« La France doit être un acteur dans le Pacifique, zone géographique désormais stratégique. Elle peut aujourd’hui y prendre toute sa place après les désaccords avec les pays voisins sur le nucléaire qui relèvent du passé », a déclaré Claude Bartolone, président de l’Assemblée nationale, en ouverture de la conférence sur « les enjeux économiques et stratégiques de l’outre-mer français du Pacifique », le 5 novembre. Pour relever ce défi, les trois collectivités d’outre-mer (COM) situées dans le Pacifique, Nouvelle-Calédonie, Wallis et Futuna et Polynésie française possèdent des atouts industriels et entrepreneuriaux qui demeurent toutefois méconnus en métropole. C’est la raison pour laquelle l’association des CCI des outre-mer (CCIOM) et la fédération des entreprises d’outre-mer (Fedom) ont organisé cette réunion afin de mettre en avant les potentiels de ces trois territoires « clairement liés à la mer, précise le document diffusé à l’occasion de la conférence. Les richesses issues du milieu marin dépassent celles que l’on trouve sur terre », même avec la présence de nickel en Nouvelle-Calédonie. Les trois COM du Pacifique représentent 62 % de la zone économique exclusive (ZEE) totale de la France avec près de 7 Mkm2. Ces étendues marines constituent une richesse en matière de ressources minérales profondes, de terres rares et de gisements d’hydrocarbures fossiles. La ZEE française dans le Pacifique, compte tenu de sa géodiversité, contiendrait des gisements potentiels significatifs sous forme de champs de nodules polymétalliques, d’encroûtements cobaltifères et de dépôts sulfurés des sources hydrothermales. Concernant la ZEE des trois COM du Pacifique, la France a déposé des dossiers ou des éléments préliminaires auprès de l’ONU pour lesquels les résultats ne seront pas connus avant six à huit ans, voire plus. Ces gisements potentiels constituent des sources de développements pour l’avenir, notamment avec des métaux qui interviennent dans des domaines économiques variés comme la téléphonie, la médecine, la défense, l’informatique, etc. Pour anticiper ces développements économiques futurs et conforter les projets actuels, encore faut-il que ces trois COM bénéficient de la part de l’État d’un accompagnement et des aides au développement indispensables afin d’en faire les têtes de pont de la nation dans cette vaste zone géographique. Celle-ci devenant de plus en plus « le centre du monde » avec une présence de la Chine de plus en plus forte s’ajoutant aux autres pays de la région, États-Unis, Australie, Japon, Nouvelle Zélande, Indonésie, Papouasie-Nouvelle Guinée, Tonga. Les aides de la métropole aux trois COM, notamment la défiscalisation, servent à dépasser les contraintes structurelles de ces territoires, situés géographiquement non seulement très loin de la France mais aussi des contrées de la région.
Deux Clusters maritimes créés récemment
Du côté de l’économie maritime, la Polynésie française s’est dotée d’un Cluster en juin 2014 et la Nouvelle-Calédonie en août. Lionel Loubersac, fondateur du Cluster maritime de Nouvelle-Calédonie, explique que le premier objectif va être de « mettre en place un observatoire économique de la mer » afin de réaliser un état des lieux et de bâtir une base de données sur les trafics, les ressources, les besoins, etc. Un autre axe de travail du Cluster maritime de Nouvelle-Calédonie va porter sur la formation des gens de mer aussi bien dans son aspect équipage de marins que personnels dédiés à l’exploitation des ressources marines. Une démarche similaire sur ce sujet de la formation est aussi prévue par le Cluster maritime de Polynésie française. Plus globalement, l’économie maritime des trois COM du Pacifique peut s’inscrire dans la politique européenne dite Croissance bleue listant « des priorités relatives aux facteurs de croissance liés aux océans et aux mers ». La Nouvelle-Calédonie, Wallis et Futuna et la Polynésie française sont concernés notamment par le trafic maritime et portuaire, la croisière, le pétrole et le gaz, le tourisme, la production aquatique marine, la protection des littoraux, la surveillance des espaces, les énergies marines renouvelables.