Depuis janvier 2015, le prix du pétrole de la mer du Nord (Brent), coté à Londres tout comme celui coté à New York (WTI), se situe sous la barre des 50 $. Il faut remonter à 2009 pour retrouver d’aussi faibles niveaux. Depuis juin 2014, les cours du pétrole à Londres et New York ont chuté d’environ 50 %. Ce plongeon s’explique par une abondance de l’offre consécutive à l’essor de la production américaine de pétrole de schiste et à la décision de l’Organisation des pays producteurs de pétrole (Opep) de maintenir sa production au même niveau de 30 millions de baril par jour (Mbj). Il faut ajouter à cela les doutes sur la croissance mondiale, la force du cours du dollar. Il ne faut pas oublier non plus une faiblesse de la demande mondiale de pétrole avec une consommation réévaluée à la baisse par l’Agence internationale de l’énergie (AIE) à 93,3 Mbj en 2015 au lieu de 93,6 Mbj précédemment. Ce recul des cours met sérieusement à mal la profitabilité des pays producteurs car leurs revenus liés au pétrole fléchissent et la pression s’accroît sur leurs budgets nationaux.
Des conséquences économiques
Il en va ainsi de la Russie, troisième pays producteur et deuxième exportateur de pétrole. Avec un baril à moins de 50 $, la situation économique de la Russie devient difficile, et ce d’autant plus avec un rouble qui dévisse face au dollar et les sanctions économiques consécutives à la situation en Ukraine. La Russie pourrait entrer en récession en 2015 après une croissance de 0,6 % en 2014 et voir son produit intérieur brut (PIB) diminuer de 4 % à 5 %. Il en va de même pour l’Iran qui tire la majorité de ses revenus des exportations pétrolières. Le PIB de l’Iran pourrait se replier lui aussi de 4 % à 5 % en 2015. Avec un prix du baril inférieur à 50 $, les principaux pays producteurs du continent africain comme le Nigeria, la Libye, l’Angola, l’Algérie sont aussi en difficulté avec des revenus nationaux dépendant à hauteur de 70 % de la rente pétrolière. « La chute des prix mondiaux du pétrole pourrait atteindre les économies africaines bien davantage que l’épidémie d’Ebola et avoir des implications très importantes notamment dans les pays où sont prévues des élections en 2015 », indique Platts, l’un des leaders pour la fourniture d’informations pour le secteur de l’énergie dans une note datée du 14 janvier. Il en va ainsi du Nigeria avec une élection présidentielle organisée mi-février. Dans ce pays, la production de pétrole a déjà été réduite avec les vols dans le delta du Niger bien avant la chute des cours du baril. Les élections vont-elles produire un gouvernement en mesure de faire adopter des réformes clés dans l’industrie pétrolière, sans parler des problèmes socio-économiques et de sécurité à résoudre, interroge Platts? Au final, une majorité de pays producteurs auraient besoin d’un baril bien au-delà de 100 $ et non pas en dessous de 50 $. Et pour l’instant, rien ne laisse présager un renversement de la tendance baissière.