier le Brésil, devient particulièrement intéressante dans une perspective de départs et d’arrivées de croisières pour ces passagers avides de découvrir le Vieux Continent. Lisbonne connaît un développement sans précédent de son tourisme, avec une progression (en fréquentation) de 6 % à 8 % par an depuis 2009. En termes de croisières, les résultats sont plus nuancés. L’année 2014 s’est soldée par un total de 500872 passagers, soit 10 % de moins qu’en 2013. Une année qualifiée d’atypique, (après une hausse de la fréquentation observée depuis 2010) principalement due aux mauvaises conditions climatiques de l’hiver 2014. Toutefois, le port de Lisbonne et les transporteurs misent sur une reprise en 2015, avec une croissance de 3 %. Au sein de LCT, Royal Carribean a déjà annoncé son intention d’ouvrir de nouvelles routes. Mais sur le quai du Jardin du Tabac, Ricardo Ferreira se montre prudent. « Il est trop tôt pour parler des projets des différentes sociétés du groupe. ous som mes dans l’inconnu, notamment en raison du prix des combustibles. otre priorité est de réaliser le chantier du terminal et de créer les bonnes synergies pour améliorer l’offre touristique et valoriser la destination, et, à court terme, le point de départ ou d’arrivée Lisbonne », conclut Ricardo Ferreira.