Le Mexique a décidé de devenir une véritable puissance portuaire. L’objectif est de doubler le trafic d’ici 2018. Et de servir de base arrière pour les déchargements à destination des États-Unis.
Une somme d’1,3 Md€, c’est ce qui a été investi dans les ports mexicains au cours des deux dernières années par le gouvernement d’Enrique Nieto Peña. Soit 42 % de plus qu’au cours des deux années précédentes. Les principaux ports concernés par cet énorme effort de modernisation sont ceux de Veracruz, Altamira et Tuxpan sur le golfe du Mexique, Manzanillo et Lazaro Cardenas sur l’océan Pacifique. Mais sur toutes les côtes mexicaines, des extensions ou nouveaux aménagements sont en projets. Le Programme national d’infrastructure prévoit 28 projets stratégiques et des investissements pour près de 4,5 Md€.
L’objectif est de doubler le trafic portuaire du pays d’ici 2018, comme l’a annoncé le mois dernier le ministère des communications et transports, pour le faire passer de 280 Mt à plus de 500 Mt par an. Ceci pour accompagner la croissance de l’économie mexicaine, qui devrait passer de 1,1 % l’an dernier à 5 % à 6 % à moyen terme. « Les ports verraient alors croître leurs trafics à un rythme proche de 10 % par an », indique Emiliano Zepeda Strozzi, au ministère des Communications et Transports.
Entre Panama et États-Unis
L’agrandissement du canal de Panama va encore accentuer cette progression. Dans le golfe du Mexique, les ports de Veracruz et Altamira se sont déjà préparés à l’accroissement de la taille des navires qui vont arriver après la réouverture du canal et ont creusé les accès portuaires pour augmenter le tirant d’eau.
Veracruz est d’ailleurs le port qui recevra proportionnellement la plus grosse part des investissements. « Le plus grand projet portuaire des dernières décennies » va recevoir 3,5 Md€ de subsides, dont le tiers sera apporté par l’État mexicain. L’extension se fera au nord du port actuel et permettra de tripler son trafic et atteindre à terme un total de 89 Mt.
Un premier chantier a débuté en août avec la construction d’une nouvelle digue de protection de 4,8 km de long, pour un coût de 57 M€. Il doit s’achever en janvier 2017. Les premiers navires sont attendus au premier trimestre 2018 sur ce nouveau site portuaire. « Ce nouveau port est d’abord projeté pour répondre aux besoins de l’économie mexicaine, indique Emiliano Zepeda Strozzi, mais aussi pour absorber les activités de transbordement de conteneurs qui, pour des raisons de saturation, ne peuvent être réalisées dans les ports de Panama et des États-Unis ».
« Succursale de la Chine »
À Manzanillo, Ictsi (International Container Terminal Services) a déjà investi 175 M€ dans l’agrandissement d’un second terminal conteneurs, consolidant ainsi sa position de hub pour toute l’Amérique centrale et du Sud. Une fois terminé, sa capacité sera de 2 MEVP.
D’autres ports mexicains sont également en chantier, voire à l’étude quand il s’agit de création. Ainsi, le port de Guaymas a lancé une extension de sa surface terrestre. L’État de Nayarit, sur le Pacifique, doit quant à lui être créé de toutes pièces. Les investissements sont chinois et le chantier doit débuter en novembre pour se terminer dans trois ans. Sans aucun complexe, le gouverneur de Nayarit a présenté le projet en expliquant que son État « sera une succursale de la Chine ». Le projet prévoit aussi l’aménagement de routes et de lignes de chemin de fer pour acheminer les conteneurs réceptionnés vers les États-Unis.