Adopté le 21 novembre par le conseil de surveillance, le projet stratégique du Grand port maritime de Dunkerque affiche les ambitions de la place pour accroître sa présence dans les grands flux vracs et conteneurs. Il s’étend de 2014 à 2018 et prépare l’avenir du port pour les projets à plus long terme. En 2018, le trafic de Dunkerque pourrait atteindre entre 51,3 Mt et 57,6 Mt.
Le 26 novembre, la direction du Grand port maritime de Dunkerque a présenté les grandes orientations de son projet stratégique. Validé à l’unanimité par le conseil de développement en septembre et par le conseil de surveillance le 21 novembre, le projet stratégique est devenu un exercice majeur dans la vie des ports. Issu de la loi de 2008 portant réforme portuaire, le projet stratégique a pour but de dévoiler les orientations du port en fonction de la politique nationale. « Le contexte dans lequel nous nous plaçons a été mis en place par le gouvernement en juin 2013. La stratégie nationale portuaire doit s’articuler autour de trois axes, a rappelé Stéphane Raison, président du directoire de Dunkerque Port. En premier lieu, les ports doivent se développer sur la logistique. Ils doivent aussi être un lieu d’implantation industrielle et enfin, les ports ont un rôle dans la commercialisation des espaces. »
En cohérence avec cette stratégie nationale, le port septentrional a décliné son projet stratégique autour de quatre orientations principales: Port Nord de France, Port Gateway, Port Durable et Port partenaire.
Port Nord de France s’articule autour de trois ambitions. La première vise à reconquérir les trafics conteneurs du Nord Pas-de-Calais. « Nous avons identifié 770 000 EVP pleins pour le Nord Pas-de-Calais. Nous en traitons 170 000. Nous devons nous donner les moyens de reconquérir cet hinterland », a souligné Stéphane Raison, président du directoire du GPM Dunkerque. L’annonce par Ocean Three (CMA CGM, CSCL et UASC) d’une escale à Dunkerque devrait dynamiser cette filière. Pour favoriser le développement de la conteneurisation, Dunkerque veut mettre en place des outils adaptés: l’informatique portuaire avec le recours à AP +, un nouveau poste d’inspection frontalier et la simplification des procédures fiscales, notamment la TVA à l’import. La seconde ambition vise à développer la logistique sécurisée et à température dirigée. L’aménagement de la zone DLI sud, des Grandes industries et de la zone logistique du port participera à ce développement. Enfin, Dunkerque Port souhaite optimiser les filières de transport massifiées en développant le recours au transport fluvial et par la création d’un opérateur ferroviaire de proximité pour les industriels régionaux.
Faire de Dunkerque un « Port Gateway »
Le second volet de ce projet stratégique vise à faire de Dunkerque un « Port Gateway », à savoir une plate-forme d’éclatement pour les vracs et le transport maritime à courte distance. Les responsables du port septentrional souhaitent développer l’activité des vracs secs. « Nous disposons avec le QPO (quai à pondéreux Ouest) d’un tirant d’eau de 18,50 m. Nous réfléchissons pour faire de ce terminal un hub pour les minerais tant pour Arcelor que d’autres clients », continue Stéphane Raison. Un hub pour les vracs mais aussi pour les produits sous température dirigée. Déjà opérationnel entre l’Europe du Sud et le Maroc vers la Russie, Dunkerque veut jouer la carte de cette spécialité. De plus, avec l’ouverture prévue fin 2015 du futur terminal méthanier sur le site du Clipon, « Dunkerque peut devenir un point d’avitaillement maritime et routier en GNL ». Enfin, dans le cadre de ce volet de Port Gateway, Dunkerque veut consolider ses liens avec les plates-formes intérieures. « Nous disposons de liens étroits avec Lille et Dourges, même si le trafic avec Lille s’est tassé ces derniers mois. Nous travaillons avec des acteurs portuaires régionaux comme Louvière. »
Pour atteindre ces objectifs, Dunkerque Port prévoit de réaliser des adaptations techniques sur le port Ouest. Ainsi, le projet d’allongement et d’approfondissement du terminal à conteneurs, appelé Baltique-Pacifique, devrait faire l’objet d’un débat public. « Nous avons pris du retard. Nous pensions lancer ce débat en 2014 mais nous avons été mobilisés autour de notre projet stratégique. La préparation de cette opération demande la réalisation d’études poussées. Le débat devrait démarrer en 2015 », assure Stéphane Raison. Quant au QPO, l’ensemble des travaux d’agrandissement et d’approfondissement seront réalisés à la fin de ce projet.
Pénultième volet de ce projet stratégique, faire de Dunkerque un port durable et responsable. « Dunkerque est un port industriel et bientôt énergétique avec l’ouverture du terminal méthanier. Nous devons développer cet aspect industriel et travailler à la recherche d’activités complémentaires sur l’économie circulaire. » Pour ce faire, Dunkerque Port imagine déjà la revitalisation du site de la Raffinerie des Flandres de Total, la préparation de zones d’accueil pour de nouvelles activités industrielles et logistiques pour des produits de recyclage et de développement durable. Parmi les investissements interviendront plusieurs dossiers et notamment l’accompagnement de la mise en œuvre des PPRT (plan de prévention des risques technologiques).
Dernier point de cette nouvelle identité du port de Dunkerque, la mobilisation des acteurs économiques et institutionnels pour améliorer et développer les espaces naturels. « Nous ne pouvons travailler seuls. Il faut que nous nous associions avec tous les acteurs locaux », continue le président du directoire.
Mobiliser les fonds
Une fois ces ambitions posées, Dunkerque doit mobiliser les fonds. Au total, ce seront 242 M€ d’investissements au cours de cette période dont 160 M€ pour les nouvelles opérations, 66 M€ pour le maintien en l’état du patrimoine et 15 M€ d’opérations ferroviaires. Les investissements majeurs vont se concentrer sur la fin des travaux du terminal méthanier, l’amélioration des accès et la fluidification du terminal à conteneurs, la création d’un site pour les mâts d’éoliennes et les travaux de fin du cercle d’évitage pour accueillir des navires de 180 00 EVP, l’extension du quai des Flandres et la précommercialisation de la zone de DLI Sud. Ces travaux se réaliseront pour une grande partie en 2016-2017. En 2015, outre le terminal méthanier, le port travaillera à fluidifier les accès du terminal ferry.
Des investissements qui se concrétiseront par un gain de trafic. En 2014, le trafic du port devrait s’élever à 46 Mt. Pour son développement, le port a prévu deux hypothèses. La première, l’hypothèse prudente, prévoit d’atteindre un trafic de 51,3 Mt en 2018. Elle est bâtie sur une croissance du gaz moins forte et une activité des vracs qui se stabilise. L’hypothèse de base intègre un gain de 105 000 EVP au trafic actuel et un trafic de gaz de moitié de ce qui est prévu dans le cadre du projet initial. Le trafic de Dunkerque Port devrait atteindre 57,8 Mt en 2018.