Abidjan, le hub du milieu du range

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Venue présenter les atouts et les projets de développement à Paris le 3 février, la communauté portuaire d’Abidjan a exposé ses ambitions. L’idée est de faire du port ivoirien le hub de la côte occidentale d’Afrique.

« Sur le range de Tanger à Durban, le Port autonome d’Abidjan occupe une position centrale », a commencé par expliquer Hien Yacoub Hsié, directeur général du Port autonome d’Abidjan (PAA). Une position stratégique que le port veut utiliser pour réaliser ses ambitions. Avec 6 km de quai opérationnels, le port ivoirien voit grand dans de nombreux domaines.

Le premier de ces projets concerne le Terminal à conteneurs 2. Concédé au groupement formé par APMT et Bolloré, il doit être opérationnel en 2018. « Les travaux d’infrastructures, relevant de l’autorité portuaire, sont prévus de démarrer en juin. Ils seront livrés aux opérateurs en juin 2017. Ils disposeront d’un an pour ouvrir le terminal », a continué le directeur général du PAA. Ce nouveau terminal sera capable d’accueillir des navires de 16 m de tirant d’eau contre 12 m actuellement. « Avec ce nouveau terminal nous entrerons dans le cercle des grands ports en eau profonde de la région. » Fort de ces investissements, le PAA souhaite devenir le hub de l’Afrique de l’Ouest. Actuellement sur les 650 000 EVP que traite le port, 9 %, soit environ 58 500 EVP, sont réalisés en transbordement. Avec le trafic ivoirien, la direction du PAA pense avoir un pouvoir d’attrait pour d’autres opérateurs sur son port. « Avant, sur le détroit de Gibraltar, seul Algésiras jouait le rôle de hub. Quand Tanger Med s’est construit, beaucoup ont été sceptiques sur le décollage du port marocain. Aujourd’hui, Tanger Med réalise un trafic de 3 MEVP en transbordement, ce qui démontre la pertinence d’avoir plusieurs hubs dans une même région », explique Hien Yacoub Hsié. Alors, face à Dakar, Lomé, Kribi ou Pointe Noire, Abidjan pourrait prendre une place en plein cœur de ce dispositif.

Ce projet de nouveau terminal à conteneurs s’accompagnera d’une opération qui concerne l’ensemble du port, l’élargissement du canal de Vridi. Celui-ci permet de relier les quais à la mer. Ce projet, d’un montant de 207 M€, garanti un tirant d’eau de 16 m pour les navires entrant à Abidjan. « Le financement est presque bouclé, a assuré le directeur général du PAA. Nous pensons qu’il sera opérationnel en 2017. » Le projet comprend le prolongement de la digue Ouest et le déplacement de la digue Est de façon à permettre aux navires de plus de 250 m d’accéder facilement au port.

Les travaux du TC2 démarreront en juin

Outre le terminal à conteneurs, celui pour les minerais devrait aussi profiter de l’approfondissement du chenal d’accès. Parmi les projets présentés figure aussi la création d’un terminal minéralier. Ce projet est doté d’un investissement de 76 M€ qui sera financé en partenariat public-privé. Il doit être réalisé dans les prochaines années pour être opérationnel en 2017. Il doit être apte à recevoir des navires de 13,5 m de tirant d’eau. La création de ce terminal vient « de l’intérêt grandissant des professionnels du secteur pour Abidjan », a justifié le directeur général du PAA. L’ouverture de mines depuis quelques années au Burkina Faso, au Niger et au Mali nécessite de nouveaux ports de sortie. Actuellement, Abidjan ne peut recevoir des navires que d’un tirant d’eau de 8 m. « En ouvrant un terminal avec 13 m de tirant d’eau, nous offrirons un point de sortie privilégié pour ces opérateurs. » La construction de ce terminal minéralier se fera par remblaiement de 9 ha de quais et l’aménagement d’une zone de stockage couverte.

« La Côte d’Ivoire demeure un grand pays agricole de la façade Ouest de l’Afrique. Nous produisons du café, des noix de cajou, des bananes et nous réceptionnons des céréales. Nous avons donc besoin de terminaux céréalier et fruitiers efficaces. » Un projet onéreux qui s’élève à 45 M€. Financé sous forme de PPP, le projet n’a pas encore bouclé son tour de table. Il prévoit notamment la construction de nouveaux quais sur 400 ml et d’un espace de stockage en arrière. Un terminal qui pourra accueillir des navires de type Panamax avec un tirant d’eau de 15 m. Aujourd’hui limité à 9 m, le terminal céréalier d’Abidjan ne dispose pas d’outils modernes.

En venant à Paris, la communauté portuaire d’Abidjan a présenté ses différents projets et ses besoins en financement. Pour le directeur général du PAA, la participation du privé est importante. « Dès lors que nous pouvons investir par emprunt obligataire, nous le faisons. Ainsi sur le terminal à conteneurs, l’État a emprunté auprès de l’Exim Bank. Nous sortons d’une crise importante et le gouvernement doit gérer ses priorités au plus près. Parmi elles figurent l’éducation en Côte d’Ivoire et la santé. Nous devons donc travailler à mieux gérer nos ressources pour optimiser nos investissements. »

Travailler sur la décongestion du port

Doter le port d’infrastructures n’est pas la seule et unique alternative pour positionner Abidjan parmi les grands ports maritimes de demain. L’évacuation des marchandises des ports reste un sujet majeur. Face à ce phénomène de congestion de la zone portuaire, le port travaille actuellement à offrir une troisième sortie pour réduire la saturation. Le besoin d’espaces pour garer les camions et d’entrepôts logistiques se fait aussi sentir. Le port a mis en réserve foncière plusieurs terrains et notamment la création d’un parking à 10 km du port pouvant accueillir mille camions. « Il nous reste à trouver un partenaire financier pour mettre en place un PPP », souligne Hien Yacoub Hsié. De plus, la construction d’un troisième pont entre la zone portuaire (située sur la commune de Treichville) et le centre-ville permettra de désengorger le trafic. Enfin, le port dispose d’un outil ferroviaire avec Sitarail, société exploitée par le groupe Bolloré. La réhabilitation de la ligne entre Abidjan et le Burkina Faso est en cours. L’extension de ce réseau vers d’autres centres miniers et industriels burkinabés et le Niger reste d’actualité. Les tensions politiques au Burkina Faso n’empêchent pas les gouvernements de Côte d’Ivoire et du Burkina Faso de travailler sur ce projet. Avec ce projet de réhabilitation, le port envisage la création d’un port sec pour assurer la fluidité du trafic.

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