Dans le sud de l’Afrique, les ports sud-africains dominent. Une position qui ne devrait pas être remise en cause dans les prochaines années. La concurrence avec les ports voisins devrait s’intensifier si les investissements prévus voient le jour. L’Angola, la Namibie, le Mozambique, le Kenya et la Tanzanie mettent en place des stratégies pour améliorer leurs services portuaires et leurs infrastructures de transport. Transnet, qui opère et gère les huit ports sudafricains, reste confiant dans le fait que le pays ne devrait pas perdre de parts de marché tout de suite compte tenu de l’avance qu’ils ont pris au fil des années. Cependant, le besoin de créer de nouvelles capacités est devenu une réalité, tout comme la nécessité d’agir en anticipation d’une demande en croissance.
Les développements récents, comme la fin de la refonte de la ligne de chemin de fer entre Lobito et la Zambie, son extension probable vers Dar es Salaam en Tanzanie et le transfert de marchandises depuis Mpumalanga et Gauteng vers le port de Maputo sont des signes que Transnet ne doit pas omettre sans non plus se contenter de son statut.
Le développement portuaire de la région montre que les investissements dans les ports et les infrastructures, et notamment par les entreprises chinoises, vont durcir la concurrence. Un rapide tour d’horizon des prévisions d’investissements dans les ports de la région montre la nouvelle donne qui va se jouer. En Tanzanie, après une décennie de croissance économique, le gouvernement a décidé d’investir dans cinq zones au travers de partenariats public-privé et notamment dans les ports. À Dar es Salaam, qui traite une grande partie du trafic pour les pays enclavés, le manutentionnaire Hutchison Ports a prévu 30 M$ dans des équipements portuaires. De plus, le projet de port à Bagamoyo, qui prévoit un investissement de 11 Md$ financé par China Merchants, devrait démarrer prochainement. Au Kenya, le port de Mombasa a enregistré une croissance importante mais aussi des mouvements sociaux et une congestion notables. Le port demeure un outil essentiel pour la région avec un trafic ferroviaire en croissance vers le Rwanda, le Burundi et l’Ouganda.
Mombasa et Lamu font émerger le Kenya
L’approfondissement du chenal d’accès et la construction d’un second terminal à conteneurs devraient dynamiser le trafic. Le projet de Lamu et son corridor avec l’Éthiopie et le Sud Soudan pourrait devenir le plus grand projet d’ingénierie civile jamais construit dans ce pays.
Au Mozambique, les autorités envisagent d’investir 3 Md$ pour porter la capacité du port de Maputo à 40 Mt en 2020, et de transférer une partie du trafic depuis la route vers le ferroviaire. Le port sera dragué pour offrir un tirant d’eau de 14 m, trois nouveaux quais seront construits. Parallèlement, la CFM, opérant le chemin de fer mozambicain, a prévu d’investir 2 Md$ dans des infrastructures et du matériel roulant pour accroître sa part de marché dans les pré et post-acheminements. La découverte de ressources minières et gazières a porté le Mozambique en tête des pays qui reçoivent des investissements étrangers en Afrique. Un nouveau terminal charbonnier est en construction à Nacala avec une voie de chemin de fer de 900 km vers le champ minier de Moatize, concédée au groupe minier brésilien Vale.
Walvis bay, l’alternative
Sur la côte du sud-ouest de l’Afrique, une concession pour la construction d’un terminal à conteneurs – avec un quai de 600 m, une voie de chemin de fer et un agrandissement du terminal – a été attribuée à China Harbour Engineering Company sur le port de Walvis Bay. Le financement est assuré en partie par l’African Development Bank (ADB). Ce port dispose d’une position privilégiée puisqu’il est le seul port entre Le Cap et Lobito. Un nouveau port situé à cinq kilomètres au nord de Walvis Bay (Le Southern African Development Community Gateway Port) devrait entrer en opération en 2015, soit un an avant l’échéance. Avec l’ambition d’être la porte d’entrée pour les pays enclavés de la zone méridionale de l’Afrique du Sud-Ouest, la première phase de ce nouveau port comprendra un poste pétrolier, un pipeline et des capacités de stockage de produits pétroliers. Ce nouveau port vise aussi à prendre des parts de marché dans les trafics charbonniers depuis le champ minier du Botswana de Mmamabula grâce à la liaison ferroviaire Trans-Kalahari qui relie ce champ au port sur 1 500 km. En outre, pour aller chercher du fret plus loin, le port de Lobito cherche à se placer pour exporter les richesses minières de la RDC et de la Zambie avec la construction de la ligne ferroviaire Benguela. Elle a été complètement reconstruite par la China Railway Construction pour un montant de 1,8 Md$. De plus, un investissement de 1,2 Md$ pourrait faire de Lobito une place majeure de l’économie minière d’Afrique méridionale. Il est prévu de construire un terminal à conteneurs, un terminal minéralier et des entrepôts logistiques en plus de la réfection de la ligne ferroviaire. Actuellement, les exportations minéralières sont réalisées par le port de Richard’s Bay, 8 000 km au sud. Lobito veut se placer comme une alternative à cette solution.