Le 25 novembre, les ports intérieurs de Colmar, Kehl, Karlsruhe, Ludwighafen, Mannheim, Strasbourg et le consortium Bâle-Mulhouse-Weil-am-Rhein, ont confirmé leur volonté de s’associer en signant une « Déclaration d’intention portant sur la création d’une structure de coopération commune des ports du Rhin supérieur ». Ce document précise que les négociations à venir ont pour objectif la « création d’un réseau trinational entre les ports du Rhin Supérieur qui servira à la prospection commerciale, à la mise en place d’investissements bénéficiant aux corridors, ainsi qu’à la réalisation de projets communs ». De ce fait, « la coopération devrait contribuer de manière importante à la réalisation des objectifs de l’Union Européenne de réduction de 60 % des émissions de gaz à effet de serre d’ici 2050 à travers un réseau de transport multimodal efficient et un report vers les modes de transport alternatifs que sont le fluvial et le ferroviaire ».
Les négociations qui vont être menées dans les mois à venir ont aussi pour objectif de définir les contours d’un plan d’investissement commun et d’une structure de gouvernance commune. Cette décision d’organiser une coopération est l’aboutissement d’un projet initié en 2012 par ces 9 ports intérieurs du Rhin supérieur pour mener ensemble un travail concerté afin de favoriser leur développement. Ce projet, baptisé « Upper Rhine Ports: a connected corridor », a bénéficié du soutien de la Commission européenne dans le cadre du programme RTE-T (Réseau trans-européen de transport).
Deux ans d’études
Afin de déterminer les contours de leur future coopération, les 9 ports ont conduit plusieurs études depuis 2012. Ces denières ont notamment permis de déterminer que « les flux de la région du Rhin supérieur devraient connaitre une augmentation de 13 % d’ici 2025, passant de près de 496 Mt échangées à plus de 534 Mt ». Cette croissance devrait être portée par « le dynamisme de la filière conteneur » dont le trafic pourrait doubler d’ici 2025. « Les filières industrielles devraient bénéficier d’un essor plus modéré de 1,4 % à 2,8 % par an, mais durable, lié à la solidité des acteurs déjà présents et de nouveaux projets industriels identifiés ». Les pondéreux et les vracs énergétiques présentent « des perspectives plus faibles en raison de l’évolution structurelle de la demande ».
En ce qui concerne la répartition géographique des flux, la région du Rhin Supérieur réalise plus du tiers de ses échanges en intra-régional. « Une part très élevée des flux extra-régionaux est réalisée avec les régions proches de l’Allemagne, de la France ou de la Suisse ». Hors ports du Nord et Allemagne, les flux vers les régions lointaines sont très faibles et très minoritairement massifiés. Les études ont aussi permis de rencontrer des acteurs économiques implantés dans la région du Rhin supérieur pour cerner leurs besoins. Certaines attentes en termes d’offre logistique sont apparues: développement d’un catalogue de services par filière; facilitation des flux transfrontaliers par fer entre la France et l’Allemagne; mise en place de systèmes pour le suivi des barges et de la marchandise; complémentarité des services entre ports en cas d’aléas de navigation ou autre.
Au final, l’ambition de coopération des 9 ports se décline en 3 axes. Le premier est de « développer de manière concertée l’attractivité logistique du territoire du Rhin supérieur en renforçant les synergies et les complémentarités entre les plateformes portuaires » au sein de cette région. Le deuxième axe entend « favoriser la connectivité des 9 ports de et/ou vers les régions d’échanges, notamment les flux avec les grands ports maritimes ». Le troisième enfin, vise à « augmenter les flux de et/ou vers les régions plus lointaines du Rhin supérieur, notamment à l’est et à l’ouest ».
