La Colombie a affiché une croissance de 4,3 % l’an dernier et devrait atteindre sans problème les 4,5 % cette année. Deux raisons à cela: d’une part, un processus de paix qui a éloigné les conflits de trente ans avec les révolutionnaires des Farc, les narcotrafiquants et les paramilitaires. D’autre part, la production pétrolière, la troisième la plus importante d’Amérique du Sud.
Cet apaisement s’est traduit dans l’économie. La Colombie est à nouveau un pays où il fait bon investir et avec lequel le commerce est redevenu possible. Côté ports, c’est l’ébullition. Sur la côte Caraïbe, trois nouveaux ports viennent de s’achever ou se termineront dans les prochains mois, un quatrième est en projet. Sur la côte Pacifique, les chantiers sont aussi à l’ordre du jour: nouveaux terminaux, nouveaux quais, approfondissement des accès.
Au total, ce sont plus de 800 M€ que l’État colombien a investi ces dernières années dans l’activité portuaire: 500 M€ dans les 20 terminaux déjà en activité, 300 M€ dans la construction des trois nouveaux ports. Ces financements publics ont été abondés par ceux du secteur privé. Le but de ces grandes opérations est bien évidemment de répondre aux besoins du pays en matière d’importations et d’exportations, notamment de son charbon et de ses hydrocarbures. Mais ce n’est pas tout. La proximité du pays avec le canal de Panama a ouvert de nouvelles possibilités et la Colombie compte bien devenir un hub recevant les produits d’Amérique du Nord et d’Europe pour desservir le Venezuela voisin, les îles des Caraïbes et l’Amérique centrale qui ne disposent pas d’équipements aussi modernes.
Un grand port tous les 100 km
Ainsi, Carthagène, spécialisée notamment dans les conteneurs, a rénové son terminal pour pouvoir traiter 3 à 5 millions de conteneurs par an. Et le président colombien Juan Manuel Santos vient d’annoncer le 17 septembre que le chenal du port sera creusé de façon à pouvoir recevoir les navires post-Panamax. L’objectif pour Carthagène est maintenant de devenir le « principal centre de connexion du continent ».
Quelques kilomètres au sud, le chantier d’un nouveau port, Puerto Bahia, sur la baie de Carthagène et jumelé à elle, est en voie d’achèvement. Les investissements portent ici sur 400 M€. Le port devrait entrer en service à la fin de cette année. Puerto Bahia sera spécialisé dans les hydrocarbures, avec un quai dédié de 700 m de long, et devrait recevoir 330 000 barils de pétrole brut par jour, le tiers de la production du pays. Un second quai de 300 m permettra de traiter aussi les vracs et les conteneurs.
À 100 km au nord-est, Barranquilla a des ambitions similaires. Le port vient d’aménager un nouveau terminal conteneur pour 60 M€ d’une capacité annuelle de 116 000 EVP. Il a aussi fait draguer et approfondir ses accès. Ces aménagements ont motivé l’arrivée sur la place de la compagnie Hamburg Süd. Encore 100 km à l’est et on tombe sur Puerto Nuevo, à proximité de la ville de Cienaga. Comme son nom l’indique, il a été créé de toutes pièces par la société Prodeco, elle-même filiale de la multinationale suisse Glencore Xstrata, parmi les plus importantes au monde en matière d’extraction minière. Achevé l’an dernier avec un investissement de près de 430 M€, Puerto Nuevo est spécialisé dans le charbon, qu’il exporte à raison de 21 Mt par an.