Sénalia a présenté le 9 janvier ses résultats sur la campagne céréalière qui s’est achevée le 30 juin. Avec 6,9 Mt traitées dans ses installations, le groupe a vu son volume progresser de 7 %. La campagne qui s’est ouverte en juillet 2013 n’a pas eu les trafics espérés au niveau des céréales mais a su trouver des progressions sur les métiers issus de la diversification.
L’exportation de céréales reste une activité dominante de Sénalia avec 50 % du chiffre d’affaires. Sur la dernière campagne, le blé a représenté 78 % des céréales et protéagineux exportés. Une part plus importante que l’an passé, lorsqu’il a pesé pour 69 %. La progression de 21 % des exportations de blé s’explique, selon la direction de Sénalia, par un retour à une récolte meilleure. « En 2012-2013, la campagne a été difficile en raison de la qualité des blés. » Pour le directeur général de Sénalia, Gilles Kindelberger, les résultats en blé auraient pu être meilleurs. En effet, sur les trois derniers mois de la campagne, l’activité s’est fortement réduite. Les acheteurs préférant les opérations FOB, « ce que Sénalia ne peut pas proposer », a souligné le directeur général du groupe.
Du côté des orges, les exportations sont en net retrait avec 466 000 t, soit une baisse de 37 % et ce malgré des développements sur des destinations comme le Koweït et la Jordanie.
Pour les orges de brasserie, le marché de la Chine n’a pas pu être attaqué comme souhaité. Les prix des matières premières, la qualité des produits et la concurrence avec l’Australie ont eu raison de ce débouché pour Sénalia.
Les exportations de céréales sont encore majoritairement destinées aux pays tiers. L’Algérie, le Maroc et l’Arabie Saoudite conservent leurs premières places d’exportations pour Sénalia. L’Algérie garde sa première place avec 46 % des exportations (contre 44 % l’an passé). Le Maroc reste en seconde place avec 592 000 t, soit 17 % des volumes traités aux installations de Sénalia. « L’Afrique du Nord reste notre destination phare, a souligné gilles Kindelberger. Nous avons aussi réalisé de bonnes opérations sur le Moyen-Orient avec des exportations d’orge sur l’Arabie Saoudite et la Jordanie ». L’hinterland céréalier de Sénalia a peu varié au cours des derniers mois. La Haute-Normandie con serve sa première place avec 1,17 Mt malgré une diminution de 9,4 %. La Picardie comble une partie de son retard et voit son trafic progresser de 37 % à 699 000 t. « Une progression qui s’explique notamment par la progression de la voie d’eau », explique la direction de Sénalia.
Une hausse de six points pour le fluvial
Avec un hinterland qui couvre presque la totalité du nord de la Loire, à l’exception de la Bretagne, et des installations reliées au fleuve, au fer et à la route, Sénalia travaille activement au report modal de ses acheminements. La route représente encore 72 % des entrants sur la campagne 2013-2014. Une part modale qui accuse un retrait de trois points par rapport à la campagne précédente. Au cours des cinq dernières campagnes, le fleuve et le fer ont vu leur courbe se croiser. En 2010, le ferroviaire avoisinait les 15 % de part modale contre 12 % pour la voie d’eau. En 2014, le ferroviaire est tombé à 7 % de part modale alors que le fluvial a atteint 21 %.
La progression du fret fluvial a été spectaculaire au cours de la dernière campagne, passant de 15 % à 21 %, soit un gain de six points. Pour la direction de Sénalia, cette performance du fluvial s’explique par les investissements réalisés sur le site de la presqu’île Élie à Rouen. Depuis 2012, les postes de déchargement fluviaux des silos E1, E2, E3 et E4 ont été rénovés, permettant une meilleure rotation des péniches. Quant à la baisse du ferroviaire, elle tient à l’abandon d’entretien du réseau capillaire qui dessert bon nombre de coopérateurs de Sénalia. En fin d’année 2014, Ecorail a mis en service une navette ferroviaire au départ de Chalons-en-Champagne, de la Brie et de la Seine-et-Marne. Cette navette devrait permettre d’alimenter les silos de Sénalia à raison de 3 500 t par semaine par voie ferroviaire. Cette prestation offre des possibilités de chargement au départ d’une trentaine de silos situés dans les différentes régions.
Le bilan céréalier de Sénalia reste malgré tout positif au cours de la dernière campagne, même si la direction générale assure que ces chiffres auraient pu être meilleurs. La politique de diversification entamée depuis plusieurs années par le groupe porte ses fruits. Désormais, les activités de diversification représentent 50 % du chiffre d’affaires de Sénalia. L’activité de trituration s’est stabilisée sur la dernière campagne avec 2,2 Mt traitées. Le colza et le diester baissent quand les huiles et les tourteaux sont en progression. C’est sur les modes d’acheminement que la différence s’effectue cette année. La voie d’eau a vu son trafic progresser fortement pour dépasser les 30 % en raison de l’approvisionnement par navire de plus de 200 000 t au cours de cette campagne. Au final, si le ferroviaire continue sa descente avec 5 % de part modale tandis que la route entre pour un peu plus de 60 %, la voie d’eau et le maritime sont à plus de 30 %.
L’activité de cacao a légèrement progressé avec un trafic de 106 000 t, soit une hausse de 0,3 %. Le partenariat noué avec Cargill a été reconduit pour les prochains mois. Pour Barry Callebaut, la campagne en léger retrait ne doit pas cacher les bonnes perspectives annoncées par le groupe.
Enfin, du côté du sucre, l’activité du site de Robust est en forte hausse. Il progresse de 18 %. Le chargement de deux navires de type Bibo (bulk in bags out) a consolidé la position maritime du terminal même si la route représente encore 44 % des expéditions. Destinées à l’Algérie pour 29 000 t et à l’Irak pour 20 000 t, les expéditions de sucre se font à hauteur de 44 % sur l’Europe, dont 24 000 t pour la France, 8 000 t chacun pour l’Italie et l’Espagne et 5 000 t pour le Royaume-Uni.
– 7 % sur les six premiers mois
Après avoir fait le bilan de la dernière campagne céréalière, la direction de Sénalia a brossé les premières tendances des six mois de la nouvelle campagne. Le bilan de cette première moitié de campagne reste en demi-teinte. Globalement, Sénalia voit les trafics traités dans ses installations perdre 7 % à 3,25 Mt. S’agissant des céréales, l’activité demeure en net retrait. Avec 1,5 Mt, les céréales sont en baisse de 15 %. Les blés souffrent avec une baisse de 26 % quand les orges fourragères et de brasserie sont en hausse. La trituration et le cacao restent sur une tendance positive avec des hausses entre 3 % et 4 %. Quant au sucre il accuse un repli de 28 % à 41 000 t.
Pour Gilles Kindelberger, la concurrence de la Sica Nord, à Dunkerque, avec une activité de séchage sur les céréales lui a permis de se positionner sur des destinations comme l’Algérie et l’Égypte et prendre des parts de marché au groupe Sénalia. De son côté, le port de La Rochelle a aussi commencé la campagne sur un bon pied. « La qualité hétérogène de notre production, le manque d’affaires vers nos destinations traditionnelles et la concurrence mondiale toujours plus accrue ont pesé sur les premiers mois de notre activité. Rapidement, le conseil d’administration de Sénalia a réagi, non pas en imposant des règles nouvelles, mais en appliquant les préconisations d’un groupe de travail constitué d’experts de la filière. Ils ont réaffirmé l’importance de maintenir des critères de qualité élevés, notamment le temps de chute d’hagberg, et envoyer un message fort à la filière pour valoriser l’image qualitative de nos blés », a analysé Thierry Dupont, président de Sénalia depuis janvier 2014.