Le calendrier avance et la mise en service au cours du premier semestre 2015 de Sealink devrait être tenue, assure Ousmanou Ngam, le p.-d.g. de Transimex et un des fondateurs de ce projet d’armement, avec la Nigeria Export Import Bank (Nexim) et la Fédération des chambres de commerce et d’industrie de l’Afrique de l’Ouest. Tout est parti d’une rencontre entre les trois fondateurs qui ont dressé le constat que la route et l’aérien ne suffisent pas au commerce intra-africain. « Le manque d’infrastructures de transport entre les économies d’Afrique de l’Ouest et du centre reste l’une des barrières à la libre circulation des personnes et des marchandises », explique le document de présentation du projet. La route soufre de nombreuses barrières et le transport aérien en intra-Afrique est encore onéreux, continue le p.-d.g. de Transimex. « Il existe un moyen alternatif que nous avons identifié rapidement: le transport maritime. Certes, des services existent aujourd’hui par les grands armateurs mondiaux comme Mærsk, MSC ou Delmas mais ils ne sont pas toujours directs. Nous voulons créer une compagnie qui relie directement les marchés d’Afrique de l’Ouest entre eux, d’Afrique du centre entre eux et entre les deux sous-régions », détaille Ousmanou Ngam. Tout le projet est basé sur le concept du « cost effective », continue le p.-d.g. de Transimex. C’est sur la base d’une étude commandée à AIMS (Africa Investors Management Services Limited) en 2011 que le projet de Sealink a pris forme. Elle prévoit une croissance importante des échanges commerciaux tant en interne dans les sous-régions et entre ces sous-régions. Les coûts logistiques et du transport maritime sont parmi les plus chers du monde, confirme l’étude, en raison des transbordements parfois sur d’autres continents de marchandises échangées entre pays d’une sous-région ou d’une région à l’autre. Dans son étude de 2012 Capital Research, la FNB (Federal national Bank of Nigeria) estime qu’en 2011 les échanges à l’intérieur de l’Europe entrent pour 72 % quand ils ne sont que 11 % en Afrique.
Offrir trois rotations
En mettant en place un outil maritime, les trois partenaires privés de Sealink ont reçu l’appui des gouvernements nationaux. « Ce projet conserve son caractère privé, mais les autorités portuaires nationales et les gouvernements apportent tout le soutien à la création de cette compagnie maritime. Il participe à la lutte contre la vie chère en Afrique. »
L’objectif de Sealink est d’offrir trois rotations. Trois navires seront affrétés dans un premier temps avec la possibilité d’en ajouter un quatrième plus tard. Des navires dont le tonnage devrait être d’environ 10 000 tpl mais sans que le pavillon ne soit encore défini. La première rotation partira de Dakar pour rejoindre Banjul, Bissau, Conakry, Freetown et retour par Conakry, Bissau et Banjul. La seconde reliera Calabar, Douala, Libreville, Douala, Calabar et Cotonou. Ces deux premières liaisons seront assurées sur une fréquence mensuelle avec des navires pouvant emporter tous types de marchandises et des passagers. « Des commerçants préfèrent suivre leur marchandise », explique le p.-d.g. de Transimex. Enfin, le troisième itinéraire partira de Dakar pour rejoindre Conakry, Monrovia, Abidjan, Téma, Lomé, Lagos, Douala, Libreville et retour par les mêmes ports. Ces esquisses d’itinéraires devant être confirmés avec la demande, ont pour objectif de relier des marchés ouest-africains de différentes tailles.
Problèmes douaniers
Sealink devra maintenant se confronter aux problèmes douaniers, parfois administrativement lourds dans certains pays africains. « Il existe des accords transnationaux en Afrique de l’Ouest et du centre dont nous bénéficierons. Nous allons aussi voir avec les ports pour être efficace dans nos escales. » Et face aux détracteurs de ce projet en raison des échecs des précédentes compagnies maritimes après la décolonisation, les fondateurs du projet répondent qu’ils ont su tirer les leçons de ces tentatives malheureuses.
Le projet privé regroupe un établissement bancaire, un transitaire présent sur toute la côte ouest-africaine, mais aussi d’autres partenaires comme les conseils des chargeurs, l’Omaoc, la BOAD (Banque ouest-africaine de développement) et d’autres. Projet panafricain, les fondateurs n’excluent pas d’ouvrir leurs portes aux étrangers. « Lors des forums d’investisseurs, nous invitons les représentants africains de sociétés européennes ou asiatiques. Nous réservons une quotité pour ces investisseurs », confie Ousmanou Ngam sans pour autant donner le pourcentage. Seul critère pour entrer au capital de cet armement, vouloir défendre le commerce intra-africain et l’économie africaine. De plus, les fondateurs du projet souhaitent intégrer les transporteurs routiers.
Un système que l’Europe a développé en intégrant dans les bureaux de promotion du short sea armateurs, chargeurs, transitaires et autorités portuaires. Les lignes de cabotage intra-européen sont soutenues partiellement par des subventions de démarrage. En Afrique, le business plan des initiateurs du projet table sur une rentabilité dès trois ans avec une mise de fonds de 100 M$. L’armement devrait dégager des fonds propres dès la neuvième année.