La conteneurisation est le miroir de la consommation de biens manufacturés en Europe. Les chiffres de CTS indiquent pour les sept premiers mois de l’année une forte croissance des boîtes venues d’Extrême-Orient (7,7 %). À l’inverse, les exportations européennes vers cette région progressent faiblement. C’est du côté nord-américain que les transporteurs trouvent le plus de satisfaction.
L’analyste Global Port Tracker annonce une activité du range Nord en progrès de 5,7 % à la fin de l’année. Port par port, au premier semestre, on remarque en Allemagne la poursuite des tendances de 2013, augmentation à Hambourg (6,6 %), recul à Bremerhaven (2,3 %). Au Benelux, après avoir perdu de l’activité l’an dernier, Rotterdam (0,6 %) et Anvers (2,7 %) progressent à nouveau, mais sans éclat. Zeebrugge affiche un correct 3,7 % alors que Le Havre est à un niveau stable.
Sines devrait dépasser le million d’EVP
En Méditerranée, Marseille, Gênes et Barcelone partagent tous une croissance de 7 % qui symbolise sans doute une reprise de la consommation sud-européenne. Du côté des hubs, Valence régresse (− 2,8 %) à cause d’une forte chute des flux d’hinterland (− 12,5 %), alors qu’Algésiras profite à fond du transbordement (12,7 %). Dans la région, Tanger Med (24 %) est débarrassé des conflits sociaux alors que MSC pousse Sines au plus haut (41 %). Le port portugais devrait dépasser cette année le million d’EVP.
Les flux rouliers européens, notamment vers la Grande-Bretagne, satisfont la plupart des ports concernés. La reprise économique britannique se constate à Dunkerque, Calais, Zeebrugge et Rotterdam. L’autre segment du roulier est aussi en bonne forme avec les performances des deux leaders, Bremerhaven (8,4 %) et Zeebrugge (12,7 %). En Espagne, les flux automobiles progressent à Barcelone et Valence.
La sidérurgie retrouve des couleurs
Pour les grands pondéreux, le pétrole ne peut satisfaire les autorités portuaires à l’exemple de certaines qui payent cher la fermeture des usines, comme Venise (− 40 %), ou des contractions industrielles fortes comme Marseille (− 23 %). Ailleurs, les mouvements sont parfois positifs comme à Rotterdam, Gênes, Carthagène ou Tarragone. Les raffinés sont en revanche généralement en baisse sauf à Marseille où ils semblent compenser la production locale (+ 24 %) et à Anvers (+ 7 %) qui possède toujours quatre raffineries avec la reprise de Petropolus par Gunvor.
De son côté, un peu partout, le gaz doit attendre des temps meilleurs sauf à Rotterdam qui engendre les trafics de son premier terminal. En France, le GNL a reculé de 30 % à Marseille, et Nantes Saint-Nazaire tire profit des activités de transbordement entre méthaniers.
La sidérurgie européenne est aussi malmenée par la crise, mais retrouve des couleurs en 2014. Les entrées de minerai de fer sont en croissance faible à Rotterdam (1,3 %), les flux sont très bons dans les ports français des aciéries d’Arcelor (Dunkerque 20 %, Marseille 53 %). La croissance est aussi présente à Amsterdam, Gand et Gijón.
Après une formidable poussée en 2012, le charbon avait ralenti sa croissance en 2013. L’hiver doux en Europe de l’Ouest porte un coup d’arrêt à la hausse de cette filière. Si Rotterdam et Amsterdam profitent de la demande électrique et sidérurgique allemande, ailleurs, les reculs sont très importants: − 27 % à Dunkerque, − 38 % à Nantes Saint-Nazaire, − 30 % à Anvers, − 60 % au Havre.
Dans un autre segment, les vracs agricoles progressent dans la plupart des ports mais la performance du premier port européen, Rouen, est très modeste (+ 2,4 %). Néanmoins, les exportations de la campagne 2013-2014 ont été bonnes.