Le 19 juin, le Comité des armateurs fluviaux (CAF) a tenu son assemblée générale annuelle à Paris. Dans son discours de clôture, Didier Léandri, président du CAF, a déclaré: « En apparence, tout va bien pour le secteur. L’année 2013 a connu une progression de l’activité marchandises de 1 % en t/km. » Cette croissance « très modeste » a révélé toutefois « des failles » qui se confirment sur les premiers mois de 2014. La situation apparaît particulièrement difficile pour le transport fluvial de conteneurs. « Filière porteuse, soutien de notre croissance depuis près de 10 ans, le conteneur vacille avec une baisse de 10 % sur la Seine en 2013 et la tendance se poursuit en 2014 », a précisé Didier Léandri. Pour ce dernier, « la filière conteneurs est aujourd’hui face à un mur, celui de l’économie ». Elle est « prise en étau entre des coûts de manutention en hausse exagérée, des coupes sombres dans les aides, des trafics imports en régression et une concurrence routière que le report de l’écotaxe n’a fait qu’amplifier ».
Les ports maritimes sont concernés
À cette situation préoccupante en termes de trafics s’ajoute « la remise en cause dans son principe et dans ses montants du dispositif d’aide aux services réguliers de transport combiné », a continué le président du CAF. Le montant de l’aide versée au titre des trafics 2013 pourrait être réduit rétroactivement de 30 % à 40 %. Cette « aide à la pince » représente jusqu’à 10 % des recettes des opérateurs fluviaux. « Les premières victimes d’une telle diminution seront les entreprises de transport fluvial qui vont stopper leur activité ou supprimer des services », a alerté Didier Léandri. Et les conséquences pourraient aller bien au-delà du secteur fluvial, estime le CAF. Les ports maritimes français pourraient perdre de la compétitivité étant donné que près de la moitié des trafics fluviaux a pour origine ou destination un port maritime. Il pourrait y avoir une désertion des ports intérieurs ou encore une destruction de valeur sur les axes de navigation, en particulier la Seine. Si le transport fluvial de conteneurs connaît actuellement « un coup d’arrêt », une inversion de tendance est encore possible, assurent les opérateurs fluviaux. Pour cela, il revient à l’État et au gouvernement de s’impliquer nettement afin de faire de 2014 l’année du transport fluvial, de passer « du temps de l’impulsion au temps des réalisations ». Sachant que pour le CAF, l’engagement du gouvernement aux côtés des acteurs économiques de la filière fluviale française doit comporter trois objectifs. Le premier d’entre eux est de « restaurer la compétitivité du mode fluvial à court et moyen terme », le deuxième « d’asseoir durablement son développement », le dernier de « fixer et faire appliquer des règles du jeu équitables et connues de tous ». Une manière pour le gouvernement de signifier qu’il a compris les difficultés économiques et la perte de compétitivité des entreprises de transport fluvial serait d’organiser une conférence de relance du fret fluvial sur le modèle de celle organisée dans le domaine ferroviaire, a conclu Didier Léandri. Le président du CAF a été entendu sur cette revendication. Une telle conférence devrait avoir lieu à partir de la rentrée tandis que des tables rondes dédiées au redressement du transport fluvial de conteneurs sont prévues d’ici la fin du mois de juin par bassin de navigation, en commençant par la Seine et Rhône-Saône.