Démarré en 2012, le projet Netmar s’intègre dans le cadre du Programme opérationnel de coopération transnationale de l’espace atlantique. Doté d’un budget de 2,8 M€, il est piloté par le laboratoire de systèmes et technologies sous-marines de l’université de Porto avec la participation de partenaires portugais, espagnols, anglais, irlandais et français. Son objectif. Le projet consiste à faire la démonstration de l’efficacité de nouveaux systèmes robotisés et capteurs en réseau lors d’accidents maritimes mettant en danger la vie humaine, l’environnement et l’activité économique. Des drones aériens, de surface et sous-marins offrent en effet de nouvelles possibilités pour intervenir dans les environnements pollués et dangereux. Mis en réseau, ces systèmes permettent d’améliorer les moyens de perception et d’intervention appropriée. Ils interviennent à tous les niveaux: identification de l’accident, planification des moyens à mettre en œuvre, protection des populations et/ou zones atteintes, nettoyage des lieux et gestion des conséquences.
Obtenir une remontée optimale des informations
Une première démonstration a été effectuée en Irlande. « Nous avons simulé un accident dans un estuaire avec une transmission en direct des données », explique le professeur Ali Khenchaf, de l’Ensta Bretagne. Une nouvelle simulation a ensuite eu lieu en Galice, à proximité du port de La Corogne, et a donné lieu à de nombreux débats dans l’atelier organisé au cours de la Sea Tech Week. Quel que soit le pays en cause, le plus difficile, c’est d’obtenir une remontée optimale des informations et de gérer la communication. « Chaque fois que nous avons été confrontés à une pollution maritime, nous avons constaté que les différentes administrations ne communiquent pas entre elles. Le ministre va nous appeler pour nous demander quelle information nous pouvons lui donner que les autres n’ont pas. C’est courant en France, mais aussi ailleurs en Europe », déplore le docteur Michel Girin, ancien directeur du Centre de documentation, de recherche et d’expérimentations sur les pollutions accidentelles des eaux (Cedre). D’où la nécessité de rapprocher toutes les parties prenantes pour une prise de décision plus rapide et plus efficace.
Une base de données sur les accidents maritimes
Côté technique, chaque pays impliqué dans le projet Netmar développe son savoir-faire: analyse des polluants, utilisation des drones… L’Ensta Bretagne travaille ainsi sur la télédétection et les nouvelles technologies d’observation et de perception de l’environnement. Elle est coordinatrice de deux work packages au sein du projet Netmar: Système et technologies émergents pour les accidents maritimes et Démonstration dans le cas d’un accident en mer ouverte. Pour ce faire, l’équipe s’appuie sur la base de données du Cedre, la plus importante au monde: 600 accidents maritimes sur toutes les mers du globe y sont répertoriés avec l’ensemble des réponses qui ont été mises en œuvre. Une dernière simulation devrait avoir lieu au printemps 2015. Il s’agira cette fois d’un accident de navire à l’intérieur du port de Porto avec des risques de conséquences élevées pour la bordure côtière et pour ses habitants. Mais si les partenaires du projet Netmar se félicitent des avancées dans la réponse aux accidents maritimes, ils s’inquiètent du désengagement financier des États. « Après une pollution majeure, les portes de l’investissement et de l’innovation s’ouvrent pendant deux ans, souligne le docteur Girin. Puis elles se referment. C’est terrible d’avoir à dire qu’en Bretagne, nous avons eu la chance d’avoir le Prestige peu de temps après l’Erika… »